mercredi 10 décembre 2014

Lettre à ma Maman...

"Pourquoi cette fascination pour l'horreur? Oui, pourquoi? Alors que tu pourrais écrire des choses tellement plus belles?" C'est une question que ma mère m'a posée à plusieurs reprises. 
La réponse est simple : c'est la faute de ton frère, de ta belle-mère, de ton mari et des frères Bogdanoff, Maman! ^^

Mon premier contact avec le fantastique et l'horreur, ce devait être autour du Noël de ma onzième année. Mon oncle punk Jean-Rémy - qui ne l'était pas encore à l'époque, mais écoutait essentiellement du Heavy-Metal - m'avait offert un 33 tour qui devait me marquer à jamais. C'était "The Number of the beast", de Iron Maiden. Sur la pochette du disque, très colorée et violente (pour l'époque et pour mon âge) on voyait un mort-vivant chevelu jouer à la marionnette avec le Diable. J'étais fasciné et par le graphisme et par les grosses guitares de cet album d'anthologie. C'est ainsi que ma passion pour l'horreur coïncide depuis tout petit avec celle du Metal! J'ai toujours trouvé que les deux faisaient la paire. Il n'y a qu'à écouter Dimmu Borgir, Rob Zombie, King Diamond ou Cradle of Filth et même Kamelot pour s'en persuader...

Parallèlement, mon père s'était mis en tête de revoir tous les vieux films de la Hammer qu'il avait vus au cinéma, du temps de ses études. Il estimait que j'avais amplement l'âge requis pour découvrir l'étrange univers de Dracula, Frankenstein et autre monstre sacré du cinéma des années 30 à 70. Ainsi, j'ai eu droit à quelques Bela Lugosi, Boris Karloff et autre Christopher Lee. Au début, j'ai eu un peu peur, j'avoue. Autant Lugosi était ridicule, autant je trouvais Lee vraiment effrayant et crédible dans le rôle du comte Dracula! Avec l'arrivée de l'adolescence, la trouille indicible qui me poussait à faire le tour de tous les coins et recoins de ma chambre avant d'aller me coucher s'est muée en excitation et en curiosité. 
Je me souviens que, dans le même temps, mon père m'avait offert une maquette bien flippante (du moins la voyais-je ainsi du haut de mes 11 ans) du fantôme de l'opéra qu'il avait construite quelques années auparavant. Cette maquette trône toujours sur mon étagère, dans mon ancienne chambre chez mes parents. Cet objet a pendant un temps relativement long cristallisé toutes mes peurs d'enfant! Aujourd'hui, j'en rigole, mais évidemment, je me suis bien gardé de raconter tout cela à mon paternel ou même à ma mère, qui lui aurait sûrement arraché les yeux, si elle avait su... 

L'année d'après, c'était la première diffusion en France (dans le programme de l'émission cultissime "Champs-Elysées") de "Thriller", le clip de Michael Jackson que j'ai visionné derrière le grillage pas très efficace de mes doigts comprimés sur mes paupières, pelotonné contre ma grand-mère, qui roulait de grands yeux hallucinés en nous voyant totalement terrorisés, mon frère et moi! Ce fut mon premier contact avec un loup-garou et des zombies relativement réalistes... Merci au "King of Pop", pour cet immense souvenir qui m'a hanté pour des années!
Après ça, je pouvais regarder le "Temps X" des frères Bogdanoff "en toute sérénité", ce que je ne me suis pas privé de faire! C'est comme ça que j'ai découvert toutes les déclinaisons du cinéma fantastique et horrifique, de "Hidden" à "Street Trash", de "Damien la malédiction" à "l'exorciste" et de "Terminator" à "Shining", en passant par "Freddy Krueger" ou "Mad Max" et ce, bien avant de commencer à feuilleter (en cachette, comme il se doit) le magazine "Mad Movies" ou d'avaler la bibliographie de Stephen King. De cette période, je garde gravé à jamais dans un coin crasseux de mon esprit cet extrait de "l'abominable docteur Phibes"... 

Ce n'est que vers l'âge de 13-14 ans que je suis tombé sur LE film d'horreur ultime! "Le jour des morts vivants", de George Romero. Là encore, j'ai été marqué à vie par mes tout premiers "vrais" putréfiés sanguinolents. Du coup, au fil des ans, je n'ai eu de cesse que de les voir tous. Vous pensez bien que lorsque le phénomène est enfin devenu à la mode, avec l'apparition de séries télé comme "The Walking Dead" ou la plus récente "Z Nation", j'ai atteint un état proche du nirvana! 

Voilà, Maman. Tu sais tout. Maintenant, tu sais pourquoi j'écris des histoires affreuses avec des litres d'hémoglobine qui dégoulinent, des intestins qui explosent, des cerveaux qui fondent par les oreilles et autres réjouissances au "contenu graphique", comme disent les américains... Mais ne t'inquiète pas! Je ne vais pas passer à l'acte. Beau Smart, ce n'est pas moi! Enfin si, mais pas réellement! 
Si j'écris ce genre d'histoire, c'est parce que tout d'abord : ça me plait ; ça me défoule ; je passe mes petits messages écolo-simplistes en filigrane ; et surtout : j'aime faire peur, provoquer des réactions de dégoût. Mais de ce dégoût qui donne quand même envie de lire la suite jusqu'au bout (tant qu'à faire). Et puis, comme je viens de te le démontrer, ce sont des émotions faciles à créer et qui laissent de profondes traces. 

Par contre, si tu crois avoir tout lu avec "Contage", le tome 1 de "l'infection", tu peux ressortir la cuvette à vomi car "Pandémie" sera bien pire (et bien mieux à la fois) ! ^^

lundi 8 décembre 2014

Comment j'en suis arrivé à vouloir écrire...

En ce moment, je suis en train de lire "Écriture, mémoires d'un métier", par le grand Stephen King. C'est, comme toujours chez cet auteur, un livre captivant ; on n'est plus dans le roman mais plutôt entre la tranche de vie et l'essai, cette fois-ci. 
Pour le moment, et bien que je n'aie pas le tiers du quart de la moitié du talent de cet auteur génialissime (un de mes modèles, assurément), je trouve ce texte très rassurant. En gros, il y raconte la genèse de sa passion pour l'écriture, ou comment Stephen King est un jour devenu Stephen King... C'est rassurant parce que dans son parcours, je vois des choses, des indices qui font écho au mien, aussi insignifiant soit-il. 

Alors j'ai réfléchi. De quand pouvait bien dater ma propre passion pour l'écriture? Quels sont les indices que j'aurais dû voir et qui auraient dû me permettre de comprendre plus tôt vers quoi je me dirigeais? 

Du plus loin que je me souvienne, je devais avoir 9 ans la première fois. C'était quelque part entre Noël et le premier janvier. A l'époque, il y avait toujours des vieux Péplums plein de Charlton Heston qui passaient à la télé, à cette période de l'année. Celui dont je parle se passait en Egypte ou en Grèce, mais je serais bien en peine de vous en donner le titre... 
Toujours est-il que j'avais regardé cette histoire avec grand intérêt, en pyjama/robe de chambre, lové sur le canapé du salon entre mon grand-père et mon arrière grand-mère maternels. Dès que le générique de fin est apparu à l'écran, je me suis rué dans les WC pour récupérer quelques cartons de PQ (en ce temps-là, mes parents n'achetaient pas des rouleaux de papier-toilettes, mais des paquets entourés de cellophane et rigidifiés au moyen de deux petits cartons de 10 cm par 15, qui me servaient à faire plein de trucs créatifs autant qu'utiles, comme un bruiteur de mobylette pour mon vélo ou encore de faux étrons, par exemple). 
Et c'est ainsi que, assis à même la moquette et à l'aide de mon meilleur crayon à papier HB, j'ai commencé à retranscrire soigneusement tout le film, du moins tout ce que j'en avais compris avec mon cerveau d'enfant. Dans mes souvenirs, c'était un vrai roman, écrit comme du Vernes ou du Hugo (bien qu'à l'époque, je n'aie sans doute encore pas lu un seul de leurs livres)... J'ai dû remplir une dizaine de cartons, recto-verso de cette vilaine écriture de pattes de mouche dont j'ai le secret. 
Tout fier de moi, je suis allé montrer le fruit de mon travail à mon grand-père, qui somnolait sur le canapé où je l'avais laissé une paire d'heures plus tôt. Celui-ci m'a lancé un regard cotonneux, puis a consenti à feuilleter distraitement mon oeuvre. "C'est très bien tout ça, m'a t-il dit. Mais pourquoi tu n'écris pas une vraie histoire de ton invention?" Je n'ai pas su trouver de réponse. Dans son livre, King, lui, écrit ceci : "l'imitation précède la création" et il avait raison.
Je ne sais pas ce que j'ai fait de ces cartons. Ils ont dû finir à la poubelle un jour de grand rangement. A moins que ma mère ne les ait trouvés et conservés quelque part?

Des années plus tard, toujours à Noël (il me semble), il y a eu l'épisode avec mon copain Eric, puis la rédaction scolaire qui m'ont ouvert les yeux. J'ai déjà raconté ces histoires ici. La même année, je me rappelle avoir participé à un salon du livre à Cognac. J'avais été interviewé par un correspondant local de Sud-Ouest auquel j'avais raconté "mon admiration pour l'intégrale de l'oeuvre de Zola". J'avais tout juste dû lire (et encore : avec quelques difficultés) la quatrième de couverture d'un des volumes de la saga Rougon-Macquart! Quel "grand conteur d'histoires" j'étais, quand même. ^^
Puis, en classe de seconde, j'ai participé au journal de mon lycée qui s'appelait la "Glossolalie" et qu'on vendait 5 francs (un peu moins d'un euro) l'unité dans la cour de récréation, en tant qu'illustrateur d'abord, puis en tant que rédacteur dans un numéro préparé pendant l'année de première mais qui n'est jamais sorti, faute de cohésion et de motivation du reste du groupe. 
Quelques années plus tard, autour de 1995, j'ai contacté le journal du quartier où je vivais (le "Can'Arlacais" à Mérignac Arlac, en banlieue bordelaise) pour y créer un petit personnage emblématique (un canard, en toute logique) ainsi que pour y publier quelques chroniques de bandes dessinées à la rubrique "le bédévore".
Ce n'est que bien plus tard encore, à l'horizon 2000 (j'allais sur mes 30 ans), lorsque j'ai commencé à collaborer au journal Sud-Ouest (édition Béarn et Soule) et à "la semaine du Pays basque" que j'ai enfin compris ce que j'aimais faire, ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais raconter des histoires, d'article en portrait, de chronique en compte-rendu. 

La suite, vous la connaissez : j'ai commencé par raconter la mienne (Mauvais berger!) que j'ai rédigée en quelques nuits sur un coin de table. J'ai poursuivi par le premier tome de L'infection, roman fantastique que j'ai travaillé et mûri pendant trois ans et demi, de novembre 2008 à mai 2012. Le tome 2 devait paraître en 2014, mais...
Après des mois de procrastination pendant lesquels j'oscillais entre mauvaise foi, fainéantise et nécessité (bien réelle) de créer une nouvelle vie de famille, j'ai décidé de me remettre à l'écriture de ma trilogie. C'est décidé, je m'y replonge pendant les congés de Noël... J'ai tellement d'autres histoires folles à inventer!!!

vendredi 14 novembre 2014

Mauvais berger : un livre résolument machiste...


Une personne (de sexe féminin, vous allez voir, la précision a son importance) a récemment appelé mon éditeur (Laurent Caudine - les éditions Astobelarra Le Grand Chardon) pour lui exprimer son mécontentement à propos de la publication de "Mauvais berger !". Six ans après la bataille, quand même, et à l'heure où l'on reparle d'une réédition augmentée au format poche...


J'ai déjà eu le cas de rares lecteurs qui ont mésinterprété mes écrits (notamment des bergers qui se sont sentis visés  - à tort, évidemment - par certains propos du bouquin), mais jamais ce qui suit : en effet, la dame aurait été "choquée", voire "ulcérée" par le livre où elle a cru déceler beaucoup de machisme... 
C'est vrai qu'à un moment, j'insulte copieusement la bergère du livre, la traitant notamment de "truie". 
Contre toute attente, la dame aurait déclaré à Laurent qu'elle "avait eu de la peine pour cette femme et qu'elle était entrée en empathie avec elle...

Woaw!!! Rien que ça! C'est bien la première fois que quelqu'un a une lecture aussi radicalement hors-sujet et clairement orientée du livre, ou, du moins, c'est la première fois qu'on nous en fait part.
Malheureusement, Laurent a laissé échapper le nom de la dame, et du coup, impossible d'en savoir plus...

Mais si vous aussi avez trouvé mon livre "machiste" (ou autre terme en "iste"), n'hésitez pas à venir m'en parler en commentaire. Parce que franchement, et même si je pense que cette dame se trompe à mon sujet et au sujet de "Mauvais berger !", ça m'intéresse d'avoir le ressenti de mes lecteurs ^^

(PS : le dessin ci-contre n'est pas une caricature de la dame en question - que je ne connais pas -, mais est directement inspiré par mon ancienne prof de français, Mlle Bonnefoy, qui m'a donné beaucoup de fil à retordre en son temps. Elle méritait donc cet "hommage"...) 

mercredi 1 octobre 2014

Ces robots qui vont manger le monde...

Lorsque j'ai rêvé imaginé l'intrigue de ma trilogie "L'infection", autour de novembre 2008, j'étais loin d'envisager que les robots pourraient un jour nous remplacer. Dans la vie de tous les jours via les objets connectés et intelligents, au travail, sur la route... Bref, pratiquement partout et tout le temps. 
"Beau Smart" n'était qu'une créature de science fiction et elle l'est toujours aujourd'hui, même si on s'en rapproche de plus en plus et à vitesse vertigineuse, sans même nous en apercevoir. 
Aujourd'hui, les robots peuvent effectuer des taches de plus en plus complexes, sont plus rapides et plus efficaces que les hommes et surtout nettement moins chers. Il en est même qui peuvent apprendre et s'améliorer. Si bien que nous, êtres humains, sommes entrés dans la chronique d'une obsolescence programmée. 


Il vous suffit juste de visionner ce reportage (en anglais) pour vous en persuader...

En clair, il suffirait de prendre le contrôle de toute cette technologie envahissante pour devenir le maître du monde. C'est ce que fait Skynet dans Terminator. C'est aussi ce que fera à sa manière l'omniscient "Beau Smart" dans "Pandémie", le tome 2 de "L'infection".

lundi 8 septembre 2014

Le supplice de la douche... ("Mauvais berger !" V2)

Une chose à propos de la cabane de Fricoulet, que je n'avais pas prévue (mais qui ne me fait pas particulièrement peur à la base puisque, grand amateur de randonnées en montagne, j'ai déjà été confronté à plusieurs reprises à un confort sommaire ainsi qu'à un certain niveau de promiscuité), c'est la difficulté à garder un minimum d'hygiène personnelle en estives. Il faut être conscient qu'on parle-là d'un séjour de trois mois, pas d'une misérable rando en autonomie de cinq jours ! Mais cela fait partie du charme de l'aventure...

En effet, il n'y a pas de salle de bains là haut. Quant à imaginer se baigner dans le ruisseau à peine plus chaud qu'un névé : il n'y a pas encore marqué « danois masochiste » sur mon front ! 
A l'arrière de la bicoque, il y a tout juste un minuscule réduit bétonné, poussiéreux et rempli de grosses araignées poilues contenant simplement de vieilles toilettes « à la turque » crasseuses, sur lesquelles est disposé un caillebotis amovible branlant – dont je suis certain qu'il ne supporterait pas une charge de plus de 115 kilos – servant de bac de douche. Ceci faisant que, en bon petit citadin maniaque et propret, j'ai toujours peur que des éclaboussures intempestives provenant du trou à merde et contenant des miasmes putrides et mortifères finissent par coller avec bonheur à la plante de mes pieds et jusqu'à mes chevilles avant de se transmettre (et se multiplier – très logiquement) dans mes chaussettes bien chaudes et humides de travailleur, puis, bien évidemment, au fond de mon sac de couchage...

Le mobilier de la pièce se résume à un tabouret de bois à trois pattes (donc bancal) pour éventuellement poser la trousse de toilettes et la serviette, ainsi qu'à un clou rouillé dans le mur faisant office de porte-manteau. 
L'unique accès, une lourde porte en métal, donne directement dans le parc crotté où sont consignés les cochons ; ce qui fait que lorsqu'on sort de la douche, il vaut mieux avoir ses bottes en caoutchouc à disposition (qu'on aura pris soin de rendre inaccessibles aux porcs, qui, comme vous le savez, mangent tout ce qui passe à leur portée). En outre, vouloir aller se laver en tongs serait suicidaire : l'immonde bouillasse puante et les brassées d'orties qui – à l'instar des douves de la citadelle de Navarrenx – entourent les lieux d'aisance rendent l'entreprise assez périlleuse et salissante... 
Au moins l'eau, est-elle chaude (merci Butagaz) ! Mais vous l'aurez compris : se laver (et surtout rester propre) dans ces conditions relève de l'exploit et nécessite une profonde volonté ! 
Volonté qui, au fil des jours qui passent, de la puanteur et de la fatigue qui s'installent, s'émousse sérieusement...

(Bonus inédit de "Mauvais berger !" version 2014.)

jeudi 28 août 2014

"Mauvais berger!" va finalement ressortir en édition poche augmentée!

C'est incroyable que ce livre ("Mauvais berger!", pour ceux qui ne suivent pas) continue à se vendre autant après 6 ans d'existence. 
En parcourant les stocks hier, avec mon éditeur (et ami Laurent Caudine des éditions Astobelarra - Le Grand Chardon), je viens de me rendre compte que nous arrivons aux derniers exemplaires de cette première version (qui est déjà une version "bis", je le rappelle, puisque les couvertures avaient été modifiées par rapport à la toute première version sortie). 
Puisque le livre continue d'être régulièrement acheté, nous avons décidé de le ressortir au format poche, mais en édition augmentée avec les divers bonus (uniquement publiés ici), avec également quelques illustrations inédites. 
La mise en page ainsi que la police de caractères seront aussi revues dans ce "reboot", dont le look sera bien plus professionnel que l'original (à notre décharge, nous débutions dans le milieu de l'édition)...
Ce sera donc mon nouveau travail pour les quelques semaines à venir, avant de me relancer dans l'écriture du tome 2 de l'infection, dont je n'ai pour le moment écrit que la moitié!
Je vous tiens au courant très vite, promis!

mardi 3 juin 2014

Le meilleur ami de l 'homme

Pollux au printemps 2005, au plateau de Letxaregibela

C'est ce qu'on dit : le chien est le meilleur ami de l'homme. Je confirme.

Pollux, je l'ai sauvé d'une mort certaine en avril 1999. Il est né dans une exploitation agricole, dans laquelle les chiens étaient (et sont sans doute toujours) traités et utilisés comme des outils de travail. Pas seulement les chiens, d'ailleurs, mais c'est un autre débat...
Comme ses frères et sœurs, il était destiné à finir noyé dans le gave d'Ossau à peine quelques jours après sa naissance, mais j'ai pu le sauver. J'avoue, j'ai longtemps culpabilisé d'avoir laissé l'horrible bergère assassiner le reste de la fratrie, mais on ne peut pas accueillir tous les chiens perdus du monde, si?
S'il avait eu la malchance de devoir rester dans sa maison de naissance, il aurait vécu une vie de labeur, de privation et de famine et serait mort à 7 ou 8 ans, comme tous les chiens-esclaves. Mais il a eu de la chance : il a été éduqué, aimé, choyé, soigné, nourri, promené. Globalement, je peux dire qu'il aura eu une belle vie de 15 ans et 1 mois. 

C'était un toutou gentil, affectueux, qui aimait jouer avec les enfants et courir dans la montagne. En outre, il avait une qualité essentielle : il gardait son territoire et faisait fuir les témoins de Jéhovah! 
Il avait aussi ses défauts, bien sûr : il était braillard en voiture sur les trajets courts, il courait sans cesse après celle du facteur (ce qui lui a valu une patte arrière cassée), il poursuivait les moutons des fermes voisines dès qu'on ne le surveillait plus (ce que c'est que l'hérédité), et il aimait provoquer (voire dominer) les autres chiens, si possible les plus gros que lui, ce qui lui a valu des raclées mémorables (c'est généralement ce qui arrive quand on se frotte à plus fort que soi) et de longs moments de solitude chez le vétérinaire... Il était gourmand, aussi : il a fallu courir les cliniques vétérinaires de Charente un dimanche midi, après une ingestion intempestive de mort-aux-rats! Même chose lorsqu'il a attrapé la Piroplasmose... Mais à chaque fois, il s'en est sorti parce que ses maîtres veillaient au grain, si je puis dire...

Et puis, il a supporté sans rien dire les énièmes déménagements qu'on lui a fait subir, de Gotein à Mauléon, de Mauléon à Ordiarp, puis retour à Mauléon... Il nous a accompagné avec enthousiasme dans la plupart de nos déplacements et vacances, même si la voiture, c'était long, dès fois. Il adorait aller au parc de Libarrenx. C'était un peu son jardin, lorsque nous n'en avions plus. C'était un membre de la famille à part entière, le grand frère maladroit, tout poilu et toujours joyeux de mes enfants.

Et puis, en décembre 2012, lorsque notre famille a éclaté, il est resté avec "sa maman". Je ne pouvais pas loger de chien de son gabarit dans mon appartement, au second étage de la rue Victor Hugo. Je ne sais pas ce qui passait par sa tête à ce moment-là, mais à son comportement, je peux dire qu'il m'a toujours aimé, même si - en quelque sorte - je l'ai abandonné comme un faux frère... Très vite, son état de santé a commencé à décliner. Au printemps 2013, il avait commencé à maigrir, ses pupilles à s'opacifier, ses intestins à se lâcher. Ses pattes tremblaient, son coeur fatiguait très vite et il commençait sérieusement à refouler du goulot... Bref, il devenait vieux, si bien que je pensais qu'il ne passerait pas l'été. Mais il l'a fait. Il a même passé l'hiver 2013 et presque le printemps 2014. 

Mais quand le cœur fatigue, les reins sont moins bien irrigués et finissent par se déliter. C'est ce qui lui est vraisemblablement arrivé ces dernières semaines. Son état est devenu critique pendant le pont de l'ascension, alors que les enfants et leur maman étaient partis en voyage dans les Bardénas. La gardienne de Pollux m'a appelé samedi matin. En arrivant sur place, j'ai bien vu que mon chien n'était plus que le tiers du quart de lui-même. Il était presque incapable de se lever, de marcher, et chiant le sang. J'ai dû le porter pour qu'il puisse entrer et sortir de la voiture, ce qui n'était pas trop difficile puisqu'il ne pesait plus que la moitié de son poids initial... Les analyses sanguines chez le vétérinaire étaient sans appel. Pollux allait mourir dans des souffrances atroces. Je le voyais, allongé et tremblant sur la table, inquiet, il avait l'air de très bien comprendre ce qui se passait. 

La décision est très lourde à prendre, je ne savais pas à quel point, jusqu'alors. Je parle de celle d'autoriser le véto à tuer son chien par injection létale. C'est très culpabilisant : suis-je un salaud, ou suis-je au contraire un type bien? Est-ce un meurtre? Est-ce que les raisons sont justifiées? N'aurait-il pas pu vivre un peu plus longtemps, au moins jusqu'à ce que les enfants puissent lui dire un dernier "au revoir"? Autant de questions existentielles qui m'ont traversé la tête à toute allure et jusqu'au vertige, avant que je ne signe l'autorisation. Je me souviendrai toujours du regard de Pollux au moment de l'injection, du long hurlement sourd qu'il a poussé - comme s'il avait compris que je le trahissais une seconde fois - avant que sa tête ne se fasse lourde. Quelques ultimes réflexes nerveux, et en cinq secondes, c'était fini. Il est mort dans mes bras.

J'ai tué mon meilleur ami, mais il est trop tard pour regretter...

samedi 12 avril 2014

Ce n'est qu'un au revoir...

Ma puce-bichette,

Je sais que, pour toi, je n'ai pas toujours été le père qu'il aurait fallu que je sois ; j'ai été un papa relativement absent, plus souvent bloqué devant mon ordinateur qu'à m'occuper de toi. Et je suis bien conscient d'avoir négligé ta mère pour ces mêmes chimères numériques.
Je suppose qu’elle t'aura raconté que mon addiction corps et âme pour Second Life est la principale raison pour laquelle elle a décidé de me quitter en t'emmenant avec elle. Il y a de ça, bien sûr, même si c'est un odieux raccourci. Je ne peux pas t'en vouloir de t'être laissée manipuler. Tu étais encore très jeune quand tout est arrivé et ce sont des histoires d’adultes.
Mais en plus de vous avoir sacrifiées pour mon travail, je vous ai mises en danger de mort. Si tu savais comme je regrette ces mauvais choix et tout ce temps perdu, aujourd'hui !
Vous me manquez horriblement toutes les deux, mais surtout toi, ma petite Sophie. J'ai été affreusement égoïste, j'ai raté ma vie de père et de mari, mais ça va changer : je ne vais pas rater ma vie d'homme.

En enquêtant sur Beau Smart, j'ai mis le doigt dans un engrenage duquel je ne peux plus me dégager : il y va de la survie de l'humanité. J’ai vu de mes propres yeux ce dont cette chose est capable. Tu as dû entendre aux informations que le monde court de catastrophes en catastrophes. C'est dû à Beau Smart, évidemment, même si je ne peux pas encore le prouver à 100%...
Ta mère va penser que j'affabule encore, mais j'ai été contacté par une cellule spéciale dédiée à la traque et à la destruction de l'intelligence artificielle, placée sous les ordres directs du président des États Unis d'Amérique. On a besoin de moi pour accompagner et assister Patrice Bodin (le premier hôte de Beau Smart) là-bas.
Je n'ai pas vraiment le choix. Je dois y aller. Pour moi, pour Patrice, mais surtout pour toi, ma chérie, pour que tu saches que, contrairement à ce qu'on t'a fait croire, ton père n'est pas un couard ni un paranoïaque obsessionnel relevant de la psychiatrie. Ton père se bat pour que tu puisse vivre dans un monde meilleur, plus sûr, sans ce monstre.
Je vais donner tout ce que j'ai dans les tripes pour réussir cette mission, parce que quelque part, ayant une connaissance accrue des tenants et aboutissants de cette histoire, je m’en sens responsable. Et dans ce cadre, je me sentirais coupable de ne rien faire.
Je pars demain. Ne m’en veux pas : je n’ai pas le cœur à essayer de t’appeler, sachant que je risque de me casser le nez sur la sonnerie du téléphone, que ta mère – reconnaissant mon numéro – ne  décrochera pas.

Alors je ne sais pas si je vais revenir ni dans quel état je serais, si je reviens... Je ne sais pas non plus si nous allons réussir à vaincre cette entité démoniaque, ou si elle va finir par aller au bout de son funeste dessein et tous nous effacer définitivement de la planète. Mais je veux que tu saches que je t'aime, ma Sophie.

A bientôt j'espère, bisous,
Ton Papa.

Sébastien Régent.
(extrait de "Pandémie", tome 2 de L'infection)

lundi 27 janvier 2014

Mon ami Dahmer...

Mon ami Dahmer - Derf Backderf
Comme vous devez le savoir si vous lisez ce blog, je me documente énormément en ce moment sur le sujet intarissable des tueurs en série dans le cadre du tome 2 de L'infection, puisque l'un de mes personnages principaux, Gros-Sam Bonini, en est un (et un bon!). C'est un type un peu atypique et j'ai vraiment besoin de le rendre le plus crédible possible. Donc toute la bibliographie (ou presque) de Bourgoin y est passée, et je lis (et visionne) tout ce qui a un rapport - de près ou de loin - avec mon sujet. 

Or, si je trouve le parcours d'un Ed Kemper plutôt intéressant (quoi qu'assez classique - pour un serial killer), ou celui d'un Albert Fish carrément déstabilisant (il défie vraiment les lois de l'imaginaire, ce gars...), c'est surtout celui de Jeffrey Dahmer (le cannibale de Milwaukee) qui m'inspire le plus. Certainement parce que j'étais là-bas à l'époque où il sévissait (Pâques 1990) et que j'ai visité la chocolaterie Ambrosia, où il travaillait (peut-être même l'ai-je croisé ce jour-là, qui sait)?

Ce qui est particulièrement intéressant, chez Dahmer, contrairement à tout un tas d'autres meurtriers en série de son espèce (comme Ted Bundy, par exemple), c'est que dès qu'il a été arrêté, il a tout avoué, sans mentir, sans en rajouter et sans se vanter ; ce simple fait le rendant (presque) sympathique... (Je rappelle que Jeffrey Dahmer a tué 17 personnes - je ne vais pas plus loin dans les descriptions, je vous laisse le soin de vous documenter sur le bonhomme - avant d'être arrêté en juillet 1991 et a fini par être assassiné par un codétenu en prison, en novembre 1994).

Et puis il y a eu foison de reportages ou d'écrits sur sa vie, son "œuvre", beaucoup de matière où puiser, donc. Le dernier document en date est une bande dessinée intitulée Mon ami Dahmer, par Derf Backderf (éditions ça-et-là), qui est un ancien camarade de classe du psychopathe. Il y décrit la jeunesse de Dahmer (de son point de vue et en se fiant à des témoignages du Serial Killer himself ou de proches, d'anciens profs, de journalistes locaux, etc.), avant qu'il ne devienne le monstre que l'on sait. Ce livre est un vrai chef d’œuvre et l'on sent parfaitement que l'auteur a été marqué en profondeur par cette "proximité" avec Dahmer. Le regard vide du personnage central est en effet vraiment effrayant. On sent la confusion et la peur qu'il inspirait à Backderf...

Il faut considérer cet excellent livre (en sélection officielle au festival de la bande dessinée d'Angoulème 2014) comme un exercice cathartique, un exorcisme très réussi plutôt qu'une ultime tentative voyeuriste de faire du fric sur le dos de celui que les américains ont parfois coutume de surnommer "le pire serial killer de tous les temps".
Je vous conseille donc de l'acheter et de "le dévorer", sans plus tarder!