mercredi 31 juillet 2013

Concrete, jours 1 & 2.

Les Snoqualmie falls. C'est beau, non?
27-7-13. Je suis arrivé à Seattle à l'heure dite. J'ai trouvé facilement mon chemin jusqu'à l'agence d'AVIS, où, après maints conciliabules, j'ai réussi à louer ma voiture (encore une Chevrolet Sonic, mais noire cette fois-ci). En effet, ma carte bancaire bloquait et le loueur semblait hésiter à accepter mon argent liquide. Mais on a fini par trouver un arrangement. Le temps de trouver une carte routière du coin et j'ai pu prendre la route direction Snoqualmie.
Pourquoi passer par les petites routes, alors que la State Highway 5 m'emmenait directement à la bifurquation vers Concrete, allez-vous me demander?
Eh bien à Snoqualmie, il y a les cascades qui ont servi de décor naturel à la série TwinPeaks, de Mark Frost et David Lynch (les fameuses "White Tail Falls", pour ceux qui connaissent), dont je suis un grand fan depuis plus de 20 ans. Je voulais – je devais – absolument voir ces cascades, qui sont vraiment magnifiques et qui symbolisent énormément de choses pour moi. Notamment mon premier amour (eh oui, je suis un peu "fleur bleue" par moment).

Le pont en béton (comme il se doit) de Concrete
Ensuite, direction Concrete, via la Highway 20. J'étais à l'hôtel (Cascade Mountain Lodge) aux environs de 17 heures. Comme il faisait un temps radieux, j'ai vite posé mes affaires, et je suis parti à pieds jusqu'à Mainstreet Concrete, ça m'a fait un petit peu marcher (c'est pas tout près, genre 2,5 miles) et j'ai pris un certain nombre de photos du "centre ville". La différence entre les photos envoyées par John Boggs et la réalité est assez surprenante : la rue est beaucoup plus large et plus courte que je pensais. Mais sinon, c'est exactement ce que je recherchais en venant ici.
En passant devant le Concrete Theatre, je suis tombé fortuitement sur Fred et Valerie, qui tiennent le petit cinéma de la ville. Je les ai en amis Facebook depuis pas mal de temps, et ça m'a fait plaisir de les voir en vrai. Ils m'ont indiqué qu'il y avait une sorte de rassemblement (portes ouvertes) à l'aérodrome, derrière le collège, alors j'y suis allé, car je tenais à rencontrer d'autres amis américains (John Boggs et Jason Miller), qui devaient s'y trouver. Là-bas, j'ai vu un paquet de bidasses qui faisaient leur show, montrant leur matériel, leurs armes (dont de grosses mitrailleuses), les prêtant aux enfants (!)... C'est vraiment un autre monde! Mais pas de Jason ni de John.

Silo Park, lieu emblématique de l'ancienne usine de béton
Alors j'ai demandé à une mamie qui faisait cuire des saucisses de bien vouloir m'indiquer où je pouvais trouver le Concrete Herald (le journal local tenu par Jason), et elle m'a indiqué sa maison, à deux rues de là. Alors j'y suis allé au culot, et après avoir un peu cherché, j'ai fini par trouver le bonhomme. Nous avons discuté quelques minutes, puis il m'a donné rendez-vous le mardi matin pour une interview (cool!).
Ensuite, je suis remonté à l'hôtel, j'ai chaussé mes baskets, et je suis parti courir pendant quarante minutes. Vous ne pouvez pas savoir quel bien ça fait, quand on a dû s'abstenir pendant plus d'une semaine!
En soirée, je suis reparti me promener dans Concrete, juste pour évacuer l'immense Hamburger que j'avais mangé (le premier de tout mon voyage, quand même) au restaurant attenant à l'hôtel, et qui s'appelle "Sonny Bear's Restaurant".

La Baker River, qui se jette dans le Baker Lake (logiquement)
28-7-13. Le lendemain matin, après un bon petit déjeuner plein d'oeufs au plat et de bacon grillé pris au Sonny Bear's, je me suis mis en route pour le Shuksan Lake Trail. Mais bien sûr, les cartes ont changé depuis deux ans et je me suis trompé de chemin. La route n'est plus goudronnée à partir de quelques kilomètres et comme je ne souhaitais spécialement pas réitérer l'expérience malheureuse de Cottonwoodroad en Arizona, j'ai fini par renoncer... Je suis quand même allé faire une photo du barrage de Shannon Lake, puis je suis reparti sur Mainstreet, en espérant trouver une personne qui veuille bien m'indiquer la bonne route, car l'heure avançait, et je me demandais si j'allais pouvoir atteindre mon but dans la journée...
Je me suis arrêté près du musée de Concrete, et je suis fortuitement tombé sur John Boggs, qui repeignait bénévolement la devanture du "Cascade Supplies", la droguerie de la ville. Il m'a donné les renseignements que je voulais, puis nous avons convenu de nous retrouver le lendemain matin à 8 heures pour aller ensemble au Shuksan Lake. En attendant, il fallait bien que je me trouve une occupation, alors je suis allé faire le "Baker River Trail", au nord de Baker Lake. Ce sentier de plus de 5 miles est censé mener aux Sulphide Creeks, mais s'arrête en réalité bien avant. Dommage, mais il m'aurait sans doute fallu une machette pour terminer le chemin. D'ailleurs, à propos de sentier, il me faut préciser une chose importante : en amérique, TOUT est grand. Alors quand on parle de sentier de randonnée, il faut plutôt y voir une autoroute, lol. Impossible de se perdre.

Le Sulphide Camp, arrivée du Baker River Trail. 
Je n'ai pas vu d'ours noir ni de Cougar (des vrais, hein? Pas des femmes âgées qui courent après les adulescents), mais par contre, j'ai fait fuir deux serpents. On m'a assuré que ce n'étaient pas des vipères. Et il n'y a pas de crotale dans les Cascade Mountains. Il faut aller très à l'est pour en rencontrer. Super balade sous les grands pins de Douglas odoriférants, et de très bonne augure pour celle du lendemain!

Le soir, je suis reparti au cinéma car il y avait une soirée spéciale (avec un reportage) sur le "Roller Derby". Je ne sais pas si vous connaissez ce sport (moi je ne connaissais pas – on en apprend tous les jours!), mais en résumé, ce sont des équipes de femmes qui doivent courir sur un circuit et se mettre de gros tampons ou se faire tomber. C'est rigolo et sexy, sans être vulgaire. A découvrir, donc... Sur place, j'ai retrouvé John Boggs et son épouse. J'ai dépensé mon dernier billet de 10$ ce soir-là. Il ne me restait plus que 50 cents dans mon porte monnaie. Même pas assez pour acheter une carte postale et un timbre pour mes enfants. J'espérais pouvoir retirer un peu à la Columbia bank, mais rien à faire : toutes les transactions étaient refusées. Je me suis dit que ça pourrait attendre le lendemain : il me restait de quoi subsister pour environ deux jours.


Baker Lake.
A l'hôtel, j'ai dormi comme un gros bébé dans mon lit King size. Il n'y a pas à dire : les auberges de jeunesse (International Hostelling), c'est vraiment sympa comme concept, mais je ne crache pas sur la tranquillité d'un bon petit hôtel de temps en temps. J'ai bien fait d'alterner entre chaque escale!

samedi 27 juillet 2013

Cinq jours à San Francisco

Golden Gate Bridge dans le brouillard.
26-7-13. Voilà, mon séjour à Frisco (où il fait relativement frisquet, genre 20°C maximum en journée et 13 le matin...) est en train de se terminer. J'aime beaucoup cette ville et j'oserai le dire : plus que New York. Pourquoi? Difficile à dire. D'abord, le climat est beaucoup plus supportable. La chaleur de NYC est abominable, et les kilomètres y semblent plus longs. J'ai aussi dépassé la moitié de mon séjour aux States cette semaine...

A San Francisco, ce qui frappe en premier lieu, c'est le taux de mendicité. Il y a des "sans domicile fixe" partout, et spécialement dans le quartier de mon hôtel qui s'appelle "Tenderloin". Ce n'est pas qu'on se sente en danger (même s'il y a eu un mort par arme à feu au coin de la rue il y a une semaine - une sordide histoire de drogue, il parait), mais ça met dans une position très inconfortable. 
Alcatraz
En tant que voyageur, C'est à dire ayant certains moyens, je me sens complètement incapable de leur venir en aide. Alors je distribue des cigarettes, mais ça ne m'empêche pas de me sentir très mal à l'aise. Un certain nombre d'entre eux semble en très mauvais état. Abîmés par la vie, alcool, drogue, maladie. On n'a vraiment pas envie d'être mis en face de nos responsabilités quand on part en vacances, et puis surtout, on ne s'attend pas à un tel décalage dans un pays évolué comme les States et encore moins dans une ville aussi chouette que "Frisco". On voudrait que tout soit beau, calme, on voudrait être constamment heureux. Mais dans ce cadre, même si j'ai passé un excellent séjour (je vous recommande l'International Hostelling d'Ellis Street), c'est quand même relativement difficile. 

Enfin bref, J'ai fait énormément de marche à San Francisco (entre 15 et 30 km par jour). Je suis allé 4 fois autour de Fisherman's Wharf, au moins 3 à Chinatown, je suis allé à Russian Hill, au Golden Gate Bridge, au Golden Gate Park, à l'océan Pacifique, aux maison victoriennes à Alamo Square (il y en a partout, en fait), à Twin Peaks (un quartier de SF avec deux - voire trois - pics jumeaux), j'ai visité le sous-marin de la seconde guerre mondiale USS Pampanito, le musée de la mécanique, je suis allé au French Market... Bref, j'ai pas chômé. 
Devant l'immeuble de Linden Lab (ça paie pas de mine, hein?)
Je n'ai pas couru, par contre. La méga ampoule à mon pied gauche est en train de guérir, et je ne voulais pas empêcher davantage ce processus de guérison. 
Je vais donc quitter SF avec regret (je n'ai pas tout vu, mais j'ai vu ce que j'étais venu voir : la maison de Natalie Kay (aka Natalie Linden), celle de Jaimie Perkins (aka Jay Linden), ainsi que le siège de Linden Lab. J'ai recueilli plein d'impressions, d'odeurs, de sensations, d'images. C'est ce que j'étais venu chercher ici. 

les bosses de Jones Street (Russian Hill)
Je n'ai pas pu aller voir Alcatraz : tout était déjà bloqué jusqu'au 14 août. Normalement, je serai de retour en France à cette date là. J'aurais dû réserver depuis chez moi, mais je me suis dit que ça passerait. ça m'apprendra, pour le prochain voyage! Je n'ai pas mangé de sandwich au crabe sur Fisherman's Wharf non plus, ni cette ignoble sauce au poisson dans un pain rond de chez Boudin : ça ne me faisait pas envie en voyant à quoi ça ressemblait en vrai. Je me suis contenté de Sushis, de bananes et de Beef Jerks (Pémikan). D'ailleurs, je ne crois pas avoir pris un gramme depuis mon arrivée aux States. J'ai même du perdre encore un peu, malgré les Happy Hours dans les divers hôtels que j'ai fréquentés. Enfin, je vous dirai ça au retour, lol. 
Sinon, j'ai goûté à peu près toutes les bières de l'hôtel, et ai terminé ma dernière soirée (donc en ce moment même) au Pinot noir Californien. ça fait aussi partie du voyage, des spécialités locales que je voulais tester... 

USS Pampanito
Par contre, je n'ai toujours pas avancé dans l'écriture du tome 2 de L'infection. J'ai pas mal réfléchi, rassemblé mes idées, mais rien de concret n'est encore sorti. Peut-être aurais-je davantage de temps à y consacrer à mon retour au pays? 

Les images de mon séjour à San Francisco ici, et encore là. J'ai vraisemblablement perdu celles d'aujourd'hui suite à une manipulation malencontreuse de mon téléphone portable, qui a failli passer par la fenêtre... Dommage, mais pas grave en soi.

EDIT 1/9/13 : en fait non... je les ai retrouvées ici!

Demain matin, je pars très tôt pour l'aéroport et je serai normalement à Concrete dans la soirée, après un passage obligé aux Snoqualmie Falls.  

mercredi 24 juillet 2013

Cottonwood Road, l'idée en carton de la semaine...

L'entrée de Cottonwood Road. ça vous fait peur, à vous?
21/7/13. Dernier jour à Page, Je comptais en profiter pour aller à Bryce Canyon et Escalante River (Abbey m'a donné l'eau à la bouche avec cette dernière, qui était à l'origine un magnifique canyon entièrement sauvage contenant des pictogrammes Anasazi, mais qui a été entièrement noyé lors de la création du Powell Lake, avec le barrage de Glenn Canyon...) via un raccourcis que j'ai trouvé par hasard en potassant ma carte des sentiers de randonnée, et qui s'appelle Cottonwood Road. Cette route aurait normalement dû m'épargner un certain nombre de kilomètres et me permettre d'économiser mon quota (j'avais 600 miles inclus dans mon contrat de location auto, et j'étais déjà à plus de 400). Donc, pour « économiser », je me suis dit que j'allais passer par le désert. Et puis je suis Etienne H. Boyer, quand même, quoi ! Rien ne résiste à un Boyer, c'est connu ! Mon frère cadet vous dirait la même chose... Alors zou, direction le désert !

Mais ouais! ça roule nickel! 
Au début, j'ai eu du mal à trouver l'entrée. J'ai même failli renoncer et, soit poursuivre sur la route normale, soit rentrer et voir les plages, notamment la marina de Warheap. Et puis d'un coup, j'ai trouvé l'entrée. Ça avait l'air faisable comme ça, à vue d’œil. Une pancarte disait juste « don't go when wet ». Or, comme il n'avait pas plu depuis des jours (c'est le désert, je rappelle, au cas où...), Je me suis engagé sur la piste. Oui, parce que c'est une piste du genre de celles qu'on a en Soule pour aller aux cayolars. Enfin au début... J'ai roulé à la vitesse autorisée (35 Mph maxi), même à moins par moments, parce qu'il y avait parfois des (gros) cailloux à contourner. Je me suis quand même dit, « putain, t'as pas intérêt à tomber en panne ici, mec ! Sinon, tu finis ta chienne de vie déséché et bouffé par les vautours ! ».

Inquiétants, quand même, ces cailloux...
Mais j'ai continué. C'est très beau le désert de l'Utah, en fait (oui, c'est pas en Arizona). Ça change sans arrêt. On passe des 50 nuances de gris aux jaunes délavés, en passant par le saumon et le blanc mat. On en prend plein les yeux, et c'est vraiment l'aventure, telle que je la conçois. Un peu de danger, un peu de trouille, beaucoup de beauté. A un moment donné, j'ai roulé dans une grosse flaque de boue. J'ai un peu dérapé, et je me suis cru au rallye des cimes, avec ma Sonic. Je me suis dit : « Si c'est tout comme ça, ça va aller, oui ! ». Donc j'ai poursuivi. On est un Cow-boy ou on l'est pas ! Je me suis arrêté plusieurs fois pour prendre des photos.
Un peu plus loin, j'ai croisé un gros 4x4 comme il n'y en a qu'en Amérique. Le conducteur m'a regardé avec un air mi-goguenard, mi-interloqué. Je me suis dit « Tu crois quoi, péteux ! Je suis un Boyer et un couillu, moi ! Pas besoin d'un hummer pour passer par des pistes à la noix ! Je le fais déjà chez moi avec ma Logan, alors hein ? ». Mais en même temps, une petite voix – sans doute celle de la compagne trop raisonnable que je n'ai plus, ou tout simplement mon intuition, aussi – s'est faite entendre à l'arrière de mon cerveau reptilien. « Tu devrais renoncer... T'as vu la tête du mec ? Allez, sois intelligent, pour une fois. Arrête d'écouter ta testostérone ». Mais, après un « ta gueule ! » très approprié, c'est la testostérone qui a gagné.

En voyant ces pierres qui ressemblent à des crânes, j'aurais
dû me méfier... 
J'ai donc continué. J'ai roulé, et roulé encore le long de la Paria river. J'ai failli m'arrêter au départ de la piste de Paria Box, mais mon égo m'a forcé à continuer. Et puis c'était tellement chouette, cette solitude, et tellement beau... Sauf qu'à un moment donné, ce n'étaient plus de simples flaques de boue qu'il y avait sur la route, mais carrément des ornières. Là, je me suis dit : « Nan, ce serait con de s'arrêter là, quand même. Tu viens de faire au moins 30 miles ! Accélère pour passer cette merde, tu vas y arriver ! Yes you can ! Allez, comme à Larrau ! Montre-moi que tu es un bon Boyer !»
Alors je l'ai fait. J'ai bien senti que ça avait raclé sous la voiture, mais qu'est-ce qu'un petit bruit ridicule, au regard d'une aventure réussie ? Alors j'ai roulé ! L'histoire s'est répétée un certain nombre de fois, et chaque fois un peu plus long et un peu plus fort, évidemment. Mais toujours cette petite voix me disait, dans ma tête, que si ce n'était pas pire que ça, ça aller passer. « Ça va passer, ça va passer, ça va passer... », comme dans la chanson des VRP : « Le roi de la route ».

50 nuances de gris (lol)
Mais 5 miles plus loin, ça passait plus. Au milieu de la route et sur une vingtaine de mètres, il y avait... Des sables mouvants. Oui oui, vous avez bien lu. Comment j'ai su que c'en était ? Simplement en m'arrêtant devant le marigot. Il n'y avait plus aucune trace de voiture. Seulement des traces de chaussures qui s'enfonçaient brutalement jusqu'aux genoux (au moins). Alors là, je me suis dit : « Merde... là ça passe plus. T'es obligé de faire demi-tour, mec... Pas le choix. » Et donc re-belote les râclements sous la voiture, les bruits suspects, la trouille de se retrouver coincé à 40 miles de la civilisation dans le désert, à la merci des crotales et des pumas... et des vautours !
Je n'avais qu'une peur, c'était de péter un pneu ou le carter d'huile. Dès que je suis arrivé sur la piste stable, j'ai bombardé jusqu'à la route officielle. Je me suis garé sur le parking à l'entrée de Cottonwood Road et j'ai grillé une clope (délicieuse) en remerciant Jésus et tous les saints d'être arrivé. Ensuite, j'ai fait le tour de la voiture, pour voir, et là... Oups... Y'avait du dégât. A priori des carters en plastiques avaient pris cher. J'ai attendu, pour voir si l'huile perlait, mais non, rien. Alors au cas où, je suis reparti en direction de Page.

Retour à la case départ, la queue entre les jambes...
Comme ça roulait bien et que j'étais déçu de ce fiasco (Pas vu Bryce Canyon, pas vu Escalante, pété la voiture...), je me suis arrêté juste après le barrage de Glenn Canyon, délaissant la marina de Warheap (payante : 15$ – tout est payant là bas ! Et tout est fermé aussi : il y a des kilomètres de grillages et de barbelés le long des routes ! Du coup, on ne peut absolument pas faire de rando sauvage, comme en France.) pour un endroit gratuit. Et là, coup de bol, c'était ouvert et il y avait quelques collines à gravir. Je ne me suis pas fait prier, même si je crevais de chaud !
Ensuite, je me suis arrêté à un joli point de vue, pour photographier le barrage de Glenn Canyon, et je suis rentré à l'hôtel. Il devait être genre 13h00. Là, j'ai regardé un peu mieux l'état de la voiture. J'ai vu qu'un des plastiques (celui sous le réservoir d'huile) touchait la route, et plusieurs autres étaient tordus ou déglingués. J'avais les boules, mais j'avais encore espoir de planquer le truc, (comme la fois où mon frangin – le cadet, encore lui – m'avait mis un nounours dans ma lampe de chevet, que je ne l'avais pas vu le matin, et qu'il avait commencé à se consumer lentement, jusqu'à dégager une fumée âcre et noire. De trouille de me faire engueuler par mes parents, j'avais caché le nounours incandescent dans un autre nounours – un chat siamois – qui servait de range pyjama, et j'avais tout camouflé dans mon armoire, sous un tas de linge sale. En remontant dans ma chambre après le petit déjeuner, j'ai fait semblant de ne pas savoir d'où venait le fog nauséabond qui sortait de dessous la porte, mais en fait, je savais très bien...). Bref...
J'ai essayé d'attacher les parties éclatées avec du fil de nylon que j'avais avec moi, mais rien à faire. La voiture était trop basse. J'ai cherché chez Safeway si je pouvais trouver du fil de fer et une pince coupante, mais il n'y avait rien de tel. Et les autres boutiques qui auraient pu me fournir ça étaient fermées (Dimanche...). Après avoir passé la voiture au kärscher, Je suis rentré dans ma chambre en maugréant, me concentrant sur mes bagages et me disant que la nuit allait me porter conseil...

Une plage près du barrage de Glenn Canyon
22/7/13. Et le matin, je me suis réveillé à 6h00, toujours aussi con... Qu'allais-je bien pouvoir faire pour rattraper la sauce ? Beh rien. Il n'y avait rien à faire. Même avec de la colle super forte, je ne pouvais pas atteindre les parties abîmées du bas de caisse. Alors j'ai relu mon contrat en me rongeant les ongles. Une mention spécifiait que je n'avais pas le droit de réparer (ou faire réparer) en cas d'avarie et que je devais ramener la voiture en l'état au loueur. Alors, après avoir rendu les clés de la chambre, j'ai pris mes cojones dans la main, et j'y suis allé. Au moins, dans l'histoire, j'aurais été un parfait connaud, mais j'aurais été honnête ! C'est aussi ça, être un Boyer, parfois...
J'avais quand même encore espoir que le gars d'Avis ne voit rien, mais je suis arrivé au parking de l'aéroport en même temps que lui.

La marina de Warheap (vue de loin). 
Higgins (je l'ai surnommé comme ça à son insu, parce que je trouvais qu'il ressemblait au copain de Magnum, en plus grand) est sorti de sa caisse furibard, les yeux exorbités. « What did you do with my car ? You went on a dirt road with it ? Your contract says the car must not go off-road !  What am I going to say to the clients who rented the car for tomorrow now ?» (je vous laisse le soin de traduire). Et là, je me suis confondu en excuses. J'étais désolé, je savais pas, j'avais pas fait exprès (ce qui était un peu vrai, quand même), et Cottonwood Road, c'est une road, alors c'est pas off-road... Bref, j'ai baissé ma culotte et me suis mis à quatre pattes ! Pas du tout Boyer, ça, comme attitude. J'ai ajouté que j'allais payer ce qu'il fallait payer, qu'il ne s'inquiète pas... Higgins (très gentil à la base) tremblait de partout. Je le sentais déçu, contrarié. Il m'avait fait confiance, m'avait loué une voiture que je lui avais rendue dans un triste état... Salaud de français, tiens ! Et puis il a fini par se calmer : j'ai accepté de le suivre jusqu'au garage (juste à côté de mon hôtel, lol) pour voir pour combien il y en aurait, mais uniquement s'il me laissait aller aux toilettes de l'aéroport avant. En effet, entre le moment de mon arrivée et ce moment-là, je sentais que si je ne faisais pas gaffe, je faisais tout sous moi... Et j'ai bien fait de négocier ça, les amis !

Le barrage de Glenn Canyon. Vue d'ensemble.
La suite, ben c'est l'examen de la voiture par le mécano, qui a fini par dire que ce n'étaient (fort heureusement) que des dégâts "cosmétiques" et que la voiture pourrait rouler (une fois réparée). Plus tard, alors que j'attendais mon vol pour San Francisco via Phoenix, Higgins est revenu me voir, et m'a annoncé un premier chiffre : 760$ de réparations... J'ai mis du temps à avaler la pilule, quand même... J'y pense encore, un brin désabusé.

Eh voilà ! J'avais qu'à pas me prendre pour Louis Dronde !  

lundi 22 juillet 2013

Monument Valley porte bien son nom...

Two legends : Monument Valley and me!
20/7/13. Aujourd'hui, départ pour Monument Valley. Je voulais aussi pousser jusqu'au parc des Arches, mais vous le lirez plus loin, j'ai fini par renoncer à cause de la distance et de l'orage qui menaçait. Mais commençons par le commencement : lever tôt, 6h30, pour en profiter un maximum. Il fait déjà une chaleur terrible dehors. Dans la chambre aussi, vu que j'ai coupé la clim' pour la nuit. Après la douche et le petit déj' "continental", j'ai pris la route 98 à travers le désert, puis une heure et demi plus tard, j'ai bifurqué à gauche sur la route 160 en direction de Kayenta.
Thumb - Monument Valley
Je suis arrivé à Monument Valley une heure plus tard (je me suis arrêté pas mal de fois pour prendre des photos). Le paysage est indescriptible. Du moins, je n'ai pas les mots pour le faire. C'est juste incroyable, énorme, très impressionnant. Les images, même si elles ne reflètent que très faiblement la réalité, vous en diront plus sur l'aura que diffuse ce lieu unique.
Ces mesas rouges de plusieurs centaines de mètres de haut semblent toucher le ciel. On se croirait dans un film de John Ford, si ce n'était le ballet incessant des 4x4 dévalant la piste en contrebas. Coup de chance, il fait très beau et la piste a l'air relativement propre et dégagée. Sablonneuse, mais praticable avec la Sonic.

Sur la piste dans Monument Valley
Après avoir fait un petit tour dans la boutique immense du centre d'accueil des visiteurs, où les tiroirs-caisse résonnent à plein régime, je me suis mis en tête de descendre, moi aussi, afin d'affronter au plus près ces géants du Far West. Et c'est ce que j'ai fait, tout en respectant scrupuleusement les limitations de vitesse (il y a beaucoup d'autres voitures, des piétons, et des rochers partout). J'ai déjeuné à un endroit appelé Artist View, puis ai tranquillement repris mon chemin. La voiture était couverte de poussière, mais en parfait état de marche. J'ai acheté quelques souvenirs Navajos pour les enfants avant de repartir vers de nouvelles aventures.

Les Twin Rocks de la ville de Bluff (Utah)
A cette heure-là (vers 13 heures), je me suis dit que j'avais encore le temps d'accéder au parc des Arches avant la fermeture. Mais c'était sans compter sur le décalage horaire (d'une heure) entre l'état d'Arizona et celui de l'Utah. Là bas, il était déjà 14 heures. Et comme je ne roulais pas trop vite, m'arrêtant parfois tous les 500 mètres pour prendre des photos, je n'avançais pas aussi rapidement que je pensais. J'ai quitté la route 160 pour la 190, remontant vers le nord, ai passé les villes de Bluff (lol), de Mexican Hat (relol), traversant autant de paysages indescriptibles autant qu'improbables et suis arrivé à Blanding vers 16h30 heure locale. Il me restait encore 76 Miles à parcourir jusqu'à Moab, puis encore quelques uns jusqu'au parc... Mais je n'avais presque plus d'essence. Obligé de m'arrêter à une station service. Et là c'est le drame : je m'aperçois que j'ai oublié de demander au loueur de voiture quel type de carburant je devais mettre dans la mienne... Et bien sûr, aucune indication nulle part dans le véhicule! Jesus Christ!
Heureusement, je suis tombé sur une Navajo très sympa qui a bien voulu appeler Avis avec son téléphone portable. Au bout d'un moment, elle a pu me confirmer que la Sonic fonctionnait au "Regular Gaz unleaded". Ouf! Si j'avais écouté mon intuition idiote, j'aurais mis du gasoil! Quelle aventure, les amis, mais quelle aventure! :D

Monument Valley, route 160. Retour vers Page.
Mais du coup, j'ai perdu une bonne heure à Blanding, où j'ai trouvé le moyen de me planter de route, en plus (lol). Le ciel s'obscurcissant de nuages d'orage, et sachant qu'une partie de la route après Kayenta était susceptible d'être inondée si jamais ça pétait, j'ai préféré jouer la prudence. Après une vingtaine de miles, j'ai finalement pris le chemin du retour vers Page. C'est marrant comme le paysage change de couleur et d'ambiance en fonction de l'heure de la journée... Je me suis encore arrêté à plusieurs reprises pour faire quelques photos, et j'ai fini par arriver à Page aux alentours de 19h30. J'ai eu la flemme de me faire à manger, alors je suis allé au Blue Buddha, un restaurant très chouette à quelques centaines de mètres de l'hôtel. J'y ai dégusté les meilleurs Sashimis que j'aie jamais mangés, accompagnés d'une excellente Lager locale.

Ensuite, je n'ai pas traîné. J'étais au lit à 9h30. Le lendemain, j'avais l'intention d'aller au Bryce Canyon ainsi qu'à Grand Staircase Escalante en passant par la Cottonwood road, une piste au nord de Page, raccourci qui permet d'éviter des kilomètres de route inutiles. Mais, ça, c'est la théorie ;-)

Voir toutes les photos de cette excursion à Monument Valley? (cliquez sur le lien!)

Antelope Canyons, Horseshoe bent et Glen Canyon dam.

L'entrée de Upper Antelope Canyon
19/7/13. Cette nuit, j'ai fait le tour du cadran. Quel plaisir de pouvoir dormir comme un bébé dans un lit aussi spacieux que confortable. Par contre, les américains et leur clim à fond!!! Heureusement, j'ai eu la présence d'esprit de couper tout ça, avant de choper une angine - en plus de tout le reste, lol. Ah oui, parce que je me suis réveillé avec 3 boutons de fièvre. Si je tenais la chère madame qui m'a refilé cette merde, elle passerait un sale quart d'heure! Depuis, chaque fois que je stresse ou que je suis fatigué, ça réapparaît comme par enchantement. Enfin, ça aussi, c'est l'aventure, hum... 
Photo prise par Henry
Je me suis douché, j'ai pansé mon ampoule (qui ressemble à un bon gros steak bien saignant maintenant), et je suis allé déjeuner dans la salle d'accueil de l'hôtel. J'ai le petit déj' "continental" compris dans le prix de la chambre. Je m'en suis mis plein la lampe (il y a des œufs, des saucisses, des céréales, des toasts et de la confiture, des cupcakes, du café et du jus de pomme à volonté...), sachant que j'allais pas mal vadrouiller dans la journée, puis j'ai pris mon sac à dos (avec trousse de premiers secours, bouffe et 4 litres d'eau) et suis reparti en direction de l'aéroport, où se situe l'agence de location de voiture. J'ai montré patte blanche, signé les divers papiers et embarqué l'auto, une  petite Chevrolet Sonic rouge, à vitesses automatiques. Il a fallu que je demande au gars de m'expliquer comment ça fonctionne, parce que c'est un dépucelage, pour moi... En fait, c'est hyper simple à utiliser, bien moins stressant que nos modèles européens habituels. 

Un rai de soleil dans Upper Antelope Canyon
Et en route pour les canyons d'Antelope! Il n'y en a qu'un, mais il se sépare en deux. La route 98 passe au dessus de la séparation. Il y a donc Upper Antelope Canyon et Lower Antelope Canyon. J'ai suivi les conseils du guide du Routard. D'abord l'Upper et aller directement sur place (c'est moins cher que de passer par une agence du centre ville). Là, des Navajos partout, qui m'ont accueilli avec toujours la même gentillesse qui les caractérise. Au début, je la soupçonnais d'être intéressée, cette gentillesse, mais ce serait prêter au Navajos des intentions calculatrices. Or, Ce sont certes des commerçants, mais ils sont foncièrement gentils et serviables de caractère. Je me suis retrouvé dans un groupe de 11 personnes, dans le 4x4 d'un guide Navajo nommé Henry, qui a été incroyable. Non seulement il m'a permis de monter à l'avant avec lui, mais en plus, il était plutôt du genre curieux et prolixe. Un peu comme moi, quoi. Du coup, on a pas mal parlé pendant le trajet jusqu'à la fissure qui marque l'entrée du canyon. A l'intérieur, c'est un peu "l'usine". Les groupes se succèdent à la chaîne, et il faut que ça avance vite, pour que chacun y trouve son compte. La visite dure une heure et demi, pas une minute de plus. Par contre, on en a pour son argent (40$)! C'est tout simplement féérique, là dedans. Un monde à part : on pénètre le ventre du désert. Quand on en ressort, c'est presque comme une nouvelle naissance. 
J'exagère à peine, comme toujours :D

Henry, notre guide Navajo.
Henry est un artiste. Il s'y connait en appareils photo de toute sorte. Il n'hésite pas à nous indiquer les belles images à faire, quitte à se saisir du matériel, le régler lui-même (!) et prendre le cliché pour nous. Et à chaque coup, c'est un chef d'oeuvre... C'est un poète aussi. Il nous montre des formes dans la pierre de sable ("Navajo sandstone", comme ils disent là-bas) et c'est toujours un vrai régal pour les yeux. Il y a tant de photos à faire, tant de pierres douces comme la soie à caresser... C'est magique. Et puis cette lumière matinale qui perce de temps à autres et qui donne au roc cette couleur ocre jaune inimitable, tirant jusqu'au violet, c'est divin. Henry est aussi un géologue, qui nous explique comment la roche s'est formée au fil du temps, au fil de l'eau. Il nous raconte que, lorsque l'orage s'abat dans la région (fréquemment), cela crée des "Flash-Floods" (ou inondations éclair) qui creusent le canyon et changent sa configuration à chaque fois, et peuvent s'avérer mortelles pour les imprudents.
A la fin, Henry a fait son spectacle : il a jeté des poignées de sable en l'air, qui ont révélé, rendu tangibles les rayons solaires dans le canyon. De toute beauté, vraiment.
J'ai terminé la visite sur un petit nuage. C'est passé si vite...

Horseshoe bent.
Mais il était déjà presque midi et Henry m'avait dit d'attendre 14 heures pour aller au Lower Antelope Canyon ; alors j'ai repris le volant jusqu'au parking du sentier qui part à Horseshoe bent, une des innombrables circonvolutions du Colorado en forme de fer à cheval, située juste après le barrage de Glenn Canyon. Là, beaucoup moins de monde en vue. Le soleil commençait déjà à taper fort. J'ai grimpé le sentier quatre à quatre, me suis mélangé aux autres touristes qui prenaient des photos, puis ai bifurqué sur la droite, longeant la falaise. Au bout du bout, seul comme le premier homme, j'ai pique-niqué sous les regards curieux de quelques rapaces que je n'ai pas su identifier, tout en admirant la beauté sauvage de ce paysage hallucinant, puis suis reparti tranquillement vers le parking.
Parfois, quand je me retrouve parmi un groupe de touristes (notamment des français), je me marre intérieurement de leurs manies, de leurs engueulades, de leur façon de se croire à l'abri lorsqu'ils critiquent tout à tort et à travers. Je me marre encore plus ouvertement lorsqu'ils s'aperçoivent que le type d'à côté était français lui aussi, et qu'il a tout entendu. Ça doit se voir sur mon visage que je ris de leurs facéties. Je suis sûr que je ne fais pas mieux que mes congénères, mais ça me rassure quand même de voir que je suis moins "untravelled" que certains...

Photo prise par Jay.
Je suis arrivé vers 13h20 à Lower Antelope Canyon. Dans le guide du Routard, il est écrit que c'est le plus beau des deux, et c'est tout à fait vrai. D'abord parce qu'il y a beaucoup moins de monde, mais aussi par le côté un peu plus aventureux de la visite. Il y a des échelles de fer partout à l'intérieur du canyon, qui lui même est parfois très étroit. Je ne suis pas certain que j'aurais pu passer aussi facilement entre les failles en octobre dernier. Ce coup-ci, c'est Jay, un jeune Navajo de moins de 20 ans, qui nous a guidés dans le dédale, avec sa flûte indienne en bandoulière. Très sympa, lui aussi, quoi que plus distant. Je mets ça sur le compte de son jeune âge. Lui aussi savait manier tous les instruments des touristes : tablettes tactiles, reflex numériques, bridges, petits compacts (comme le mien), ou mobiles, aucun n'avait de secret pour lui. Et lui aussi nous a pris quelques photos de coins qu'il apprécie plus particulièrement. Notamment celui de la voûte (voire photo ci-contre).
Ici et à cette heure, les couleurs oscillent entre l'ocre orangé et le jaune vif.

Jay et sa flûte, Lower Antelope Canyon.
La roche est douce, pleine de méandres et de détours, de cavités et de protubérances improbables. C'est tout simplement magnifique. Mais tout aussi mortel. En 1997, 12 personnes y sont mortes noyées, dont une majorité de français. A l'entrée du défilé, un mémorial est chargé d'intimer chacun à la prudence...
Dans la salle finale, Jay a sorti sa flûte et a joué un long moment. Je ne sais pas si vous connaissez le son de la flûte indienne (des indiens d'Amérique), mais à moi, du moins, ça fait des frissons à la colonne vertébrale. Et dans cet espace naturel, c'était tout simplement magique. Le retour l'est un peu moins, face aux trois cheminées de l'usine de production électrique. Mais ça a aussi son charme désuet... Si si, cherchez bien!

Et puisqu'on parle d'usine, je ne pouvais pas terminer la journée sans aller visiter le barrage de Glenn Canyon, celui-là même que fustige Edward Abbey à longueur de page, dans "le gang de la clé à molette". J'y suis donc allé pour l'expérience, mais les guides sont plutôt du genre à encenser l'oeuvre technique, moins à parler des désagréments écologiques qu'il a engendrés. Et puis sans le barrage, pas de tourisme, et donc pas de Page... Tout s'imbrique... Un mal pour un bien, etc.
Une vieille turbine exposée sur le barrage de Glenn Canyon
Mais bon. Grosso modo, c'était quand même intéressant, et c'est effectivement un énorme travail qui a duré des années et monopolisé un tas de gens, et des tonnes de béton et d'acier. Et ça fournit de l'électricité pour des millions de personnes, selon le guide, donc où est le mal?
Une chose amusante à propos de cette visite, c'est qu'on y est fouillés comme à l'aéroport. J'ai dû laisser plein de trucs dans la voiture pour pouvoir entrer. Et une fois à l'intérieur, on reçoit un billet sur lequel il est inscrit noir sur blanc et en GRAS qu'il ne faut surtout pas prononcer certains mots (bomb, threat, terrorism...), même pour rire, au risque de se retrouver expulsé du site manu militari! Personne n'a osé... Au cas où?
Autre chose amusante, on retrouve les livres d'Abbey dans la boutique du barrage. Sauf le fameux "gang de la clé à molette". Bizarre, non?

Le soir, après un repas frugal (et fruitier), je me suis couché tôt, car j'avais l'intention de partir assez loin en balade. J'hésitais entre le parc des Arches (assez loin) ou Monument Valley (dans les 150 miles de Page)...

Voir toutes les photos de cette excursion? Cliquez sur le lien!

De Newark à Denver, de Denver à Page.

Le petit coucou qui m'attendait à Denver...
18/7/13. Aucun souci pour prendre l'avion à Newark. J'ai passé les security checkpoints avec succès, et ai embarqué assez vite dans un avion de taille moyenne. Un peu le genre de celui que j'avais pris à Pau. Pour une fois, j'étais assis à côté d'une charmante jeune fille... qui n'a pas arrêté de roupiller de tout le vol, lol.
Arrivé à Denver, il m'a fallu reculer de deux heures. Vous rendez-vous compte? En amérique, l'avion est une machine à remonter dans le temps! C'est pas chez nous que ça arriverait, ça! Quand je vous dis qu'on a 20 ans de retard ;-)

La grande traversée des choux-fleur
A Denver, on m'a gentiment aiguillé vers le bon terminal. Pas de checkpoint ici. C'est la routine... Dans les couloirs de l'aéroport, je croise mes premiers cowboys (avec Stetson, bottes en peau de crotale et chemise en jeans) et mes premiers indiens. D'ailleurs, on ne dit pas "indien" ici, mais Native American, c'est beaucoup plus politiquement correct. Les américains sont très sensibles sur cette question. C'est sûr qu'ils doivent avoir un peu de scrupules, après avoir tué, puis parqué dans des réserves les autochtones pour pouvoir bâtir leur constitution... Les français n'ont pas fait mieux en Algérie ou ailleurs, remarquez. Sauf que eux, ils ont fini par partir.
Enfin, bon, on ne va pas tergiverser, hein? D'ailleurs les fameux indiens commencent à pas mal tirer leur épingle du jeu, au final. Nombre d'entre eux vivent (bien) du tourisme (et parfois du jeu) ainsi que de la vente de leurs artisanat. Je crois que ça ne va pas trop plaire, ce que je vais dire, mais je trouve qu'aujourd'hui, ils sont un peu comme les basques en France : intégrés à la société qui les a bouffés, mais intègres et autonomes (ou cherchant à le devenir, pour les basques). Bref.

Premiers canyons, sous la couche cotonneuse !!!
Au bout de trois petites heures d'attente, on m'a dirigé vers un "minuscule" coucou bleu-blanc-rouge à hélices. Pas de passerelle : l'accès à l'avion s'est fait directement depuis le tarmac, comme dans Tintin. J'avoue que j'ai eu le fessier qui s'est un peu contracté en voyant l'engin. Mais bon : ça aussi c'est l'aventure! Alors je suis monté et ai pris place. Dans l'avion, une place de chaque côté de la travée centrale... Je voyais la cabine et les deux pilotes depuis mon siège. Et puis l'avion a décollé. Il a même volé, dites donc! Bon, rien à voir avec le gros Airbus transatlantique. A la moindre traversée de nuage, on avait l'impression qu'il allait perdre une aile ou piquer du nez. Et ça tombait mal : il y en avait un paquet, de gros nuages d'orage. Mais apparemment, on s'en est bien tirés ce coup-ci. En tout cas, j'étais content de ne pas avoir mangé avant le départ! Je vais garder la technique pour le prochain vol, lundi midi, puisque je vais vraisemblablement reprendre le même zinc. J'ai quand même éprouvé une terrible excitation à la vue des premiers canyons, et bien entendu à celle du Lake Powell, juste avant d'arriver. 
L'atterrissage à Page a été assez folklorique. Là encore, j'ai cru que les 14 passagers, les deux pilotes et moi-même allions y rester, mais non. Solide cet engin!

Le Powell Lake, juste avant d'atterrir. 
Dehors, la chaleur était écrasante, mais complètement différente de celle de New York : une chaleur sèche et saine. Du coup, entre l'aéroport et mon hôtel (environ 2 km), je n'ai pratiquement pas sué. J'ai marché lentement (à cause de mon pied douloureux), mais je suis arrivé à bon port. Le réceptionniste a un accent atroce, à couper au couteau, genre de l'irlande profonde (ou du pays de Galles), mais on a fini par se comprendre. C'est le grand luxe, ma chambre! J'ai la télé (que je n'utiliserai pas), un frigo, et un king size bed (immense! On pourrait dormir à 3). Dans la cour, il y a une piscine (que je n'utiliserai pas), plein de distributeurs de Coca Cola (idem) et l'hôtel est en "plein centre" de Page, face au Safeway (parfait pour les courses). Autour, il y a un paquet de boutiques Navajos qui vendent de l'artisanat ou des promenades dans divers sites classés sous leur juridiction. Il y a des restaus, des pompes à essence, des banques, des bouches à incendie aux couleurs de Captain America... C'est pas le désert, ma foi!
Ah si...

On m'a souvent demandé pourquoi j'allais en Arizona, si je n'utilisais pas mon voyage pour l'écriture du tome 2 de L'infection. En fait, c'est la lecture des romans d'Edward Abbey ("Le gang de la clé à molette", "Désert Solitaire"... disponibles à la bibliothèque de Mauléon) qui m'a donné envie d'y poser mes sacs pour quelques jours. Au départ, je devais aller à San Diego (voir Coyote Wells), et puis comme je n'y fais qu'une toute petite allusion, je me suis dit que ce serait bête d'aller aux USA et de ne pas au moins voir les canyons. Alors c'est sûr qu'en 4 jours, je ne vais pas pouvoir tout faire. Surtout avec le pied dans cet état. Mais je vais faire mon maximum, profiter de l'instant présent, de l'air ambiant, du sourire et de la gentillesse des Navajos. Voilà l'idée : suivre les pas (pas tous) d'Abbey et en prendre plein les mirettes!

"En Amérique, tout est grand", disait la blague. C'est ma foi
vrai. Il y a comme un culte à la démesure. Parfois, ça peut
effrayer... (photo réalisée sans trucage)
Je suis allé acheter quelques trucs à manger pour le soir (je n'avais rien dans l'estomac depuis le matin 5h00 à Newark) et pour le lendemain, car je devais aller chercher ma voiture de location puis partir en balade dans l'arrière pays, autour du Lac Powell. Je n'avais encore rien de fixé. Il y a tellement de choses à faire ici, et la perception des distances est tellement faussée...

Après manger (des mûres de la taille de mon pouce – photo à l'appui – des tomates et du Pémikan – putain ce que c'est bon cette cochonnerie! – et du fromage en batonnet – sans déconner...), j'ai à nouveau charcuté mon pied qui baignait dans son jus depuis 24 heures, et comme je n'en pouvais plus (décalage horaire oblige), je me suis couché vers 18 heures, sachant que j'avais mis le réveil pour 6h30. La journée appartient à ceux qui se lèvent tôt, surtout en vacances :D

mercredi 17 juillet 2013

Derniers jours à New York City... (sniff!)

Who's the Rex, now, uh?
15/7/13. Ce qui est vraiment impressionnant, à New York et qui marque dès le début, c'est que les américains (toute origine sociale confondue) sont constamment avec un téléphone portable à la main. Beaucoup téléphonent, d'autres – aussi nombreux – écoutent de la musique au casque tout en marchant, mais c'est comme si on leur avait greffé cet appendice technoïde dans le corps !
Les attaques de vautour, on en parlait déjà du temps de la préhistoire (lol)
Autre chose qui marque : l'usage démesuré de la climatisation. C'est vrai qu'il fait chaud, à New York, mais là, ça dépasse l'entendement : les boutiques de la ville exhalent toutes ce courant d'air froid (remarquez que je n'ai pas dit "frais", mais bien "froid"!) qui contraste durement avec celui, lourd et moite du dehors. Le premier soir, j'ai même choppé un torticolis dans un magasin de souvenirs de Times Square, à cause de la clim!

Lundi, j'avais tellement mal au pied (gauche – j'ai attrapé une méga ampoule en parcourant la ville en espadrilles la veille, remember?) que j'ai décidé de marcher beaucoup moins. Je devais aller visiter Central Park (balade de 4 heures) avec un groupe de l'hôtel, mais j'ai déclaré forfait au dernier moment. Je suis quand même passé par Central Park pour aller là où je me rendais, c'est à dire à l'American Museum Of Natural History, situé à une demi douzaine de blocs de l'hôtel. Ce musée est vraiment immense et rappelle en tout point celui du film "Une nuit au musée", avec Ben Stiller. Il y a pléthore de superbes scénographies, d'expositions, de maquettes, de squelettes de dinosaures ou d'animaux empaillés, de minéraux précieux et on y trouve même "Gomgom", cette espèce de reproduction d'une statue de l'île de Pâques. Je ne suis pas resté jusqu'à la nuit, pour voir si tout ça prenait vie (j'ai fait quand même 4 heures et je suis certain de ne pas avoir tout vu!), mais en tout cas, ça aurait plu aux gosses. Next time, maybe?

Il ne m'a pas demandé de Chewing gums. En même temps
 je ne sais pas s'il aime les Fischerman's friend...
Ensuite, je suis remonté tranquillement à l'hôtel en passant par Broadway Avenue, sans trop forcer. Ma voûte plantaire semblait aller bien mieux, même si, la fatigue aidant, je me suis remis à boiter. Le soir, après dîner (j'ai mangé une salade de tomates Mozzarella, un énorme Panini au boeuf et un blueberry cheese cake – je détaille, histoire de prouver à Pette que je ne mange pas que des bananes ou des smoothies...), je suis allé me promener dans Amsterdam Avenue, mais comme j'ai été accosté 3 fois par le même individu (je lui ai même demandé si sa mère avait fait des triplés ou quoi?) qui réclamait 2 dollars pour picoler, j'ai fini par rentrer à l'hôtel, un tantinet désabusé.

16/7/13. Le lendemain matin, réveil à 6h00, jet lag oblige. Ce coup-ci, vu que j'avais repéré le trajet la veille, et que mon pied ne me faisait plus trop souffrir, je suis allé courir 9 km autour du plan d'eau de Jackie Onassis, appelé le "Réservoir", autour duquel Dustin Hoffman s'entraînait dans "Marathon Man". Il faisait déjà très très chaud à 6h30 du matin, mais j'ai tenu bon.
Un petit jogging dans Central Park? La classe (américaine)!
En rentrant, avec la chaleur ambiante, j'ai mis un temps fou à stopper la sudation. Douche, déjeuner, puis départ pour la Highline, cette jolie promenade sur une ancienne voie ferrée suspendue transformée en jardin public permet de découvrir New York avec un autre oeil. Auparavant, en traversant Chelsea, je me suis aperçu que je passais à Hell's Kitchen, le quartier de Daredevil. Je n'ai pas vu le héros cornu aveugle courir les toits, mais il est vrai qu'il ne sort que la nuit... Plus tard, sur les bons conseils du Guide du Routard, je me suis arrêté à la boutique "Native Leather", sur Bleeker street (à Greenwich Village), pour acheter un souvenir "Made in USA" pour mon fils.
La Highline, havre de paix et de verdure en plein New York.
J'ai à nouveau croisé Broadway Avenue pour rejoindre Little Italy, qui n'a plus d'Italie que le nom, puisque les lieux sont colonisés par les chinois de Chinatown. Justement, c'est vers ce quartier que je me dirigeais, recommençant à boiter... J'ai hésité entre m'arrêter pour manger dans un restaurant chinois, ou reprendre un délicieux smoothie, mais pas longtemps. C'est trop bon, ces jus de fruits frais glacés! Et ça remplit bien son homme, puisque dans le Fruitie Tootie (mon préféré), il y a de la mangue, des fraises, des ananas et... deux bananes! J'ai zoné un peu dans Chinatown, reniflant les parfums d'orient, tendant l'oreille aux dialogues en cantonais (que je n'ai pas compris, évidemment), bref, je cherchais une ambiance exotique. Je suis un peu déçu par Chinatown à New York. Je m'attendais à quelque chose de plus... Enfin de moins... Enfin je me comprends. Normalement, dans 6 jours, je logerai à deux blocs de celui de San Francisco, qui parait-il est vraiment dépaysant. A voir...

Le Brooklyn bridge, en travaux de rénovation.
J'ai poursuivi mon bout de chemin vers le pont de Brooklyn, sachant que je n'aurais jamais la force de le traverser. Il faut savoir que la perception des distances en amérique est complètement différente de celle qu'on a chez nous. Tout est tellement gigantesque, ça fait peur, par moment!
De toute façon, je voulais juste faire une photo du pont. Ensuite, j'ai longé l'East River jusqu'au Ferry de Staten Island, me disant que je pourrais toujours pousser jusqu'à Castle Clinton pour prendre un billet pour Liberty Island, mais j'ai eu la flemme au dernier moment : trop de monde. Et puis le cadeau pour Louis (un couteau tactique de chez "Buck") aurait risqué de me poser un petit problème au Security Checkpoint. Alors j'ai opté pour le Ferry (gratuit) et fait l'aller-retour dans la foulée, shootant la statue et Downtown Manhattan à qui mieux-mieux. Déjà, à ce moment-là (il était genre 16h30), mon pied recommençait à me faire souffrir, alors j'ai lâché l'idée de me faire le WTC Memorial et me suis dit qu'il valait mieux songer à remonter tranquillement, via Broadway Avenue. 
Lady Liberty...
Je me suis arrêté pour manger quelques sushis et sashimis près de Wall Street, puis ai poursuivi ma route d'estropié en m'arrêtant pendant 10 minutes tous les 2 km jusqu'à l'hôtel. Je suis arrivé vers 19h30 lessivé, trempé, puant, suffocant, geignant et à la limite de tomber dans les pommes. J'avais le tournis, des tremblements (bien plus qu'en temps normal) et des fourmis dans les bras. Quant à mon pied, je vous passe les détails... Les abonnés à mon compte Facebook ont pu voir une photo qui en dit long sur son état :D
Du coup, je me suis douché, ai pansé ma plaie et me suis mis au lit sans manger. A 20 heures, je n'étais déjà plus de ce monde... Rendez-vous compte : j'ai fait pas loin de 30km à pied (en comptant les tours et les détours) ce jour-là! Et autant l'avant-veille!!! Qu'est-ce que ça aurait été si je ne m'étais pas entraîné en montagne, ces dernières semaines...

17/7/13. Ce matin, je me suis réveillé relativement en forme (à 05h30, quand même). Ma voûte plantaire enfléee me faisait toujours mal, alors je l'ai charcutée un peu, puis l'ai bien soignée. C'est que – normalement – je vais rester 24 heures sans me changer, donc mieux vaut que cet aspect-là de ma santé soit relativement en ordre. Après le petit déjeuner, j'ai fait mes bagages car je quittais New York City pour l'aéroport de Newark, dans l'attente de mon avion pour Page (Arizona) qui part demain matin à 7h20. J'aurais pu rester un peu plus longtemps en ville pour profiter de ce dernier jour, en visitant quelque musée ou autre, mais comme je ne peux pas marcher (surtout avec deux sacs à dos), et que je devais quitter l'hôtel à 11 heures, pas la peine de me casser la tête. Je préfère être au top de ma forme pour affronter le Glenn Canyon dès demain après-midi!

Dans le quartier des affaires, à Downtown Manhattan
Le taxi est donc venu me chercher vers midi, et depuis lors, je hante les couloirs de l'aéroport du New Jersey en quête d'un coin pour dormir tranquillement ce soir (si j'y arrive) et d'un spot Wifi pour communiquer avec mes amis que j'ai laissés en France. De temps en temps, j'observe les gens, voyageurs (comme cette jolie asiatique aux cheveux ondulés qui lutte avec sa valise à roulettes, cette hôtesse de l'air cambrée comme si elle avait un balais coincé dans le cul, ou encore cette américaine tatouée de partout portant un chapeau à la Scarlett O'Hara complètement décalé), ou membres du personnel (la grosse mama de l'accueil, dont la voix de gorge résonne à 20 mètres à la ronde, ou ces deux petits flics à pantalons moulants qui marchent comme lucky Luke en buvant du coca cola, ou encore ce beau noir d'un certain âge en costume de stewart, avec son Talkie Walkie crachouillant qui, assis, attend patiemment que la personne handicapée qu'il doit prendre en charge passe les portes de l'aérogare), qui passent devant moi sans me voir. J'ai l'impression d'être d'une autre dimension. Cette distance me confère comme un pouvoir magique, un peu analogue à celui qu'on peut ressentir quand va au cinéma : on est dedans sans y être vraiment.
This could be my new fiancée...
Sauf qu'aucun des personnages de CE film bien réel ne saura (ne se rappellera) jamais que, pendant des minutes, parfois des heures, un témoin invisible les aura détaillé de la tête aux pieds et aura imaginé des scenarii improbables voire même fantasmé avec leurs vies. Ça vous fait peur, hein? C'est mon côté psychopathe, je présume...


Je ne sais pas à quelle heure je vais enfin savoir à quel endroit me présenter, ni si mon gros sac à dos est enregistré dans mon billet d'avion en tant que babage de soute, ou pas. On verra. J'ai encore beaucoup de temps pour stresser. Tant que je ne suis pas obligé de marcher ;-)

Voir toutes les photos des jour 3 et jour 4? (cliclic sur les liens!)

lundi 15 juillet 2013

Premiers jours à NYC!

En approche de NYC
13/7/13 : Voilà, après un long mais sympathique vol avec Aer Lingus, je suis enfin arrivé à l'aéroport JFK, à New York. Je suis crevé, lessivé : dormir dans l'aéroport Charles de Gaulle ne me l'a pas trop mise (la gaule), et j'ai hâte de prendre une douche. Ici, il fait une chaleur tropicale, humide, pesante, grasse, collante. 

Je hèle un taxi (Yellow Cab, comme il se doit), et le charmant conducteur afghan d'origine me dépose devant l'International Hostel, situé à l'angle de la 103eme rue et d'Amsterdam Avenue, à deux pas de Central Park. C'est une auberge de jeunesse, et je partage ma chambre (mixte) avec une tripotée de jeunes tchèques blondes qui m'accueillent presque à poil! J'ai cru rêver, je vous jure!!! Du coup, là, je l'ai, la gaule. Mais la douche est plus urgente. Je pue c'est une atrocité. Même une tchèque très affamée ne voudrait pas s'approcher à moins d'un mètre de moi...

Times Square la nuit...
La nuit commence à tomber, je range mes affaires vite fait, rechausse mes godillots puants et pars à pieds direction Times Square. C'est à 3/4 d'heure de l'hôtel. Les rues de New York sentent un drôle de parfum doux-amer, mélange improbable de bouffe cuite, de vinaigre (la sueur des gens), de métro (les bouches exsudent leurs fumées nauséabondes via des grilles incrustées dans les trottoirs), et de pneus de taxi qui chauffent.
Ce lieu (Times Square) est proprement fascinant, hypnotique, hors de toute limite : ça brille, ça clignote de partout, il y a des filles magnifiques tous les 3 mètres (quelques obèses aussi, mais pas tant que ça, finalement), je ne sais plus où donner de la tête. Des Sushi shops partout, des boutiques de mode, des gens de toute nationalité et de toute couleur parlant un paquet de langues incompréhensibles... et puis des taxis pressés à foison, des flics en uniforme (il y a autant de forces de police qu'il y a de confessions religieuses et d'églises différentes, aux USA). C'est franchement incroyable. La première confrontation avec l'immensité des buildings alentour est déboussolante. On se demande comment ça peut tenir, ces immenses machins de béton et d'acier, sur cette petite île... Sur ces réflexions hautement philosophiques, je m'offre un hot-dog juteux en rentrant. Le repas dans l'avion est loin (et était frugal). La nuit est courte. J'ai plein de projets en tête pour le lendemain...

14/7/13 : Très longue journée en vue. Je suis réveillé à 7 heures du matin (heure locale) par les bruits de la rue (et on est QUE dimanche...). J'ai décidé d'aller courir à Central Park. 9km dans les pattes de bon matin, y'a que ça de vrai! Sauf que je me suis planté sur la carte : j'ai couru à Riverside Park, un grand espace arboré qui longe la rivière Hudson. Je me disais aussi : ça ressemble pas au plan!
Douche, puis déjeuner sur la terrasse de l'hôtel (salade de fruits, chocolatines et grand café d'un demi litre) avant de prendre mes cliques et mes claques pour NYC! J'ai décidé de tout faire à pieds et en espadrilles, s'il vous plait (on est con quand on est jeune...). 

Alors je marche sous un cagnard humide terrible. Times Square (bien moins peuplé que la veille), Broadway Avenue, Cinquième Avenue, le Chrysler Building est en vue. Plus loin, après un peu de shopping chez Timberland, tout en sirotant un délicieux jus de fruits frais glacé, je passe devant l'Empire State Building. Il n'y a pas l'air d'y avoir trop de monde, alors je décide de le visiter. 30 minutes d'attente, c'est rien. Il est midi, c'est pour ça : les restaurants sont bondés, pas le bâtiment... Je fais trois tonnes de photos, puis je redescends. En route pour Wall Street. J'ai déjà un peu mal aux pieds, lol...

En haut de l'Empire State Building, je réalise un premier rêve de gosse!
Je passe devant le Flatiron building, je traverse Washington Square Park, m'arrête 5 minutes pour acheter des souvenirs pour les gosses, et repars. J'ai la voûte plantaire en feu. En espadrille, tes pieds dérouillent!
J'arrive à Wall Street Stock Exchange. C'est fermé (on est dimanche), mais c'est bourré à craquer de touristes dans le coin. Je pousse jusqu'à Battery Park. J'ai l'intention d'aller aux pieds de la statue de la Liberté, mais le bureau des réservations ferme devant mon nez. Trop tard pour le Ferry!
Il est juste 16h30. Alors je décide de remonter en boitillant... Je passe devant le nouveau World Trade Center. Je retrouve Broadway Avenue et remonte, cahin-caha. Au tournant pour Amsterdam Avenue, je craque : j'achète deux hot dogs. Les jus de fruits, ça va bien, mais après 25km dans les pattes, j'ai droit à mon bout de viande, quand même!

Downtown Manhattan skyline
J'ai horriblement mal aux pieds. Je crois que j'ai une méga ampoule au pied gauche. J'ai aussi les mollets lourds, comme un vieux qui aurait la goutte. Après la douche, je m'étends une heure. Je dois aller faire le tour des pubs du coin avec une américaine (Barbara) qui accueille les petits nouveaux chaque dimanche et les emmène écumer les bars, mais je ne suis plus sûr de POUVOIR y aller. Eh merde, on n'a qu'une vie (YOLO comme on dit ici quand on est branché). 
Heureusement, les pubs sont à 5 minutes. Notre groupe part de l'hôtel à 21 heures. Il y a des anglais, un australien, des canadiennes, un irlandais, des allemandes et deux français. Je bois 3 Guinness pour la forme (j'ai moins mal aux pieds, du coup), et je rentre en douce vers 23 heures. Demain est un autre jour...

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