vendredi 17 juillet 2015

Ces vieux démons qui refont surface, on ne sait pas pourquoi...

A la bonne vôtre!
Hemingway, mais aussi Stephen King (il aurait arrêté, cela dit), et tant d'autres. On dirait que les écrivains sont abonnés à l'excès d'alcool.
Depuis que je suis en âge de boire, j'ai toujours aimé picoler un peu. Je ne dirais pas que je suis alcoolique (je ne bois pas tous les jours et n'en éprouve pas la nécessité), ni même "alcoolique mondain" (je ne me mets pas la mine tous les week-ends) ou encore "alcoophile" (l'excuse, tsé?). Je suis juste un "bon vivant". Je dirais, selon l'expression consacrée (par de sacrés cons?), que ça "m'ouvre les chakras".
Disons plutôt que ça "embue" la réalité. Du coup, j'ai l'impression (mais est-ce que c'est une impression, seulement?) de pouvoir aller plus facilement aux tréfonds de mon âme, voir ce qui s'y trouve. C'est presque le même processus que pour la musique, finalement : l'alcool aide à faire apparaître cette espèce de mur propice à la créativité. C'est pour ça que la bouteille de Jay-Dee n°7 n'est jamais bien loin de mon clavier, quand je me mets à écrire...

Au début, j'ai commencé par la bière et le vin, et puis j'ai insensiblement dérivé vers les alcools plus forts. Pendant quelques années, je tournais au Ti'punch en soirée. Mais le rhum et le sucre de canne, ça encrasse le foie, ça monte trop vite à la tête et j'ai du mal à m'arrêter dans mon élan. Après, je deviens carrément improductif.
Quand je suis allé aux USA en 2013, j'ai commencé à boire du bourbon (Jack Daniel's, pour ne citer que celui-là - sec et sans glace), notamment lors d'une soirée assez mémorable (comprendre : "typiquement américaine") au pub "Hub", à Concrete (WA). Bon, j'avoue, "Anonyme", l'auteur de la saga du Bourbon Kid a forcément dû contribuer à me donner l'envie d'y goûter...
Je me suis aperçu que non seulement j'aimais ça, que je pouvais en boire beaucoup, mais que je pouvais également m'arrêter bien avant de perdre complètement la tête. Je dose la tisane, quoi... Et je ne fais plus jamais de mélanges. J'ai compris avec le temps que non seulement ça produisait exactement le contraire de l'effet recherché, mais qu'en plus ça mettait le crâne et le foie en compote pour le lendemain (et les jours suivants, parfois) ! Et plus je vieillis et moins c'est facile de récupérer, même en faisant du sport...

Le pub de Concrete...
Je n'ai pas l'alcool agressif, comme un certain nombre de personnes de ma connaissance qui deviennent rapidement toxiques voire dangereuses après quelques verres bien tassés (on appelle ça avoir "l'alcool mauvais" ; c'est la circonstance atténuante qu'on donne généralement pour pouvoir foutre sa femme - ou ses gosses - sur le carreau, en tout impunité).
Non, moi, je l'aurais plutôt "réfléchi", conscient, quoi que détendu et rigolo. Bon, évidemment, à partir d'un certain stade, je suis comme tout le monde : absolument débile... Mais j'atteins rarement ce niveau-là. Par exemple, je n'ai jamais été saoul au point de faire un black-out ou de commettre des actes insensés (comme me jeter de la fenêtre, par exemple...). Certes, je ne me souviens pas toujours de tout ou de l'ordre dans lequel les choses se sont déroulées, mais il suffit qu'on m'en parle pour que je me rappelle ce que j'ai fait ou dit et que je constate qu'on est parfois vraiment débile, quand on a bu.
Bref, là n'est pas le propos de ce billet. 

Je me suis rendu compte que lorsque j'écris, mes vieux démons cherchent à me rattraper alors même que j'ai pris de bonnes résolutions. Pour "Mauvais Berger!", j'étais sobre, mais j'ai écrit sous la fièvre de me débarrasser de cette histoire qui me polluait la vie depuis dix ans. Pour "Contage", c'était la douleur et le désespoir qui me hantaient. Je pense que ça se ressent un peu trop à la lecture, d'ailleurs... Pour "Pandémie"? Ben écoutez, je suis heureux, calme, serein... Alors pour atteindre cet état de fébrilité créatrice, je bois (pour les chakras, remember?) et je fume (du tabac, jamais de drogue - je recherche juste l'ivresse, pas le cimetière). Même ma libido augmente sensiblement (ce qui n'est pas super cool, car quand j'écris, je cherche surtout à m'isoler du reste du monde, de ma famille, etc. afin de ne pas être distrait). Et donc j'essaye de compenser tous ces vices - assouvis ou non - en faisant du sport, tôt le matin. S'agirait pas que mon corps se dégrade trop vite, déjà que je serais facilement sujet à l'embonpoint!
Dès fois, ça m'arrive d'abuser un chouillat du fameux Whiskey du Tennessee.
Mais curieusement, quand je me réveille le matin tout nauséeux, avec cette haleine de vieux cendrier et que je relis ce que j'ai pondu dans mon état de semi-transe, je trouve rarement des choses à jeter. Je ne dis pas que tout est parfait, hein? Bien sûr que les fautes d'inattention sont plus fréquentes, tout ça... Mais ce que je cherchais à exprimer à l'instant T (et sous l'empire de l'alcool) est rarement à reprendre. A l'inverse, il m'arrive fréquemment d'avoir envie de balancer par la fenêtre mon manuscrit (et l'écrivaillon) quand j'ai écrit à jeûn. Car il y manque presque toujours ce petit grain de folie qui doit certainement se trouver à l'intérieur même des grains de céréales distillés... ^^