samedi 22 novembre 2025

COMMENT J'AI RÉUSSI À ME FAIRE PUBLIER ?

On me demande souvent comment j'ai réussi à trouver un éditeur (je me demande d'ailleurs comment je dois le prendre...). 
Je ne l'explique pas vraiment. 
J'ai surtout eu de la chance. Beaucoup de chance. 
Il se trouve que quelqu'un (Laurent Caudine) venait de créer (le 26 juin 2006) une maison d'édition associative en Soule. Mon premier texte (Mauvais berger !), publié à l'origine sous la forme de trois billets sur mon ancien blog, a plu à cette personne, qui m'a alors proposé de l'éditer, et voilà. C'était la troisième sortie des éditions Astobelarra - Le Grand Chardon, au printemps 2008. Aujourd’hui encore, cet ouvrage est celui que nous avons le plus vendu. Mais on peut dire qu'à la base, je n'avais jamais eu l'intention ni même la simple idée de publier quoi que ce soit ! J'ai "le cul bordé de nouilles", comme on dit ! Ou alors, pour rester plus positif, "j'ai su saisir les opportunités au vol".
Pour résumer, si je n'avais pas quitté ma Charente natale pour atterrir en Soule, tout ceci n'aurait sans doute jamais vu le jour. 

Ensuite, après ce succès (relatif), je me suis dit que si j'avais été capable d'écrire ce premier livre, une tranche de vie illustrée, je pouvais sûrement écrire un vrai roman, avec une vraie intrigue de taré. Et c'est ainsi qu'en décembre de la même année, j'ai fait un de ces rêves vivaces dont je suis coutumier et qu'est née la trame de ce qui allait être ma trilogie fantastique, intitulée "L'infection". Le premier volume était prêt à l'hiver 2011. La collection Mozaïk (qui accueille romans, novellas et nouvelles d'auteurs contemporains depuis mars 2012) n'existait pas encore. Laurent m'a alors encouragé à chercher un autre éditeur, susceptible de publier mon roman fantastique.

J'ai donc envoyé par la poste une trentaine de manuscrits à autant de maisons d'éditions, qui toutes m'ont soit ignoré, soit répondu par la négative. Une seule m’a renvoyé un mail enthousiaste. Une boite québécoise qui n’existe plus aujourd’hui, a priori. Mais, car il y a un mais, l’éditeur en question souhaitait que je réécrive le livre car – je cite : « beaucoup de choses ne sont pas compatibles avec la langue québécoise ». Il est vrai que ce premier tome comporte beaucoup d’anglicismes ou de termes d’argot strictement franco-français, qui peuvent gêner la lecture des canadiens qui souhaitent voir arriver le Québec libre. J’ai refusé et bien m’en a pris.

C’est ainsi que, devenu président de l’association (entre 2010 et 2014), j’ai peu à peu poussé pour la création de la collection Mozaïk, née avec la sortie de Doux comme un mouton, le recueil de nouvelles de Pierre Gastéréguy. Collection que nous avons ensuite eu de cesse de développer (peut-être au dépend des autres), recrutant année après année de nouveaux auteurs talentueux, parmi lesquels on retrouve notamment Caroline Herrera, Thomas Ponté, Constance Dufort, puis Martin Koppe et tant d’autres. Aujourd’hui, notre maison d’édition approche des vingt ans et tient toujours le rythme de trois à quatre publications annuelles, malgré les péripéties auxquelles toutes les associations sont un jour confrontées et malgré le marché du livre en berne ces dernières années.

Depuis les années Covid, le marché est noyé de productions diverses et variées, pas toutes de qualité, loin s’en faut. Les grosses maisons d’édition qui ont pignon sur rue sont rachetées par des groupes industriels avec des arrières pensées politiques ; les Marketplaces du genre Amazon foisonnent ; les éditeurs à compte d’auteur peu scrupuleux pullulent et même des auteurs reconnus – nationalement parlant – ont monté des « académies », voulant faire croire à monsieur et madame tout le monde qu’écrire des romans est à la portée de tous.
De là à affirmer que le marché est en train de se tirer une balle dans le pied, il n’y a qu’un pas que je vais franchir allègrement, puisque c’est le fond de ma pensée et que je suis ici chez moi !

Alors c’est vrai, on n’a pas toujours tout bien fait, nous non plus. Mais si je me retourne, je peux quand même regarder la majorité de ce que nous avons accompli avec une certaine fierté. D’autant que TOUS mes livres (passés par la moulinette du comité de lecture exigeant que nous avons constitué) ont été publiés chez Astobelarra. J’espère juste que les prochains le seront également, car je ne jouis pas d'une immunité diplomatique, du fait de mes fonctions de secrétaire. Mes textes aussi peuvent tomber sous le coup d'un véto.
Cela dit, j’ai depuis longtemps arrêté de perdre du temps à chercher un autre éditeur. Je ne suis pas dans le besoin et je n’éprouve pas la nécessité absolue de briller dans tout le pays ou les salons parisiens. Le succès relatif (je sais, je radote) que je rencontre localement me suffit. Mon seul objectif, c’est de sortir ce qui me trotte dans la tête et le mettre dans la vôtre, tout en vous divertissant. Et tant mieux si c’est mission accomplie !