mercredi 29 février 2012

Le livre par lequel tout a commencé…

"Le Manoir de L'enfer", un livre dont
vous êtes le héros, par Steve Jackson
Qu’est-ce qui m’a donné envie d’écrire ? Grande question…
Je pourrais dire que c’est la faute de grâce à ma mère, qui a tellement insisté pour que je lise du Mauriac, du Bazin, du Zola, du Troyat, du Hugo, dans mes années collège et qui me forçait à écrire (et apprendre par cœur) les définitions des mots que je ne comprenais pas dans un petit carnet à spirales. Elle encore, qui essayait de m’inculquer le Bescherelle et me donnait des astuces imparables pour ne plus confondre le verbe être et la conjonction de coordination “et”, pour savoir faire la différence entre “où” et “ou”, pendant que mon frère s’amusait dans le jardin avec ses copains.
Oui, rendons à César ce qui lui appartient : sans la dictature vigilance de ma mère, j’aurais été un échec scolaire dès la classe de cinquième. Car non content d’avoir les mathématiques en horreur, j’étais en plus détesté de mes profs de français. Bref, ça partait en couille pour moi, et sans elle, je ne sais pas ce que je ferais aujourd’hui.

Je pourrais dire que c’est grâce à Eric Turcat, un de mes amis d’enfance, qui m’a un jour de Noël expliqué qu’il était si facile de rendre un récit intéressant. “Le secret, c’est les adjectifs”, m’avait-il confié, devant le feu qui crépitait dans la cheminée. “Tu peux très simplement dire ‘la rivière coule’, mais ça ne donne pas vraiment envie d’en savoir plus. Par contre, si tu dis ‘la rivière, grand anaconda furieux, étranglait la forêt d’émeraude de ses anneaux glacés’, tu as l’ambiance, la poésie et un début d’histoire.” Eric était considéré comme un surdoué un brin précieux par les élèves de la classe et ses professeurs. Je ne sais pas s’il l’était vraiment, mais j’ai gravé son conseil - qui n'a duré que quelques secondes - de manière indélébile dans un endroit de mon cerveau.

Je pourrais dire que c’est grâce aux encouragements de mon professeur de français de troisième, Madame Viaud, qui m’a un jour collé un 16/20 en rédaction, après avoir lu la description (remarquablement fidèle) d’un de mes odieux camarades de classe, qui l’avait poursuivie jusqu’à chez elle en mobylette, mais surtout passait son temps à me martyriser. Heureusement qu’elle a eu le tact de ne pas lire mon texte à haute voix devant tout le monde. Le vilain en question n’aurait pas manqué de se reconnaître et j’aurais certainement pris très cher, à la récré!

Mais en réalité, je crois que tout à commencé pour moi avec ce livre dont vous êtes le héros, écrit par un certain Steve Jackson, et intitulé “Le manoir de l’enfer“. Sans cette histoire d’épouvante pour adolescents boutonneux, datant de 1985 (j’avais 14 ans, donc j’étais pile-poil dans la cible), il est fort probable que je n’aurais jamais eu le goût de lire, et encore moins celui d’écrire. Sans lui, c’est une évidence pour moi, Il n’y aurait pas eu de Mauvais berger!, et encore moins d’Infection
Et même si c’est loin d’être de la grande littérature, je suis fier de pouvoir rabaisser le caquet à une grande majorité de profs de français que j’ai pu avoir dans les années 80, qui affirmaient avec une certaine pédanterie (et force menaces de punitions si on était pris en train de lire des BD) qu’il y avait “livre et livre”, comme il y a “le bon et le mauvais chasseur“.

Mes enfants ont eu la chance de naître dans une famille de lecteurs assidus et à une époque où la ségrégation entre les “grands livres” et les “supports plus légers” n’existe presque plus. Ils ont le virus de la lecture. Après avoir dévoré la saga de JK Rowling en quatre mois, puis lorsqu’ils auront découvert l’univers onirique de Philip Pullman ou celui de Pierre Bottero (autant d’auteurs fantastiques inconnus à mon époque), je ne crois pas qu’ils trouveront dans le Manoir de l’enfer le trésor que j’ai pu y trouver.
Reste que je conserve religieusement ce livre-jeu dans mes étagères, entre La Terre et L’Iliade, au grand dam de mon épouse (bibliothécaire), qui rit sous cape de me voir garder ces vieilleries poussiéreuses et décaties!

1 commentaire:

  1. Marrant, j'ai découvert les livre dont vous êtes le héros un peu après le jeu de rôle (1983, j'vais 16 ans) avec la boite rouge de Dungeons&Dragons... Et ce avec des livres en anglais. Le jdr a donc joué pour l'anglais le rôle que ce livre dont vous êtes le héros à jouer pour toi avec le français !

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