vendredi 4 décembre 2015

[TEASER] Une scène alternative coupée/inédite de Pandémie

C'est pas pour me jeter des fleurs, mais parfois, il arrive que j'écrive des passages de plusieurs pages que je trouve purement géniaux (pour diverses raisons : soit parce que c'est qualitativement et littérairement parlant du bon matos, soit parce que la scène m'a super inspiré, ce qui est le cas du morceau de texte dont je parle ci-après). 
Mais en me relisant, je m'aperçois qu'il y a un "hic". La scène ne peut pas se dérouler ainsi car le contexte de l'histoire de L'infection T2 : Pandémie n'est pas compatible, ça ne colle pas, temporellement parlant. Bref, c'est complètement inutilisable. 
Alors plutôt que balancer une heure de boulot dans la corbeille virtuelle de mon ordi (autant dire dans l'oubli), je me suis dit que je pouvais bien partager ces pages ici, sachant qu'elles sont et resteront à jamais inédites. Un peu comme des scènes coupées au montage dans un film, qui ne sera jamais édité en "Director's cut". Au moins m'auront-elles permis de relancer la machine...

Je vous parlais dans mon billet précédent du retour de Serena et Sirenia. Donc, en exclusivité rien que pour vous et histoire de vous faire patienter jusqu'à septembre 2016 (?), voilà le fameux passage alternatif de la scène en question, qui ne sera jamais utilisé, jamais publié. Il devrait vous donner quelques clés de compréhension de ces personnages : 
Torbjörn Svensson attendit que ce fut au tour de sa rangée pour se lever de son inconfortable fauteuil à peine assez grand pour poser son fessier. Sa voisine de droite, une asiatique toute menue d’une trentaine d’années lui faisait les gros yeux, du moins autant que sa morphologie naturelle lui permettait de le faire. Autant dire que s’il l’avait remarqué, il n’y aurait vu aucune différence. Mais il n’en aurait pas tenu compte de toute façon : les règles étaient les règles. Dans un avion, on ne bouge pas tant que votre tour n’est pas arrivé. Chacun savait cela. Le grand suédois chevelu à la mine patibulaire avait beau avoir un look de hard-rocker sataniste, il n’en avait pas moins été élevé dans les règles de l’art nordique : chacun à sa place, tout plié bien au carré et le monde tournerait bien plus tranquillement. La femme aux yeux bridés n’osa rien dire. L’expression arrogante du visage de l’homme blond, mise en valeur par ce bouc répugnant et taillé à la va-vite, qui avait ronflé à ses côtés - grognant comme une bête sanguinaire à plusieurs reprises - pendant 13 heures d’affilée et ce quasiment depuis l’aéroport d’Helsinki-Vantaa ne donnait absolument pas envie de le provoquer. Ce fut presque un soulagement lorsqu’il se leva enfin, attrapant avec un flegme apparent et le regard vide son volumineux sac de voyage noir dans le tiroir au-dessus de sa tête, le faisant basculer derrière son épaule comme s’il ne pesait que 10 grammes. L’homme était si grand qu’il était obligé de se voûter pour ne pas taper contre le plafond illuminé de la cabine.
A la sortie de l’avion, il salua les hôtesses blondes comme les blés elles-aussi et ignora superbement le steward un peu trop bronzé pour ne pas être originaire du nord de l’Afrique, et emprunta la passerelle d’un pas lourd, faisant résonner et vibrer les grilles métalliques du plancher comme s’il avait porté des éperons, sa longue veste en cuir noir flottant en grinçant derrière lui. La coréenne laissa une bonne distance entre elle et ce monstre descendant des Vikings à l’haleine de poisson fermenté.
Elle croisa une dernière fois son regard bleu lavasse alors que les premiers bagages apparaissaient sur le tapis roulant, et coup de chance, celui du géant apparut dans les cinq premiers. Le type ramassa son immense sac de voyage, noir lui-aussi (elle aurait deviné sa couleur avant même de le voir) et partit en direction du hall d’accueil, toujours avec ce pas pesant et cliquetant qui le caractérisait. Elle fut soulagée de le perdre de vue et l’oublia aussitôt qu’elle fut montée dans le taxi qui la menait à la sécurité relative de sa chambre d’hôtel.
 Torbjörn sortit de l’aéroport climatisé John F. Kennedy par une porte dérobée qui indiquait qu’il entrait dans une zone réservée aux fumeurs et fut assailli par la chaleur humide, insoutenable de la « grosse pomme » au mois de juillet. Il ôta sa longue veste et la plia soigneusement sur le plus gros de ses sacs, avant de farfouiller dans la poche latérale de son pantalon de treillis noir, zébré de fermetures éclair décoratives autant qu’inutiles. Il sentit l’odeur écœurante de soupe à l’oignon qui émana de ses dessous de bras lorsqu’il sortit enfin son paquet de cigarettes et son Zippo. Les conditions n’étaient pas idéales pour un premier rendez-vous avec sa « sœur », mais il se dit qu’elle comprendrait forcément. Il alluma sa clope et expira les premières volutes. Il était enfin aux USA. Et il y était entré presque comme dans un moulin, sans éveiller le moindre soupçon de la douane, malgré son look effrayant. Il avait passé les différents portiques pieds nus, ses rangers puantes, blindées de composants électroniques de pointe étaient passée inaperçues à travers les détecteurs. Quelqu’un aurait piraté les systèmes de sécurité qu’il n’en aurait pas été autrement. C’était évidemment le cas, et il le savait. Il connaissait même le nom du coupable : Beau Smart.
 Il avait déjà écrasé trois mégots lorsqu’il la vit arriver traversant le hall gris, puis traçant son chemin parmi des fumeurs qui venaient de débarquer du dernier vol en provenance d’Europe. Impossible de la rater, même dans cette foule cosmopolite et bigarrée. Elle était conforme à son avatar. Belle, sensuelle, jeune, élancée, élégante… Mais, ô surprise : elle était surtout noire comme l’ébène, sa « sœur » adorée, Kaylee Miller ; Serena Mercyless de son nom SL.
Il y aura bien une scène de rencontre entre Serena et Sirenia, mais elle sera très différente et plus compatible avec l'instant T de l'histoire.

Et comme on est dans le "Teaser", je vous lâche un petit scoop. Sur la photo ci-contre, on distingue vaguement, au second plan dans le smog, le véritable lieu de leur rencontre...

A suivre ^^

2 commentaires:

  1. J'aime, il me tarde tellement d'avoir ce bouquin!!

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  2. Merci Man!
    En plus, toi, tu es le seul à avoir tout lu. Du moins tout ce qui est fini!

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