lundi 8 septembre 2014

Le supplice de la douche... ("Mauvais berger !" V2)

Une chose à propos de la cabane de Fricoulet, que je n'avais pas prévue (mais qui ne me fait pas particulièrement peur à la base puisque, grand amateur de randonnées en montagne, j'ai déjà été confronté à plusieurs reprises à un confort sommaire ainsi qu'à un certain niveau de promiscuité), c'est la difficulté à garder un minimum d'hygiène personnelle en estives. Il faut être conscient qu'on parle-là d'un séjour de trois mois, pas d'une misérable rando en autonomie de cinq jours ! Mais cela fait partie du charme de l'aventure...

En effet, il n'y a pas de salle de bains là haut. Quant à imaginer se baigner dans le ruisseau à peine plus chaud qu'un névé : il n'y a pas encore marqué « danois masochiste » sur mon front ! 
A l'arrière de la bicoque, il y a tout juste un minuscule réduit bétonné, poussiéreux et rempli de grosses araignées poilues contenant simplement de vieilles toilettes « à la turque » crasseuses, sur lesquelles est disposé un caillebotis amovible branlant – dont je suis certain qu'il ne supporterait pas une charge de plus de 115 kilos – servant de bac de douche. Ceci faisant que, en bon petit citadin maniaque et propret, j'ai toujours peur que des éclaboussures intempestives provenant du trou à merde et contenant des miasmes putrides et mortifères finissent par coller avec bonheur à la plante de mes pieds et jusqu'à mes chevilles avant de se transmettre (et se multiplier – très logiquement) dans mes chaussettes bien chaudes et humides de travailleur, puis, bien évidemment, au fond de mon sac de couchage...

Le mobilier de la pièce se résume à un tabouret de bois à trois pattes (donc bancal) pour éventuellement poser la trousse de toilettes et la serviette, ainsi qu'à un clou rouillé dans le mur faisant office de porte-manteau. 
L'unique accès, une lourde porte en métal, donne directement dans le parc crotté où sont consignés les cochons ; ce qui fait que lorsqu'on sort de la douche, il vaut mieux avoir ses bottes en caoutchouc à disposition (qu'on aura pris soin de rendre inaccessibles aux porcs, qui, comme vous le savez, mangent tout ce qui passe à leur portée). En outre, vouloir aller se laver en tongs serait suicidaire : l'immonde bouillasse puante et les brassées d'orties qui – à l'instar des douves de la citadelle de Navarrenx – entourent les lieux d'aisance rendent l'entreprise assez périlleuse et salissante... 
Au moins l'eau, est-elle chaude (merci Butagaz) ! Mais vous l'aurez compris : se laver (et surtout rester propre) dans ces conditions relève de l'exploit et nécessite une profonde volonté ! 
Volonté qui, au fil des jours qui passent, de la puanteur et de la fatigue qui s'installent, s'émousse sérieusement...

(Bonus inédit de "Mauvais berger !" version 2014.)