lundi 3 mars 2025

DESTINATION FINALE.

Image par dall-e.

Cette nuit, j'ai rêvé que j'étais dans une vaste clairière. Il faisait beau et une légère brise chaude faisait voleter mon tee-shirt sur ma peau. Devant moi, se tenaient des milliers de personnes, silencieuses, mais au regard insistant et hanté. Peu à peu, je me suis rendu compte que ces gens étaient toutes celles et ceux que j'avais côtoyés dans ma vie, de près ou de loin, les vivants comme les morts. Et ils se rapprochaient de moi, insensiblement, me forçant à reculer vers la lisière du bois. 
Je me suis donc retourné et suis parti en courant dans la prairie ondoyante et les gens m'ont suivi, me poussant toujours dans la même direction, vers une colline où se trouvait une énorme cathédrale avec des dômes romans-byzantins, un peu comme celle de Périgueux, mais avec des murs en béton brut, comme ceux d'un blockhaus. 
Je ne voulais pas y aller, sentant confusément que mon destin se jouerait dans cet édifice religieux menaçant, mais la foule se faisait de plus en plus pressante. 
Et je me suis réveillé.

vendredi 28 février 2025

QUAND LA RÉALITÉ DEVIENT UNE SATIRE, LA DYSTOPIE DEVIENT INUTILE...

Image par Dall-e.

Peut-on encore écrire une dystopie à l’heure ou la réalité devient plus folle que la fiction ? Je pense que la réponse est dans la question…

Hier soir, je regardais sur Instagram une vidéo qui mettait en parallèle Elon Musk paradant sur scène avec sa tronçonneuse géante et rutilante, destinée à trancher dans le financement des services publics (plagiat assumé du président argentin Javier Milei, ou authentique manque de créativité ? Je n’ai su dire) et un extrait du film Idiocracy, lorsque le président Camacho détruit le plafond du congrès américain avec une mitrailleuse aussi grosse qu’une cuisse d’éléphant.

Dans le même temps, Donald Trump publiait une vidéo abominable assistée par IA sur sa vision de ce que devrait être Gaza. On l’y voit en statue dorée, avec son copain Musk sous une pluie de pognon, en train de se goinfrer de samoussas, ou à bronzer sur la plage aux côtés de Benyamin Netanyahou. Le même Trump qui, chaque jour, excelle dans l’art d’éjaculer quotidiennement les hectolitres de matières fécales qui bouillonnent là où devrait se trouver son cerveau… s’il était un homo sapiens normalement constitué.

Et de me rappeler que ce type a été élu par le peuple américain souverain (#OMFG) ! Puis je regarde en miroir ceux que nous avons en France. Des mous, des débiles ou des psychopathes affamés de pouvoir prêts à dire toutes les atrocités possibles, à s’allier avec les plus pourris, à inventer les mensonges les plus ridicules pour pouvoir poser leurs fesses sur le fauteuil le plus luxueux de l’assemblée nationale, voire le « trône » de l’Elysée… 

Et partout ailleurs, c’est la même chose : les abrutis et les fachos qui se réveillent et qui, peu à peu, grignotent le monde. Et que j’arrête de financer l’aide mondiale, et que je te mette un gros coup de frein à la défense internationale, et que je relance l’industrie pétrolière, et que je te réautorise les pesticides cancérogènes, tout ça alors même que la planète n’a jamais émis autant de drapeaux rouges (et je ne parle pas du drapeau communiste).

Le business messieurs dames ! Il n’y a que ça de vrai ! Bref… Le monde d’aujourd’hui est devenu absurde et brutal comme dans Brazil, fliqué et schizophrène comme dans V pour Vendetta ou 1984, débile et sans espoir comme dans Idiocracy.

Tout y est : glorification de la médiocrité, langage simplifié, privatisation de tout, solutions stupides à des problèmes complexes, bureaucratie kafkaïenne qui broie les individus, surveillance à outrance de toutes et tous, extrême violence sous un voile de normalité, retour en fanfare du dogme religieux dans la politique, stigmatisation des minorités, intolérance phobique à la différence, négation de la science…

Alors pourquoi persister à écrire des dystopies alors que NOUS Y SOMMES DÉJÀ, en dystopie ? On l’a d’ailleurs carrément dépassée, puisque la caricature n’est même plus exagérée ! Dès lors, le travail d’un auteur est-il encore d’écrire des dystopies, ou… de faire du reportage ? Une dernière question : est-ce que Trump, Musk et Milei méritent de figurer dans un livre ou d'être oubliés dans les limbes de l'histoire humaine ?

Je crois la question elle est vite répondjue, jeune entrepreneur !

lundi 3 février 2025

VIS MA VIE D’ÉCRIVAIN #4

Ce week-end, j’ai participé, comme chaque année depuis la sortie de Mauvais berger !, au salon du livre de Navarrenx. Astobelarra présentait quatre livres au prix des remparts cette année, et c’est avec une joie non dissimulée que la maison d’édition souletine a raflé une troisième récompense (dans ce salon), grâce à Les Sens hors des nerfs, le dernier roman de Thomas Ponté, preuve s’il en fallait une, que nos auteurs sont des cracks et leurs textes de grande qualité. Comble de bonheur, nous y avons réalisé (de très haut) notre meilleure performance commerciale depuis que nous participons à ce salon (je sais que c’est un sujet considéré comme trivial par nombre d’écrivains, auxquels je rappelle qu’ils écrivent à la base pour être lus, donc pour que leurs livres soient vendus, eh oui).

Mais je ne suis pas là aujourd’hui pour passer la brosse à reluire à mon éditeur ni à Thomas Ponté (même s’il le mérite, et ce depuis la sortie de son tout premier livre) ni pour parler "pognon de dingue". Dans ce type d’évènement, il arrive parfois qu’il y ait de courtes vagues de clients potentiels et parfois de longs creux, durant lesquels j’ai tout le loisir d’observer mon prochain, avec un œil souvent critique et implacable, il est vrai...
Dans les épisodes précédents, je vous ai fait le portrait d’improbables badauds ou de confrères plus ou moins opiniâtres. Concernant ces derniers, je pensais avoir tout vu, en 18 ans de salons/marchés en tout genre. Erreur ! Il y a toujours pire et avec encore moins de scrupules !

Ce coup-ci, je me suis agacé (et je ne suis pas le seul) du comportement absolument détestable d’un auteur qui, non content d’afficher une expression dédaigneuse pendant tout le week-end, a passé le plus clair de son temps à interpeler les passants, à peine avaient-ils ouvert la porte. Le type se trimbalait dans les travées (parfois loin de son propre stand) avec une affiche A3 plastifiée dans chaque main et les refourguait impérieusement aux gens avant qu’ils aient eu le temps de dire ouf. Le samedi, il y avait 5 auteurs dans le coin où l’organisation l’avait placé (devant l’une des entrées). Le soir même, 3 d’entre eux avaient lâché l’affaire, excédés et découragés, car en face d’un tel zozo adepte de la concurrence la plus déloyale et la plus impitoyable, impossible de vendre quoi que ce soit. Le dimanche, le quatrième auteur restant a tenu jusqu’à 16 heures, et a préféré partir avant de devenir violent (et on le comprend).

Pile à côté : le même vampire mais « en femme » et qui n’a pas hésité à placer son roll-up juste devant le stand de l’infortuné quatrième, dès qu’il a eu le dos tourné. Aucun respect, aucune vergogne, aucune dignité ! Je ne comprendrais jamais ces gens qui sont prêt à toutes les provocations, toutes les exactions et à marcher sur la gueule des autres pour sortir du lot. Tout ça pour vendre un pauvre livre de plus que le voisin. Il me semble que les organisateurs de salons devraient faire signer un règlement intérieur à chaque exposant, dans lequel serait spécifié qu’il est interdit de démarcher à l’extérieur de son stand, interdit de prendre les gens à partie, interdit de racoler et de faire de la vente forcée et surtout interdit de manquer de respect à ses confrères. Il y va du maintien d'une bonne ambiance comme de la réputation des salons du livre. 

Alors on pourra arguer qu’une signature, ça n’engage que ceux qui respectent les règles. Pourtant, si tout est bien spécifié noir sur blanc et accepté par tous les exposants, ça devient quasi-contractuel. Il n’y aurait alors aucun mal à dénoncer puis à dégager le ou les indésirables qui n’en tiendraient pas compte ! Après tout, un homme averti en vaut deux.
D'ailleurs, si ça ne tenait qu'à moi, ce serait : « Tu fais chier tout le monde ? Ben t’es viré (et tricard partout), basta ! »
Ça m’agace d’avoir à écrire ça, mais même dans ce milieu, où l’on pourrait penser que les gens sont un peu mieux éduqués, plus cultivés et donc plus respectueux des autres que la moyenne, l’homme reste un loup pour l’homme. Aussi vrai que certains ne comprennent rien d’autre que la sanction la plus radicale.

vendredi 31 janvier 2025

DES BONBONS À LA VIANDE...

Cette nuit, j'ai rêvé d'une famille (la femme, le fils et le mari) qui fabriquait des bonbons célèbres et prisés par les gens mais dont le mari, "à l'insu" de sa femme partie livrer la production du jour, était également équarisseur pour arrondir les fins de mois. 

Il transformait des animaux en pâtée qu'il emballait dans des grands sacs plastiques transparents puis les mettait dans des cartons (d'à peu près 1m de large sur 30cm de haut chacun), entreposés sur des palettes dans le couloir de service de leur laboratoire, le tout baignant dans une lumière glauque. 

Sauf que le type équarrissait les animaux vivants. Il avait une espèce de broyeur (le genre de machine qu'on utilise pour broyer des branches, mais en énorme) et il soulevait les animaux avec un palan pour les positionner au-dessus de la machine. 

Dans mon rêve, je ne voyais pas la scène directement. Une voix off la décrivait, comme si je regardais un reportage de L214 sur Internet. On entendait les animaux (des vaches essentiellement) hurler atrocement tandis que le broyeur les réduisait en purée avec fracas.

Dans la pièce adjacente, sortant du mur près du sol, il y avait un tuyau de plomb qui crachait des litres de sang, accompagnés de mousse et de vapeur sanglantes. Le tuyau vibrait et éructait bruyamment, ce faisant, et la caméra en mode POV filmait ces détails. Des grosses mouches noires tournaient autour, alléchées par la promesse de festin. 

Le trop plein de sang éjecté coulait ensuite en une rigole sombre sur le carrelage du laboratoire jusqu'à un syphon d'évacuation qui l'engloutissait en faisant des bruits de gargarisme ignobles de baignoire qui se vide. Je me souviens que je sentais l'odeur de la mort envelopper tout et que plusieurs fois je détournais les yeux d'horreur, prêt à pleurer. 

Et le réveil à sonné.

mercredi 29 janvier 2025

LA CANTATRICE


J'assiste à un spectacle de chant lyrique dans une longue salle blanche, avec des tables et des chaises immaculées aussi, disposées en quinconces de chaque cotés d'un chemin central. Quelques plantes majestueuses ornent les côtés, des bouquets de fleurs blanches et roses trônent sur les tables et des voiles blancs pendus au plafond adoucissent la rugosité des murs bruts. On se croirait à un mariage kitsch, sans invités. 

Au bout de la salle, trône une scène sur laquelle se produit un homme un peu grassouillet et d'un certain âge, déguisé en femme. Il-elle porte un tenue mi-affriolante, mi-futuriste composée de sous-vêtements, d'un corset et de portes-jarretelles aux reflets argentés, que recouvre une espèce de cape en tulle. Ses longs cheveux argentés sont dressés sur sa tête, un peu comme s'il avait malencontreusement pris le jus avant que les rideaux ne soient tirés. 

Le chanteur a une voix d'ange, mezzo soprano, magnifique. Il-elle déambule avec grâce sur la scène, faisant virevolter sa cape transparente qui ressemblent à des ailes ; on dirait une apparition divine. Je connais l'air qu'il-elle chante, mais impossible de mettre un titre ou un compositeur dessus. Je sais juste que l'interprétation est magique. 

À la fin de son set, il-elle encourage la salle à reprendre en chœur avec lui-elle et à venir sur scène, mais je suis le seul spectateur, avec une femme un peu guindée qui joue les présentatrices assise à la première table. Moi, je suis assis au fond de la pièce et tout en admirant le spectacle, je sirote un liquide rose, sur lequel flotte un genre de mousse dense et qui m'a l'air très sucrée, mais que je n'arrive pas à attraper avec ma paille. 

Je ressens une gêne, de la pitié pour cet artiste, qui a donné tout ce qu'il pouvait devant un unique spectateur. Mal à l'aise, je finis par me lever pour aller saluer la cantatrice en criant de grands bravos. Je pose mon verre sur la première table et lorsque je m'apprête à grimper la volée de marches qui montent sur la scène, je vois le chanteur qui s'est déjà rhabillé en homme, il a ôté sa perruque argentée et porte un complet gris et des lunettes à écailles.

Il descend vers moi en rajustant sa veste. Je le félicite, il me remercie en me serrant la main mais je sens un peu de tristesse dans sa gestuelle, dans son expression. 

Et je me réveille. On est le 29 janvier 2024, il est 5h30.

mardi 28 janvier 2025

COMME UNE HISTOIRE D’AMOUR PASSION QUI EMPORTE TOUT SUR SON PASSAGE

Vous savez, cette sensation d’avoir des papillons dans le ventre, sans arrêt ? De ne plus penser qu’à elle (ou à lui), au point que tout le reste passe au second plan ? Que quoi que vous fassiez, tout vous ramène inexorablement à elle (ou lui) ? Que dès que vous la (ou le) voyez, vos jambes flageolent, vos lèvres bafouillent et vous avez l’air si stupide (d’ailleurs, vous l’êtes pour de vrai) ? Eh bien c’est ce qu’on appelle la passion amoureuse. C’est ce que tout un chacun (de normalement constitué) ressent lorsqu’une nouvelle histoire d’amour démarre. On ne sait plus où on est et ce qu’on doit faire et plus rien d’autre ne compte. On en oublierait presque les gestes de survie élémentaires, comme se nourrir, se lever pour aller au boulot…

C’est aussi ce que je ressens en ce moment, depuis quelques jours. Et pourtant, aussi étonnant que cela paraisse, je ne suis pas amoureux (enfin pas d’une autre personne que celle avec laquelle je vis). Alors que se passe-t-il ? En fait, je ressens cela à chaque fois que je démarre l’écriture d’un nouveau roman. Avec mon caractère obsessionnel, je ne pense plus qu’à ça, au détriment de presque tout le reste. Je sais, pour l’avoir vécu à plusieurs reprises, que c’est généralement un mauvais moment à passer pour mon entourage et je m’en excuse par avance. Malheureusement, une fois que la machine est lancée, rien (à part la mort, sans doute – ce que je ne me souhaite pas) ne peut l’arrêter. Je dois aller au bout, coûte que coûte ; et croyez-moi : écrire, ce n’est JAMAIS un acte gratuit !

UN CAUCHEMAR SANS NOM

J’ai déjà raconté ici et à plusieurs reprises d’où proviennent mes idées. Elles sont le plus souvent issues des rêves qui hantent mon sommeil ou de mes songes éveillés (lorsque je conduis, par exemple). C’est comme ça que je leur donne vie, en les imbriquant avec ma logique à moi, en les brainstormant sans cesse, en tâche de fond. Eh bien figurez-vous que mon prochain sujet de roman, c’est… Le rêve. Et je n’en dirai pas plus pour l’instant. Je ne veux pas divulgâcher le suspense ni donner des idées à quelqu’un qui écrirait plus vite que moi. Mais pour compléter, je dirais que ce sera un roman fantastique – mais pas que –, dans la même veine que Les Routes du crépuscule, que beaucoup d’entre vous ont adoré.

Grosso modo, il y aura du mystère, de l’amour, des événements tragiques et imprévisibles, de la folie pure, mais aussi de l’humour, un soupçon de philosophie, des personnages odieux, un héros perdu et une fin grandiose et inattendue, avec – a priori, sauf changement de dernière minute – le retour d’un de mes personnages emblématiques, annonçant un renouveau fracassant. Enfin, et dernière info à vous mettre sous la dent : mon titre de travail (qui pourra changer ou pas en fonction de la tournure que prend l’histoire) est « Un cauchemar sans nom » (toujours aussi positif, le garçon !!!). Voilà, je pense que vous en savez assez pour vous faire une petite idée sur ce qui vous attend. Allez, pour l’heure, je retourne à mes carnets ; j’ai encore pas mal de choses à mettre au point pour que ce soit conforme à ce que j’ai dans la tête !

lundi 27 janvier 2025

MI SCAPPA LA PIPI

La pente est raide. Mes chevilles se tordent sur les cailloux du sentier qui sinue dans la forêt. Des fougères et des ronces me fouettent les jambes. Je me dis qu’il serait temps que je fasse un peu de ménage là-dedans. Demain, peut-être ? Je sors enfin de l’obscurité des feuillages et me voilà à crapahuter sur la montagne pelée. De rares pans herbeux autour de moi roulent sous la brise estivale. Le chalet est tout proche, encore quelques mètres. Il me tarde d’arriver car j’ai une immense envie d’uriner. J’aurais pu m’arrêter par là et faire ma miction sur le chemin, mais j’ai une maladie orpheline qui s’appelle la flemme et qui frappe à tout moment, quitte à me laisser dans l’inconfort le plus total. Et puis je déteste faire mes besoins dans la nature. J'ai toujours peur qu'un sanglier ne vienne me faire une olive avec son gros groin gluant, ou qu'un frelon asiatique mal inspiré ne vienne me piquer les parties tandis que je suis ainsi, les mains prises et le cul à l'air, en position de faiblesse. Mais c'est certainement aussi un reliquat traumatique de l'époque où mes parents nous emmenaient avec eux hanter les campings naturistes du grand Sud-Ouest. Ce temps béni durant lequel je ne me déplaçais qu'en courant, fuyant le regard putatif des autres, les mains cramponnées à mon tee-shirt que je tirais à l'avant et à l'arrière, le plus loin possible en direction du sol...

Enfin je pousse la porte. Je détache les sangles de mon sac à dos et le lâche sans ménagement en plein milieu de la carrée. Sans même me déchausser, je file aux toilettes tout en essayant de dégrafer frénétiquement la fermeture éclair de mon pantalon de randonnée. J’appuie sur l’interrupteur en soufflant comme un crapaud sur le point d'éclater. La petite salle qui s’illumine ne ressemble pas à ce qu’elle est d’habitude. Elle est entièrement recouverte, du sol au plafond, d’un carrelage avec imprimé de dégradé brique, typique des années 70. Ici, il n’y a pas de cuvette. L’évacuation des matières se fait par un trou bizarre, situé au beau milieu de la pièce et qui tient plus de l’égout que des chiottes « à la turque ». Plus j’y pense, et plus je trouve que ça ressemble vraiment à une douche à l’italienne, en fait. Cette excentricité aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais le besoin de vider ma vessie en feu est tellement puissant que je ne peux pas y réfléchir plus avant.

D’ordinaire, je m’appuie toujours de la main gauche en haut du mur situé en face de moi. Le contact froid des carreaux de terre cuite me permet de vérifier que je suis bien dans le monde réel. Mais là, la paroi est trop éloignée et je ne voudrais pas risquer de glisser et tomber de tout mon long dans la pisse. Alors je me mets en position cambrée, jambes écartées et légèrement fléchies, histoire d’éviter de m’asperger le bas du pantalon avec de vicieuses gouttelettes rebondissantes et je vise la grille en plastique posée sur la bouche. Ça y-est, j’ouvre les vannes. Le liquide chaud et ambré tant retenu s’extirpe de mon méat urinaire comme des lames de rasoir.

Bizarrement, quelque chose trotte à l’arrière de mon crâne, un peu comme lorsqu’on a oublié de faire un truc très important, mais qu’on ne se rappelle plus de quoi il s’agit. Je contracte mon périnée, le jet s’éteint en goutte à goutte. Je réfléchis : qu’est-ce qui peut bien me préoccuper à ce point ? Inquiet, j’observe mon environnement. Tout à l’air à peu près normal. Je suis bien dans MA cabane, dans MES toilettes et personne ne m’espionne. Je fais un petit écart pour toucher le mur. Il est bien là, frais et humide, comme à son habitude. J’ai beau me creuser la cervelle, rien ne vient contredire cette idée. Et puis l’envie impérieuse de me soulager obscurcit toute ma capacité de jugement. Je dois absolument faire les choses dans l’ordre : d’abord pisser, puis réfléchir. Logique imparable. Alors je me remets en position et j’envoie une nouvelle giclée brûlante dans l’égout.

Quelque chose coule le long de mon aine. Je me réveille d’un coup et stoppe immédiatement les machines.
— Bordel, m’exclame-je ! J’ai failli pisser au lit, comme quand j’étais petit ! J’aurais jamais dû picoler autant hier soir. Quel con ! Ça m’apprendra, teh !

Je me lève d’un coup, attrape une poignée de kleenex pour buvarder sommairement les dégâts et file terminer mon urination dans mes vrais WC, qui ne ressemblent décidément pas à ceux de la cabane dans laquelle je me rends la nuit, dans presque tous mes rêves, depuis quelque temps déjà. J’ai encore des vertiges alcooliques de la veille et je m’appuie au mur pour bien viser. La bière, c’est sympa, mais il faut bien qu’elle ressorte quelque part, une fois qu’on en a ingurgité deux litres !

Ce faisant, je réfléchis : « quand j’étais petit », c’est un abus de langage ! La dernière fois que j’ai pissé au lit, je devais avoir dans les 16 ans. N’empêche, c’est quand même incroyable de se faire auto duper comme ça, par ses propres rêves, à cinquante-trois ans passés ! Je n'arrive pas à comprendre comment je peux être capable de me retenir pendant toute une journée mais que, une fois couché, je sois obligé de rester sur le qui vive, au cas où. C'est comme si ma vessie sans fond le jour devenait fainéante la nuit. Il paraît que c'est lié à mon problème d'apnée du sommeil, diagnostiqué il y a seulement quatre ans. Mais je pense que cette propension à l'énurésie date de bien avant.

Je ne me souviens pas de quand ça a commencé. Il me semble que j'ai toujours pissé au lit, sans interruption, depuis ma plus tendre enfance et ce, jusqu'à la puberté. Et puis un jour, comme ça, sans prévenir et sans raison, alors que je m'étais fait à l'idée que je vivrais sûrement toute ma vie (que j'espérais par conséquent très courte) affublé de cette tare congénitale, j'ai arrêté d'un coup d'un seul, au seuil de l'âge adulte.

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Mais revenons au commencement. Je suis né le 27 août 1971 à Cognac, un vendredi soir autour de 23h45. D'ordinaire, c'est le moment idéal pour tout un chacun de se jeter un dernier petit apéro dans le gosier, avant de rentrer en titubant dans ses pénates, tout en balbutiant quelque ineptie. Moi j'ai choisi ce jour et cette heure précis pour pousser mon premier vagissement.
Mon premier souvenir date de l'année de mes trois ans, et c'était un cauchemar (comme par hasard). Je me rappelle que mes parents avaient installé mon lit à barreaux dans le couloir (car ma chambre servait à héberger temporairement une grande tante de mon père, qui était très vieille et très malade - ça, on me l'a raconté). Mais je me souviens avec précision de ce rêve : des milliers d'araignées de toutes tailles grouillaient au plafond et me tombaient dessus en faisant de gros "ploc !", comme la pluie d'un orage printanier sur un Vélux. Certaines descendaient doucement, accrochées à leur fil, d'autres me dégringolaient dessus en chute libre. Mes hurlements de terreur nocturne ont réveillé ma mère et le cauchemar a immédiatement pris fin, me laissant secoué de sanglots dans ses bras rassurants.
C'est amusant car je n'ai en vérité jamais eu peur des araignées. Mais ce rêve monstrueusement réaliste est le premier dont je me souvienne, aussi clairement que si c'était hier.

Ensuite, à peu près à la même période, je me rappelle de l'école maternelle Jean de la Fontaine. Ma première maîtresse s'appelait madame R. C'était une femme sèche et anguleuse,  au teint cireux, avec des petits yeux perçants sous de grosses paupières gonflées. Elle portait une coiffure châtaigne, filasse et courte. Dans mes souvenirs, elle avait toujours une voix criarde et arborait une moue de dégoût, comme si elle détestait les enfants. Je corrige : comme si elle me détestait, moi, tout particulièrement. Cette femme fut mon premier contact avec l'école et cela a, je pense, déterminé tout le reste pour moi.
Je crois que je suis resté deux ans dans cet établissement scolaire. Je me rappelle des siestes obligatoires, de m'être ouvert le menton en tombant d'une grosse pierre et d'avoir fomenté un plan avec deux camarades de classe (dont une fille) pour casser la gueule d'un enfant plus petit que moi. Tout ça parce que je le trouvais trop laid.

Evidemment, ma mère a aussitôt été convoquée par la directrice et m'a obligé à donner mon jouet préféré à ce malheureux gamin. L'année d'après, j'intégrais les effectifs de l'école Jean Macé. C'est là que j'ai tenu mon premier stylo pour autre chose que pour dessiner. Et c'est là qu'on m'a forcé à apprendre à écrire de la main droite, alors que j'utilisais naturellement la gauche. Ma mère pensait que j'étais ambidextre, mais j'ai toujours su que j'étais gaucher : mon oeil et mon ouie directeurs sont également à gauche. Lorsque je marche, c'est toujours le pied gauche qui démarre et c'est aussi du bras gauche que je suis le plus fort. Bref, je suis ce qu'on appelle un gaucher contrarié, même si cela n'a jamais été diagnostiqué comme tel par les sachants. À l'époque, être gaucher était encore considéré par la société comme une forme de handicap, un défaut de fabrication qu'il fallait à tout prix corriger. Tels les missionnaires en Afrique, qui tentaient de convertir les peuples indigènes païens au christianisme de gré ou de force, les instituteurs de la vieille école n'avaient de cesse que de tuer dans l'oeuf les gauchers récalcitrants. Je pense avoir été une de leurs victimes, comme tant d'autres, dans les années 70. Aujourd'hui, les choses ont évolué dans le bon sens : on laisse les gauchers être qui ils sont et c'est tant mieux.

Je ne peux pas le prouver, car l'énurésie peut avoir de nombreuses causes différentes, comme le facteur génétique, par exemple, un TDAH (trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) ou une croissance ralentie du système urinaire, mais je suis persuadé que l'école et notamment cette correction de ma "gaucherie", (dont je me souviens parfaitement), aussi appelée "sinistralité" (autant de termes négatifs pour décrire quelque chose de tout à fait naturel, autant qu'une identité, du reste), est co-responsable de toutes ces années de pipi au lit. L'école a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, et ça n'a pas été tous les jours la fête !

À peu près à partir de mon entrée au CP à l'école Paul Bert, je me souviens que mes parents commençaient à s'inquiéter au sujet de mon incontinence nocturne (et diurne : à cette époque, je faisais également caca dans mon slip tout en faisant le tour du quartier à vélo, mais ça, je vous le raconterai une autre fois...). Jugez un peu : j'avais six ans et je pissais encore au lit, toutes les nuits sans exception, comme un bébé. Le matin, ma pauvre mère devait me désincruster des draps souillés et me pousser jusqu'à la douche où elle me briquait au savon pour faire partir l'odeur rance de l'ammoniac collé à ma peau. Mes draps étaient mis à laver et on recommençait inlassablement le même cirque, chaque jour. Ma mère a essayé tout ce qu'elle pouvait pour me faire arrêter, mais il n'y avait rien à faire.

*****

Le réveil au milieu de la nuit ? Ça ne fonctionnait pas. D'abord parce que j'avais le sommeil trop profond, mais aussi parce que le pipi semblait savoir à l'avance à quelle heure ma mère allait débarquer. Soit c'était trop tôt et je me présentais devant la cuvette avec deux ou trois pauvres gouttes (et je pissais le reste dans mes draps une heure plus tard), soit c'était trop tard et alors il ne me restait plus qu'à filer à la salle de bains, tandis que mes parents changeaient mes draps. Ceci sans qu'ils aient l'assurance que je ne les re-souille avant la sonnerie du réveil, une ou deux heures plus tard.

On a essayé le "pipi-stop". C'est ma tante qui nous avait prêté cette machine infernale, en nous garantissant une efficacité à toute épreuve : ça avait marché sur un de mes cousins. Ce dispositif ingénieux, mais complètement inutile sur moi, se présentait sous la forme d'une valisette en plastique kaki, contenant un système électronique composé d'un détecteur d'humidité relié à une alarme. Le détecteur était glissé dans une couche que je devais porter pendant mon sommeil, et était censé me réveiller au moment où je commençais à uriner. Mais là encore : chou blanc. J'ai toujours eu un sommeil agité. Même encore aujourd'hui ; je n'ai jamais compté combien de fois ça arrive par nuit, mais je me tourne et me retourne très souvent, au grand dam de ma compagne (qui ignore tout de sa chance : j'aurais pu ne jamais arrêter de pisser au lit !).
La couche n'a jamais tenu en place. Je me retrouvais chaque matin avec les parties génitales à l'air au milieu d'une mare d'urine déjà froide, lorsque le détecteur daignait enfin sonner. La sirène qu'émettait ce truc diabolique était absolument abominable. C'était un genre de couinement électronique continu et suraigu, capable de réveiller un mort. Mais chaque fois trop tard, dans mon cas.
Heureusement, le gadget maltraitant (qui n'aurait même pas mérité le concours La Pine) est vite retourné à son envoyeur.

On a essayé le "traitement homéopathique" (Sulfur 7 CH et Pulsatilla 5 CH). C'était la grande mode au début des années 80 ; ma mère était fan et les petites boules de sucre ont toujours leurs aficionados en 2024, alors que plus personne ne peut ignorer la supercherie, à moins d'habiter dans une grotte ! Ça ou pisser dans un violon... Et donc, là, sans surprise : ça n'a pas fonctionné non plus.

On a essayé les menaces, les punitions, les prières, les supplications... Même le médecin de famille n'a rien pu faire non plus. Peut-être que mes parents ont testé d'autres recettes, sans que je le sache ? Peut-être ont-ils sacrifié des agneaux pour contenter leur Dieu ? Si ça se trouve, il ont même envisagé, dans leur immense désespoir, de m'abandonner sur une aire d'autoroute, de m'envoyer chez les fous ou de me couper le zizi, qui sait ?
En tout cas, ils ont essayé de dédramatiser (ou de conjurer le mauvais sort) en m'achetant le single de Pippo Franco qui a fait un tabac auprès de la jeunesse italienne dans les années 80, intitulé "Mi scappa la pipi" (j'ai envie de faire pipi). Mais il n'y avait vraiment rien à faire.

Je me souviens de la peur indicible qui m'étreignait, chaque fois que je devais aller dormir ailleurs que dans mon lit. Je n'aurais jamais accepté de participer à une soirée pyjama et fort heureusement, on ne m'en a jamais proposé.
À 12 ans, j'étais toujours énurétique. Je pissais au lit une à deux fois par semaine, parfois plus, selon mon niveau de stress. Je me souviens d'un été au cours duquel j'ai été invité par ma tante (celle du pipi-stop) à passer des vacances avec mes cousins dans la résidence secondaire de mon grand-père, à Musson, dans la banlieue rurale de Royan. Tous les lits étant occupés, je me suis retrouvé dans l'obligation de partager celui de mon cousin (qui avait trois ans de plus que moi, avait déjà sa taille adulte et du poil au cul et ne souillait plus ses draps depuis quelques années). Le premier soir, il m'avait demandé si je pissais encore au lit (c'était notoire, dans la famille). Puis devant mon affirmation, il m'avait demandé combien de fois par mois. Je lui ai menti. "Une fois". "Et tu as pissé ce mois-ci ?" (Il pensait sûrement pouvoir passer entre les gouttes...). "Non", avais-je répondu, ce qui était vrai mais j'avais envie d'entretenir le suspense. Il m'a fait jurer de me retenir au moins toute les nuits de la semaine et j'ai tenu bon. J'ai même pensé que ça-y-était, j'étais guéri. Mais une fois rentré chez moi et à l'approche du retour à l'école, les chutes du Niagara étaient évidemment reparties de plus belle.
Dans le courant de cette nouvelle année scolaire, alors que je souffrais en première année de quatrième, notamment avec la pire prof de français que j'aie jamais eu et qui a bien failli me dégoûter à tout jamais de lire et d'écrire, j'ai eu l'occasion de partir en voyage scolaire en Allemagne avec ma classe. J'étais logé dans une famille mono parentale, et j'avais une correspondante prénommée Maria. Bien sûr, j'ai pissé au lit dès la première nuit, et c'est assailli par la honte que j'ai recouvert mon forfait du mieux que j'ai pu avec ma couette, puis j'ai dissimulé mon pyjama trempé dans un placard de ma chambre. Je me suis douché et je suis parti au collège avec Maria. J'avais presque oublié ce douloureux épisode, quand, une fois rentré à la maison, j'ai retrouvé mon lit entièrement refait avec des draps propres et mon pyjama lavé et plié, posé délicatement sur la couette. La mère de Maria était psychiatre de métier. Elle n'est jamais revenue sur ce triste épisode pendant le reste de mon séjour, mais je savais qu'elle savait et j'avais tellement honte que je l'ai évitée le plus possible, alors qu'elle a vraiment été adorable avec moi, par ailleurs.

Plus tard, alors que nous passions l'été dans un camping à Montalivet (mes parents étaient adeptes du naturisme.  C'étaient les années 80, souvenez-vous !), je me suis réveillé dans ma canadienne à nouveau mijotant dans une mare de pisse. Ma mère, sans doute excédée, et on la comprend, avait sorti mes draps, les avait lavés et étendus sur le fil à linge tendu entre la caravane et un pin des Landes, au vu et au su de tous. Je ne me suis jamais senti aussi mal que ce jour-là, même si personne ne m'a jamais fait la moindre réflexion à ce sujet.

Oui, j'ai vécu toutes ces années avec la peur et la honte. Peur que mon secret soit éventé et que tout le monde se foute de moi au collège puis au lycée, à l'école biblique, au sport, en ville, partout. Et honte de ne pas réussir à contrôler ma vessie la nuit, malgré mon âge avancé.

Alors oui, petit à petit, le délai entre mes flaques de pisses s'est allongé (mais la taille des flaques également, puisque ma vessie grandissait aussi avec moi). À 14 ans, c'était une fois par semaine ; vers 15 ans, une fois toutes les deux semaines. À 16 ans (j'étais en seconde), une fois tous les deux mois. Au fur et à mesure que je grandissais, mon sommeil se faisait de plus en plus léger et j'arrivais à comprendre de mieux en mieux les mécanismes de l'énurésie : à chaque fois qu'un "petit accident" (comme on appelait ça, entre nous) survenait, c'était parce que j'avais rêvé que j'allais aux toilettes. Alors je me suis mis en tête de contrer mon esprit tordu en mettant en place des petits rites. Depuis, chaque fois que l'envie me prend, je m'appuie sur le mur, histoire de vérifier le contact froid du carrelage ou du ciment sur ma main. Ce rituel peut paraître stupide, mais à force de le pratiquer, j'ai pu l'inclure naturellement dans mes rêves. Et donc à chaque fois que mon cerveau m'entraîne du côté des obscur des cabinets, je suis en mesure de vérifier (normalement, sauf cas rare où mon esprit est tellement embrumé que mes trucs et astuces le sont aussi) que je suis bien en train de rêver, ou non.

Et puis entre la seconde et la première, mes parents m'ont envoyé en séjour linguistique en Espagne. J'ai pris presque 20 cm en deux mois. Je n'ai pas pissé au lit de tout l'été. Et quand je suis rentré à la fin août, c'était terminé. La puberté était passée par là. La chape de plomb qui m'avait maintenu dans cette triste condition de mutant dégénéré s'était évaporée. Enfin. J'étais devenu normal, comme les autres. Ou presque.

*****

D'ailleurs j'ai presque fini par oublier que j'avais pissé au lit jusqu'à l'âge de 16 ans. Le temps est passé et je me suis retrouvé au service militaire après avoir foiré mes études d'anglais. À ma décharge, je ne voulais pas être prof, comme mes parents. Moi je voulais intégrer une école de journalisme ou une école de bande dessinée, mais je n'ai pas su trouver la force de m'imposer. Je n'avais pas un dossier formidable et pour mes parents, c'était plus simple que je suive leurs traces, puisque j'avais des facilités dans la langue de Shakespeare. Mais je me suis ennuyé à la fac. J'ai fini par ne plus y aller au bout de quelques mois. Mais là n'est pas le sujet. Lorsque j'ai enfin constaté mon échec universitaire, j'ai été placé devant un carrefour : soit je reprenais sérieusement les mêmes études (c'était hors de question !), soit je partais à l'armée, puisque, né en 71 et parfaitement valide, j'étais dans l'obligation d'effectuer mon service national. J'ai donc choisi cette seconde voie et je suis parti en gendarmerie, en service long, tant qu'à faire. Avec le recul, je pense que je cherchais à me punir moi même de mon oisiveté. Vers la fin de mes 16 mois, encouragé par mon commandant de brigade, je suis allé passer les examens pour entrer en école de sous-officiers de la gendarmerie nationale. Pendant mon service, j'avais obtenu une lettre de félicitations après avoir obtenu des informations décisives ayant mené à l'arrestation de cambrioleurs qui sévissaient dans les environs de ma brigade d'affectation, d'où l'incitation du gradé à ce que je poursuive dans la profession. Moi même, après tout ce temps au contact des forces de l'ordre, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. Il y avait certes du bon, mais il y avait aussi (et surtout) des choses sombres qui ne matchaient pas du tout avec mes propres convictions.
Bref, le jour de l'examen est arrivé et je me suis retrouvé assis à une petite table, parmi de nombreux autres candidats en uniforme, à répondre à toute une batterie de tests psychotechniques et de QCM, tous plus infects les uns que les autres. Je pense avoir foiré les test destinés à mesurer mon intellect. Je n'ai jamais été très bon en logique pure. Je me pose trop de questions, je cherche la petite bête, je perds trop de temps... Quant aux test censés mesurer mon quotient émotionnel, j'ai cessé de répondre au bout d'une vingtaine de questions.
Parce que parmi les affirmations, auxquelles on devait répondre si on était "d'accord", "plutôt d'accord", "plutôt pas d'accord" ou "pas d'accord" (je cherche encore à comprendre les nuances...), m'était demandé toutes les 3 questions et de façon subtilement différente à chaque fois si je faisais pipi au lit.
— Mouillez-vous vos draps ?
— Êtes vous énurétique ?
— Avez-vous déjà eu des urinations nocturnes ?
— Faites-vous pipi au lit ?
Comme si j'allais dire la vérité, si ça avait été le cas...
À la sixième du genre, je n'ai plus noirci de case. J'ai souligné la phrase et griffonné un rageur "C'est une obsession chez vous, ou quoi ?" dans la marge étroite, puis j'ai posé mon stylo et croisé mes bras. Je me souviens du regard suspicieux de l'examinateur et du petit sourire en coin entendu que je lui ai renvoyé, genre "t'inquiète, gros, j'ai bien tout fini !". J'ai su à cet instant précis que, quoiqu'il se passerait à l'avenir, je ne serais jamais gendarme de métier. J'ai ensuite passé un entretien bluffant devant un capitaine qui se réjouissait déjà de récupérer une recrue aussi prometteuse que moi. Mais je savais une chose que lui ne savait pas encore... j'avais définitivement fermé cette porte.
En ratant délibérément mon examen d'entrée chez les képis, j'ai eu l'impression de vaincre mon traumatisme d'enfance une seconde fois. 💪

Et jusqu'à aujourd'hui, je n'ai plus eu honte ou peur de ma vessie flemmarde. Mais depuis quelques temps, je me remets à rêver des WC. Serais-je en train de (re)devenir incontinent ? À 53 ans ?
Et le meilleur, dans tout ça ? Figurez-vous que ma fille m'a fait la même ! Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a comme une leçon pleine d'ironie à tirer de cette aventure. Mais qu'en faire par la suite ?

*****

Il y a quelques jours, ma cousine (la sœur de celui qui pissait aussi au lit autrefois et qui a été sauvé par la haute technologie du Pipi Stop !), à qui j'ai fait lire ce texte (qui est plus une ébauche de souvenir qu'autre chose) m'a posé une question existentielle : en quoi ce traumatisme d'enfance a déterminé l'homme que tu es aujourd'hui ? Qu'a-t'il modifié dans ton comportement, dans ton caractère ?
Sur le moment, je n'ai pas su quoi lui répondre. J'avais besoin de réfléchir plus longuement à ce sujet.
J'ai laissé passer deux semaines, pendant lesquelles la question a tourné en tâche de fond à l'arrière de mon crâne.
Ce trauma a renforcé ma capacité à m'adapter à l'adversité. Il m'a appris la résilience, le dépassement, puis à assumer mes actes, fussent-ils involontaires (ou du moins à être capable d'en parler sans honte). Il m'a donné le sens de l'autodérision et m'a appris à relativiser.
Voilà pour les points positifs. Mais d'un autre côté, il a surtout renforcé mon besoin d'être reconnu par mes pairs (les autres humains) comme une personne normale, sans tare rédhibitoire. En bref, je cherche à me faire apprécier, sinon aimer. En conséquence, je porte un masque à deux faces, qui ne tient qu'à un fil : celui du gars bonhomme et serviable qui rechigne à dire non, et celui du rigolo et bon vivant qui n'hésite pas à verser dans la caricature la plus obscène pour amuser la galerie. 
Mais loin à l'intérieur, je vis dans le stress permanent d'être perçu comme nul, inutile, voire nuisible. J'ai peur de passer pour un taré infréquentable, tout en conchiant la norme et en raillant le pouvoir et l'autorité dès que j'en ai l'occasion. Donc en résumé, j'oscille sans cesse entre faire le clown (parfois jusqu'à l'outrance) et tenter de passer pour un gars sérieux et fiable, capable de raisonner (tout en ne sachant pas si le subterfuge fonctionne).
Tout cela me donne l'impression de passer ma vie à marcher en équilibre précaire sur une slackline mentale, au-dessus d'un puits obscur et sans fond. C'est souvent épuisant.

Mais ce trauma m'a également doté d'un esprit rêveur, qui aime fuir une réalité qui lui est douloureuse et difficile à oublier. Contrairemement à mon grand-père, qui dormait peu et pensait que "dormir, ce n'est pas vivre", moi je préfère largement les bras de Morphée. Car c'est dans les rêves que je puise la matière première de mes romans. D'ailleurs, ce sera plus ou moins le thème de mon prochain livre !
Mais on ne peut pas dormir 24h/24. Il faut de temps en temps payer ses factures et se nourrir pour que le système perdure. C'est sans doute pour cette raison que je m'anesthésie régulièrement la vie. D'autres ont des poisons différents, mais le mien, c'est l'alcool. La bière belge, essentiellement, mais aussi le vin rouge (j'ai un faible pour le Rioja). Moins souvent les alcools forts, et dans ce cas, c'est le Jack Daniel's, sec et sans glace, que je sirote.
Oh, je ne suis pas alcoolique, comme on l'entend généralement. Je peux me passer de boire pendant des semaines sans que ça n'altère en rien mon comportement quotidien. Mais disons que la consommation d'alcool induit un état second qui rend la vie plus supportable. L'alcool m'assure que les masques vont bien tenir et m'aide à supporter ceux des autres ; il m'ouvre les chakras de l'imaginaire et me donne surtout l'envie d'aller me coucher plus vite... Alors je m'enivre jusqu'à en être à moitié estourbi. Mais pas trop... Boire de la bière, ça donne aussi envie de pisser !
Avec l'expérience, je bois rarement à en être malade. Je ne mélange plus les combustibles et je m'arrête avant d'avoir le syndrome du bateau. Et si jamais j'ai mal au cheveux au cours de la nuit, ça se résoud tout seul, sans Doliprane, pendant mon sommeil. Je ne dis pas que je me réveille frais comme un gardon, mais je me dis que ça ira. Et effectivement, à chaque fois, ça passe ! C'est l'alcool magique !
Je plaisante.

Mais pour en revenir au sujet du début, ce traumatisme d'enfance, c'est, je pense, le détonateur. La raison pour laquelle j'exorcise ma vie en l'écrivant. Alors, on dit merci qui ? Merci pipi au lit !

jeudi 23 janvier 2025

AUTEUR vs LECTEUR : QUE RESSENT-ON À LA MORT D’UN PERSONNAGE ?

Image créée par Dall-e
Eh bien je pourrais vous dire que ça dépend du personnage, bien sûr. Mais ça, c’est ce que la majorité des gens va penser, tandis qu’elle lira le fameux passage de la mort du héros (deuil, tristesse infinie), ou celle du salaud (soulagement, joie). Je le sais car je suis moi-même lecteur, et je ressens profondément ces mêmes émotions à chaque fois. Mais il en va tout autrement pour l’auteur, qu’il soit romancier, cinéaste ou scénariste de séries.

Car l’auteur, c’est lui (et lui seul) qui décide comment et à quel moment il tue son personnage. Il n’y a pas d’interaction avec le public. Concernant les livres, mis à part pour certains formats comme « les livres dont vous êtes le héros », ou c’est le lecteur qui décide – a minima – de l’aventure qu’il va suivre (même si toutes sont déjà ficelées et immuables) via un jet de dés ou le hasard de ses choix (pour les moins joueurs   dont je suis), tout est déjà figé et réglé d’avance avant même qu’il n’ait posé les mains sur le bouquin, chez le libraire.

C’est un peu cruel, quand on y pense. Il y a un petit côté sadique (que j'assume parfaitement) chez le romancier. Mais au delà de ça, la mort, c'est bien pratique pour créer des rebondissements, choquer la morale (surtout quand ce sont des morts atroces) ou se débarrasser d'un personnage devenu trop encombrant. Je dois avoir un petit côté psychopathe, mais je l'avoue : c'est assez grisant de tenir la vie d'un être (de papier) entre ses mains, et de l'écrabouiller si l'histoire le justifie ou simplement si j'en ai envie ! 

Je disais donc, c’est l’auteur qui décide. Et là, je ne m’exprime pas au nom de tous les romanciers, mais en ce qui me concerne, une fois que le personnage, quel qu’il soit, est mort, c’est paradoxalement – et à chaque fois – un déchirement. Un peu comme si je m’arrachais un lambeau de peau ou si je me faisais sciemment tomber une boule de bowling sur les couilles. Et ensuite je ressens le même genre de deuil que lorsque j’ai divorcé. Avec une intensité et un sentiment de longueur nettement moins forts, toutefois (car ce sont que des personnages, pas de vraies personnes vivant dans la vraie vie) !

[SPOILER ON] Mais c’est pourtant vrai ! Dans ma trilogie fantastique L’infection, par exemple, j'ai jubilé comme un bâtard en tuant #BeauSmart, tout autant que lorsque j'ai envoyé Patrice Bodin ad padres ; pareil pour mes personnages secondaires, Pascal Hastoy ou Mathilde Joubert. Mais ensuite, j'ai souffert de leur disparition. Au final, le plaisir de les avoir tués ne monte jamais à la cheville du coût psychologique de leur mort. [SPOILER OFF] Et c’est évidemment idem pour tous mes autres livres, mis à part Mauvais berger ! où il n’y a que des moutons qui meurent (et qui sont mort pour de vrai, en plus). ^^

Image créée par Dall-e
Allez, après avoir bien plombé l'ambiance, je vais terminer par une lueur d'espoir : ce soir, en rentrant du boulot, alors que je conduisais tout en rêvassant, je crois que j'ai à nouveau eu une de ces épiphanies de folie : je pense que je tiens le sujet de mon prochain livre. Je me sens tout rempli de frénésie, comme à chaque fois que je tiens un truc émoustillant. Mais vous avez eu assez d'info pour la journée. Je vous en parlerai dans un prochain billet ! Suspense ! 😁

dimanche 12 janvier 2025

UN (PETIT) AUTEUR PEUT-IL FAIRE SANS LES RÉSEAUX SOCIAUX EN 2025 ?

C'est une question que je me pose depuis août 2018, date à laquelle j'ai supprimé (définitivement) mon compte Facebook personnel. Je me la pose encore plus à l'heure où les réseaux sociaux sont devenus les outils de propagande de prédilection du populisme d'extrême droite. En octobre 2022, Elon Musk a racheté Twitter et en a fait l'arme de destruction massive de la vérité que l'on sait. Mais sentant le vent mauvais tourner, j'avais déjà supprimé mon compte Twitter bien avant que Musk ne renomme sa plateforme "X". Ça faisait déjà un bail que Twitter était devenu le repaire et le porte-voix des fachos et des harceleurs de tout poil. 

Je me suis alors rabattu sur Instagram, que je trouvais nettement plus sympathique (au début, avant le tsunami de pubs de merde) et j'ai développé ma page auteur sur Facebook. J'ai ouvert et j'alimente un compte LinkedIn pour les mêmes raisons. Il y a quelques mois, j'ai également ouvert un compte Tiktok pour Astobelarra. Parallèlement, j'utilise WhatsApp pour communiquer avec ma compagne, Messenger pour communiquer avec les membres d'Astobelarra et Instagram pour communiquer avec mes enfants. J'habite en "zone blanche" (par choix), et donc il n'est pas possible de recevoir des SMS depuis mon domicile, sauf si mon interlocuteur.trice utilise le protocole RCS. Trop rares sont ceux qui utilisent ce système aujourd'hui.

Mais voilà, il y a quelques jours, Mark Zuckerberg, le patron du groupe Meta (Facebook, Messenger, Instagram et Whatsapp) a publié un message vidéo dans lequel il emboite le pas de Musk, en supprimant le fact-checking de ses plateformes et en faisant littéralement allégeance à Donald Trump. Oh, je me doutais que ce brave Zuckie n'est qu'un moulpe qui va là où le courant le porte, mais si je ne m'attendais à rien de grandiose de sa part, je suis quand même déçu. Sa nouvelle posture me met dans une position très inconfortable. Car comment continuer à utiliser les services (gratuits - mais si c'est gratuit, c'est que c'est toi le produit...) de quelqu'un dont les idéaux sociétaux vont à l'encontre totale des miens ? 

Le problème, c'est que les réseaux sociaux font partie intégrante de mon "modèle économique" de petit auteur à notoriété locale, ou plutôt, de celui de mes ventes de livres (et de celles des mes copains auteurs signés chez Astobelarra). Sans les réseaux sociaux, pas de promo, pas de ventes, pas de souscriptions... (sans oublier que je perdrais le contact avec des amis lointains ou d'enfance...) Or, comment trouver un outil de communication en ligne gratuit et populaire qui ne soit pas encore devenu une âme damnée du populisme néofascisme ultralibéral américain, ou chinois, ou russe (tant qu'on y est) ? 

À noter : la même question se pose pour les autres médias : chaînes de radios, de télés, de magazines et PQR, et même maintenant pour les grandes maisons d'édition, qui font toutes partie de grands consortiums capitalistiques, détenus par des grands "capitaines d'industrie" désireux d'impacter la société avec leurs idées rances. La pourriture brune s'infiltre partout et à très grande vitesse. 

Mais est-ce que ce réseau social "libre" existe, même ? Et sinon, comment faire sans ? Je ne suis pas Amélie Nothomb, Virginie Despentes ou Michel Houellebecq pour pouvoir me passer d'Internet et des social médias. Cela dit, même des pointures comme Bernard Werber et Eric-Emmanuel Schmitt utilisent les pubs sur les réseaux sociaux pour attirer les aspirants écrivains dans leurs "Masterclasses" (et je ne les admire pas pour ça - litote...) ! 

Donc voilà, la question est posée : ai-je, oui ou non, une nécessité absolue d'avoir et d'utiliser des comptes sur Facebook, Instagram, TikTok ou même LinkedIn ? Aujourd'hui, objectivement, je ne sais pas y répondre "non". Est-ce qu'il existe un outil efficace que je n'aurais pas honte d'utiliser ? Encore une fois, je ne sais pas répondre. Toujours est-il que la question se fait aujourd'hui de plus en plus prégnante, jusqu'à ce qu'un jour, la mouche me pique et que j'envoie tout balader avec pertes et fracas. Et vue la tournure récente des événements, mon petit doigt me dit que ce jour arrive à grands pas.  

En attendant, je vais poster ce billet d'humeur sur les réseaux sociaux, puisqu'on a désormais le droit de tout dire ! 

dimanche 5 janvier 2025

ON NE PARLE BIEN QUE DE CE QU’ON CONNAÎT…

C’est, du moins, ce que prétend la maxime. Mais est-elle applicable au travail d’un romancier ? Je me pose cette question car je suis en train de terminer « Dernière nuit à Twisted River », excellent roman de John Irving, et le personnage principal, un romancier (ça ne s’invente pas), s’amuse s’agace de cette manie qu’ont les journalistes de toujours chercher à savoir si tel ou tel personnage, telle ou telle situation, sont directement inspirés de la réalité, de l’expérience ou de la vie de l’auteur : « Quant aux anciens journalistes devenus romanciers, ils adhéraient tous à ce morne précepte hemingwayien : parler de ce qu’on connaît. Foutaise ! Il ne faudrait parler que des gens qu’on connaît ? Ô combien de romans mortellement ennuyeux on commet au nom de ce principe fumeux et boiteux ! »

Avec ma petite expérience d’écrivain local, je dois également répondre à ce genre de questions lorsque je sors un bouquin : « Est-ce que c’est autobiographique ? Est-ce que ce personnage – qui en prend plein la gueule – ne serait pas directement inspiré de tel chef d’entreprise (et ancien maire), qui a un jour été ton patron ?  Est-ce que celui-ci ne serait pas le portrait craché de ton ex-femme ? Il a vraiment fait ci, elle a vraiment dit ça ? » À la décharge des gens de la presse, dont j’ai fait partie durant la première décennie de ce millénaire, je situe les histoires que je raconte sur mon lieu de vie (tout comme beaucoup d’autres auteurs, John Irving ou Stephen King inclus). Forcément, cela peut laisser penser que je parle aussi des gens d’ici et que je chercher à régler des comptes. Difficile de contredire…

Pourtant, et mis à part « Mauvais berger ! », qui est une tranche de vie dans laquelle je n’ai rien inventé, mes livres sont en grande majorité des histoires fantastiques, ou des thrillers horrifiques. Ce sont des romans, c’est à dire des histoires créées de A à Z, avec des personnages entièrement construits pour l’occasion. Même le cadre où se déroule l’action n’est pas exactement conforme à la réalité. C’est une Soule fantasmée, où seules les grandes lignes (les couleurs, les forêts, le nom des lieux et des collines…) sont respectées. Le reste étant comme une empreinte de pas dans la neige. On sait que c’est un pied chaussé de crampons qui l’a faite, mais ce n’est pas le pied en lui-même que l’on voit. Juste le souvenir plus ou moins lointain et dégradé qu’il a laissé après son passage.

Pour les personnages, c’est à peu près la même chose. La différence, c’est qu’ils sont davantage des amalgames d’empreintes que des emprunts directs à telle ou telle personne réelle. Tout comme les monstres/robots en Légo que je fabriquais, enfant, ce sont de pures constructions, uniques, faites de briques existantes et que je m’amuse à mixer dans tous les sens, flirtant souvent avec la caricature (je ne m’en cache pas). Par exemple, pour « Antton Aguer », qu’on retrouve brièvement dans « L’infection T1 : Contage » et dans « Le Moment ou jamais », certains traits de caractère sont empruntés à tel politicien local, d’autres à tel manager d’entreprise, et d’autres encore à deux ou trois autres tyrans rencontrés tout au long de ma vie. Il y a même du « Aimé De Mesmaeker » chez Antton Aguer, pour ceux qui auront la référence ! C’est d’ailleurs l’image qui me guidait parce que je souhaitais coller une dimension tragi-comique à ce personnage.

Vous l’aurez compris, mon but n’est pas d’afficher qui que ce soit en particulier, mais qu’au final, personne – ou n’importe qui – puisse se reconnaître dans ces figures peu nuancées.
En conclusion, mes personnages s’inspirent de la réalité, mais ils ne sont pas la réalité. Ils viennent de moi, ils sont moi. Ce sont des interprétations personnelles d’empreintes déformées laissées dans ma vie par une multitude de vrais gens. Peut-être me suis-je inspiré de quelques-unes d’entre vous pour créer « Jessica » (dans « Les Routes du crépuscule ») ? Peut-être que j’ai décalqué des petits bouts de votre personnalité lorsque j’ai construit « Patrice Bodin » (dans les trois tomes de « L’infection ») ? En tout cas, vous seriez bien bêtes de vous en offusquer, si jamais vous vous reconnaissiez ! ^^