mardi 13 juin 2017

Le dessin.

Une nouvelle anecdote m'est revenue pendant le dernier salon du livre sans frontières d'Oloron Sainte Marie. Figurez-vous que j'y ai retrouvé (de loin - nos regards se sont à peine croisés) la Nanette, qui présentait son propre livre. Du coup, en revoyant son visage (elle a à peine changé en 18 ans, ce qui me troue littéralement le cul), j'ai repensé à un truc que je vais ajouter en bonus à la V2 de "Mauvais berger !" :

Pendant un de mes rares moments de pause, c'est à dire pendant la préparation du repas de midi, juste après "la vaisselle du lait", je suis assis sur un banc de fortune accolé à la cabane (une planche vermoulue posée sur deux gros cailloux branlants). J'ai ouvert un bloc Rhodia et sorti mes feutres et je gribouille ce qui me passe par la tête. En l'occurrence, c'est un bélier nez au vent, toutes narines écartées, qui respire les phéromones des brebis en chaleur. Pour compléter le tableau, je me caricature en train de me moquer de l'animal.
Nanette me surprend tandis que je dessine. J'ai tout d'abord peur qu'elle m'engueule comme du poisson pourri (parce que "je ne suis pas là pour m'amuser"), mais non. Elle a même l'air vaguement admirative devant mon travail. Ça flatte mon égo. Du coup, je lui raconte que j'ai illustré mon rapport de stage avec mes propres dessins. Je parle trop, décidément...
Voilà qu'avec un petit air mutin, elle me demande si je pourrais la dessiner, elle aussi. Je sens trop venir le truc. Ce doit être le froid qui envahit subitement la base de ma colonne vertébrale. 
Alors je prétexte une raison bidon, mais diplomate : "mais non, je ne peux pas. Je ne la connais pas assez pour ça. Il faudrait que je la regarde pendant des heures pour trouver LE trait qui va faire qu'elle sera ressemblante, etc. " Elle n'insiste pas, mais je la sens déçue. Elle retourne à la cuisine, tandis que j'expulse un long filet d'air, de soulagement. 

En réalité, je sais parfaitement comment la dessiner. Et cela dès le premier jour où je l'ai rencontrée. Elle a un physique dont "on se souvient" à vie, pour le meilleur et surtout pour le pire. Il est comme imprimé dans ma mémoire. Comme dit le proverbe geek : "ce que tu as vu, tu ne peux le dé-voir".  Je l'ai d'ailleurs déjà dessinée à maintes reprises mais j'ai pris soin de laisser mes croquis à la maison, au cas où "un coup de vent malencontreux" aurait ouvert mon carnet à dessin pendant mon absence. Avec le recul, je pense qu'elle aurait effectivement été vexée et m'en aurait encore plus fait baver...

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