jeudi 26 janvier 2012

“Les mauvais bergers” et “Mauvais berger!”, même combat!

Octave Mirbeau
Je vous parlais il y a quelques temps de mes Google Alerts sur les termes “mauvais berger”,  dont les résultats s’avèrent parfois assez instructifs. Je vous racontais qu’il existait une pièce de théâtre d’Octave Mirbeau intitulée Les mauvais bergers. Ce matin, j’ai eu le plaisir trouver cette nouvelle alerte pointant sur la page Wikipedia de “Jean Roule”, personnage principal de cette pièce.

Je vais vous laisser le soin de lire ce texte (qui m’a donné envie de me procurer le livre de la pièce) et faire le parallèle avec mon histoire de berger.
Mais j’aime bien le principe de ce récit de révolte ouvrière de la fin du XIXeme qui tourne mal. On est, dans ce texte fictionnel, bien plus proche de la vraie vie que dans ce que montrent presque tous les films hollywoodiens, friands de happy endings sirupeux, où les “bons” gagnent toujours à la fin.

Ici, le mauvais berger, c’est le patron, qui, sans scrupule et empli de morgue, use ses ouvriers jusqu’à la corde et n’hésite pas à les affamer, puis à employer la force publique pour les remettre en esclavage. Ce sont aussi les politiciens (socialistes) qui tentent de se saisir du cas des salariés à des fins électorales. C’est encore Jean Roule, le meneur de la révolte, qui, trop entier, trop aigri, refuse les mains tendues et conduit ses collègues (et lui même) à la mort.

Si le texte initial date d’à peine un siècle après la révolution, il est toujours d’actualité aujourd’hui, en témoignent ces quelques extraits de l’acte II, paroles prononcées par Capron et Duhormel (deux infâmes individus bien loin de la caricature), qui auraient pu l’être par… eh bien, certains admirables notables qui nous gouvernent, mais aussi par un paquet de petits chefs lobotomisés et aux ordres d’une société qui n’a jamais vraiment su évoluer sur le fond, depuis les débuts de l’humanité : “Dans une société démocratique bien construite, il faut des riches et des pauvres“,  “Il faut des pauvres pour faire davantage sentir aux riches le prix de leurs richesses… et des riches pour donner aux pauvres l’exemple de toutes vertus sociales!“, et celle-ci que j’ai encore entendu il y a peu, tournée autrement mais avec le même sens : “Le prolétaire est un animal inéducable, inorganisable. On ne le maintient qu’à la condition de lui faire sentir, durement, le mors à la bouche et le fouet aux reins! (…) Il n’y a pas d’autre moyens de mener ces brutes, que ceux qui consistent à les brider de court, à leur serrer la vis (…) sérieusement, fortement, impitoyablement!

C’est tragique, c’est sanglant, mais c’est tellement humain, tellement vrai…
Dans une bien moindre mesure, je me suis revu il y a quelques années, lorsque j’étais délégué syndical chez GEMA WM. J’ai connu les mêmes doutes que Jean Roule, été victime des mêmes traîtrises que lui. Mais moi, j’ai été moins con (ou plus lâche) : J’ai réalisé qu’on ne peut pas changer les hommes contre leur gré, qu’on ne peut pas les sauver de leur atavisme ni de leur éternelle crainte du patron -qui a “toujours raison” (sic!), c’est connu- et j’ai changé de boulot ;-) 

Les Mauvais bergers d’Octave Mirbeau, à lire et à méditer avant mai 2012, donc…
Hors-sujet (mais pas tant que ça), pour ceux d’entre vous qui auraient loupé le coche et n’auraient pas encore lu MON “Mauvais berger!“, je serai de nouveau en dédicace au salon du livre de Navarrenx, dans le halle de la Mairie ce week-end, les 28 et 29 janvier!

dimanche 22 janvier 2012

Premier rough de couverture pour le tome 3 : Sepsis

De temps en temps, je réfléchis aux visuels de la trilogie “L’infection”. Vous avez déjà pu découvrir celui du tome 1 “Contage” à plusieurs reprises, celui du tome 2 également : “Pandémie”; voici ci-dessous un premier rough pour le tome 3 “Sepsis“. L’idée générale serait dans cet esprit là, toujours un mélange de photos du monde réel et d’avatars Second Life résumant de façon très symbolique les ficelles principales du récit, mais quelque chose me choque que je n’arrive pas à définir. Un conseil ne serait pas de refus.
Et vous, qu’en pensez-vous?

Le visuel de "L'infection T3 : Sepsis" pourrait ressembler à ça...

jeudi 19 janvier 2012

L’infection : le marque page officiel!

Le voici, le voilà, le marque-page officiel du tome 1 de L’infection!
Tout nouveau et tout beau, aux couleurs de la Collection Mozaïk (j’en ai fait un autre pour le livre de Pierre Gastéréguy), des éditions Astobelarra – Le grand Chardon.
Ça commence à prendre forme, hein ?

Allez, patience : la sortie du roman est prévue pour dans à peine 4 mois!

jeudi 5 janvier 2012

La “bande son” de L’infection tome 2 : Pandémie

Un peu de musique, ça ne fait pas de mal. Et chez moi, c'est surtout très efficace pour la créativité. Je peux faire sans, bien sûr, mais je mettrais plus longtemps pour atteindre l'état de "transe" éveillée dont j'ai besoin pour m'isoler de la réalité environnante et trouver l'inspiration. Voici ce qui m'inspire en ce moment :

Mike Oldfield : Light and Shade. Un double album électro dans le plus pur style "musique d'ascenseur" (à prendre au sens positif du terme : musique qui fait monter au ciel), qui date de quelques années, mais qui n'a pas trop perdu. J'aime son côté relaxant. D'ailleurs j'ai tous les albums de Michel Vieux-Champs! Celui-ci, je l'écoute en voiture notamment, car c'est en conduisant que j'atteins plus facilement l'état de grâce propre à la création. Il n'est pas rare que, lorsque je sors de mon monde, je sois obligé de m'arrêter sur le bas côté pour noter ce que j'ai "vu", au cas où j'oublierais...

Angelo Badalamenti : Twin Peaks Fire Walk With Me. Je pourrais dire que Twin Peaks, la série de Frost et Lynch aura jalonné une bonne partie de ma vie d'adulte. Tout -ou presque- m'y fait penser. J'écoute très régulièrement tous les disques de musiques issues de cet univers, bien que je ne sois pas moi même un grand fan de jazz (genre de prédilection de la série). L'ambiance de mystère vertigineux, de pesanteur latente, de danger imminent et inexplicable véhiculée par cette bande originale est tout bonnement incroyable et très inspirante.

Bobby Ritt : Territoire digital. Encore un album électro atmosphérique tout à fait en phase avec les mondes virtuels. D'ailleurs, son auteur s'est inspiré de nos incursions dans Second Life pour le créer il y a 2 ans. Ça plane, ça tressaute, et ça me rappelle surtout un paquet de souvenirs, notamment la grande (et regrettée) époque de RIL Shopping et de Territoire Digital. Aujourd'hui, les projets d'Immersive Lab (mon employeur) sont différents, même s'ils sont toujours aussi passionnants.

Myrath : Tales of the sand. Pas de musique sans Heavy Metal! Je préfère lorsqu'il est mélodique, quasi-lyrique, épique, voire "cinématographique" (Kamelot, Nightwish...), comme dans cet excellent album des tunisiens de Myrath. Là, il y a un petit côté exotique (oriental, n'ayons pas peur de le dire) en plus dans les mélodies et les sons utilisés, malgré une grosse production très actuelle. J'écoute ce genre de musique pour inspirer les scènes d'action. Je me mets alors en condition, comme si j'entrais dans le corps, dans la vie de mes personnages, et dans ma tête, j'imagine ces scènes comme au cinéma, avec des effet de caméra, des bruits assourdissants, des reflets lumineux improbables...

Nightwish : Imaginaerium. Ne vous fiez pas à la Deezer-box ci-dessous : le morceau Amaranth n'est pas sur le nouvel album du groupe finlandais, mais sur le précédent. Imaginaerium vient de sortir (pour Noël!!!) et c'est encore une fois une grosse machinerie bien huilée, mais pas si différente de l'opus précédent (Dark Passion Play). Pas super original, mais toujours aussi gothique, épique et très orchestral, j'adore (quand même). Ce disque à les mêmes effets que celui de Myrath sur ma créativité.

Riverside : Second Life Syndrome. Rien à voir avec SL, en fait... C'est juste un sublime album très introverti et dépressif d'un groupe de Metal progressif polonais, que j'ai découvert par le plus grand des hasards (et à ma grande surprise : quoi, je connaissais pas ça???) cette année. C'est idéal pour se mettre dans la peau du gars malheureux qui a un destin tragique à accomplir, tout comme le héros de mon livre : Patrice Bodin. Très utile pour les moments tristes, donc...

mercredi 4 janvier 2012

ENNA BONENE vs ANNE ENBONE

Ah, un nouveau challenge littéraire orchestré par Sophie Pavlovsky a eu lieu hier soir, à l'occasion des premiers ateliers écriture de Mauléon de l'année 2012. L'occasion de se souhaiter des voeux très particuliers ;-)
Ce coup-ci, chacun des participants devait écrire deux noms et prénoms, anagrammes de "bonne année" sur des bouts de papier, puis en choisir un au hasard. Il fallait commencer à écrire une histoire autour de ce premier patronyme pendant les 30 premières minutes, puis en piocher un second et écrire la rencontre entre les deux.
Passionnant, complexe, mais quand même assez amusant. Comme je suis encore arrivé à la bourre, j'ai mis quelques minutes pour me concentrer. Lorsque j'ai été en état, j'ai vu une image de catch qui flottait dans ma tête. Pourtant, je suis loin d'être familier de ce genre de sport, mais c'est ce qui a déclenché la suite du récit :

Bip, bip, bip, bip... SCROUTCH ! Enna Bonène a encore une fois failli aplatir son réveil matin. Celui-ci va sans doute battre des records de longévité, bien qu'il soit encore trop tôt pour le dire. En effet, être une ex-star du catch au chômage n'enlève en rien la masse musculaire ni cette vilaine habitude de tout briser d'une pichenette...
Enna n'est plus qu'un simple quidam depuis trois semaines, lorsqu'une autre brute épaisse lui a ravi son titre, après une prise étrangleuse d'une rare traîtrise. Mais Enna, à sa manière, est philosophe : il a coutume de dire que "le catch, c'est comme dans la vraie vie : tu es le plus fort jusqu'à ce que tu finisses par trouver ton maître !" Et là, en l'occurrence, Enna la trouvé, et en beauté encore ! Et maintenant, eh bien...
Pas si facile que ça de se reclasser dans une société où les perdants sont maintenus ad vitam aeternam sur le banc de touche. Et c'est encore pire lorsque le loser en question n'est pas "du pays". Pourtant, comme tous les matins depuis son éviction du ring, Enna met un point d'honneur à se lever, se laver, se raser, s'habiller correctement (exit le caleçon et les bottes à lacets, bonjour la cravate et la chemise repassée), puis, après un frugal petit-déjeuner, à aller faire la queue avec Monsieur et Madame tout-le-monde devant la vitrine bondée de l'agence pour l'emploi.
Ça fait toujours mal de tomber de son piédestal, surtout lorsque le responsable de cette déchéance s'appelle Anne Enbone... Vous avez saisi l'astuce ? Enna Bonène --> Anne Enbone ? A croire que le grand architecte de l'univers a fait l'école du rire! Mais ce n'est pas le pire : Se faire battre par une anagramme, ce n'est déjà pas très glorieux. Mais lorsqu'en plus le vainqueur est en fait une femme (fut-elle baraquée comme un pilier de rugby), ça ne peut plus vraiment passer pour une coïncidence malheureuse! Coup de bol, Enna n'a jamais cru en Dieu.

Tout le contraire d'Anne, qui ne serait jamais allé affronter un champion du calibre d'Enna, si elle n'avait pas, un jour, entendu le tout-puissant lui-même lui conseiller une cure de testostérone, assortie d'un entraînement intensif de lancer de barre-à-mine. Elle trouva elle aussi que décidément, "les voies du Seigneur sont impénétrables"; mais ce que Dieu voulait, la femme le fit !
Au bout de six mois, Anne avait les biceps de la taille d'un tronc d'arbre et un cou de taureau à rendre jaloux n'importe quel Monsieur Univers. Six mois et une coupe à la brosse plus tard, on l'appelait "Monsieur" lorsqu'on la croisait dans la rue. D'ailleurs, même les myopes changeaient de trottoir devant sa mine guerrière et patibulaire.
Le jour J, sur le ring, personne n'eut le moindre doute : deux parfaits spécimens de barbares nordiques s'envoyaient de monumentales tatanes à en décorner des bœufs, comme d'habitude, en somme. Ce n'est que lorsque l'ardeur du champion en titre fut définitivement calmée qu'Anne dévoila enfin sa féminité au monde.
Après le tollé qui s'en suivit, les contrats se mirent à pleuvoir dans sa boite aux lettres. Mais comme le bon Dieu ne lui adressa plus la parole, elle ne sut que faire de son titre ni de sa vaine célébrité. Elle retourna donc au bureau, forte d'une nouvelle motivation...

*****
Enna tient son ridicule bout de ticket numéroté entre ses énormes pouce et index. C'est bientôt son tour. Ça y est : on l'appelle. La standardiste blonde le dirige vers une porte ouverte, au bout du couloir. Il frappe -le plus doucement qu'il peut- sur le chambranle. La conseillère pour l'emploi qui le reçoit lève la tête de sa pile de dossiers, et là...
Enna Bonène voit Anne Enbone comme s'il ne l'avait jamais vue, et vice-versa. C'est le coup de foudre qui vient rompre des décennies de célibat ! En ce 2 janvier 2012, ils se regardent stupidement, ne sachant que dire, l'une la bouche ouverte comme un mérou géant, l'autre les bras ballants, tel un gibbon désarticulé.

- Euh... Mes meilleurs voeux, pour...
- Oui, bonne année !