mardi 2 novembre 2010

Avoir ou ne pas avoir “les codes”…

Lorsque j’ai rencontré Christophe en “chair et en os”, l’une des premières phrases qu’il m’ait dite -en guise d’avertissement- est quelque chose comme “Pour être berger, il faut avoir les codes. Si tu ne les as pas, tu n’y arriveras jamais”. Sur le moment, devant cette maxime sibylline qui ouvrait mille possibilités d’interprétation (dont certaines que je me refusais même à imaginer tellement elles m’étaient insupportables), j’ai essayé de lui faire préciser ce qu’il voulait dire par “les codes”. Mais ce fut en vain : lui même semblait incapable de traduire ses paroles de façon explicite.

Avec le temps, de cette phrase énigmatique qu’il répétait à l’envi (en particulier lorsqu’il voulait me faire un reproche détourné), j’ai fini par (més)interpréter que ces “codes” étaient quelque chose qu’on ressent dans ses tripes comme une évidence, un instinct, une loi divine. Je me disais que ce devait être un genre de code “moral”, ou de “bonne conduite” du bon berger, et je m’appliquais donc à observer, à comprendre, puis à imiter ces gens dans leurs rapports sociaux autant que dans leur rapport au travail, leurs contacts avec les animaux, etc. Et ce même si cela contredisait parfois mon éducation, ou mes propres convictions.

Étrangement, la dernière phrase que je l’aie entendu prononcer était l’affirmation que décidément, “je n’avais pas ces fameux codes, et que jamais je ne serais un bon berger”, d’où le titre du livre! Il m’aura fallu attendre dix ans pour digérer tout cela et comprendre que ces codes auxquels il faisait sans cesse allusion, ne pouvaient être que… Les codes “génétiques”!

Les mêmes qui font que, quel que soit le pays, la région, la vallée où l’on décide de se fixer, pour l’autochtone, on restera éternellement “l’étranger”, et ce jusqu’à ce qu’on ait au moins trois générations au cimetière (et c’est un minimum)! J’ai bien peur que certaines “traditions” ne changent jamais, même avec le temps qui passe et les “avancées” sociétales…

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