mercredi 7 décembre 2022

VIS MA VIE D'ECRIVAIN (#1)...

J'ai vécu ça un paquet de fois :

- les séances de dédicaces où personne ne vient, ou alors deux pelés et un tondu, mais pas pour toi,

- celle où tu te fais engueuler par un type qui n'a même pas lu ton livre juste parce que le titre ne lui revient pas : "Mauvais berger ! C'est quoi ce titre débile ? Ça n'existe pas les mauvais bergers, grrr...",

- celle où il y a du monde, mais où ton voisin, confrère "mais néanmoins ami" de la "maison d'édition concurrente", truste tous les visiteurs (quand il ne vient pas les chercher directement sur ton stand, parfois en dénigrant ouvertement ta production - lire ici !)... 😱

- Celle où un type vient te tenir la jambe pendant des heures, à te raconter sa vie, pour finalement partir sans te prendre ton putain de bouquin.

- Celle où la lectrice "intéressée" s'aperçoit soudain qu'elle n'a pas de monnaie pour payer, te dit qu'elle "va retirer au distributeur et qu'elle revient en suivant". J'ai fini par cesser de l'attendre.

- J'ai connu des salons du livre où tu te tapes 150 bornes/aller pour revenir bredouille, désespéré et désargenté le lendemain,

- et ceux où tu vois bien que les gens qui viennent ne viennent pas du tout pour les livres, mais pour s'abriter du froid ou de la pluie...

- J'ai quelque fois bravé les éléments dans des marchés en plein hiver pour ne vendre qu'un pauvre livre à 3€ et choper une angine en prime.*

- Et puis j'ai aussi connu les conférences de presse où, malgré un arrosage en grandes pompes deux semaines avant, avec distribution généreuse de "services presse", aucun journaliste ne vient... Aucun article ne sort. Jamais.

Alors je ne serai sans doute jamais aussi célèbre que Stephen King ou même Bernard Werber (notez que ça n'a jamais été mon ambition), mais je pourrais raconter tellement d'autres anecdotes croustillantes autour de la sortie de mes 5 livres, si vous saviez... Mais à quoi bon remuer la fosse à purin ? C'était marrant quand j'étais jeune. Aujourd'hui, si j'ai gardé un côté provocateur, j'aspire à davantage de sérénité dans ma vie quotidienne.

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il ne faut pas se décourager et qu'il ne faut conserver aucune aigreur, aucun ressentiment. Ça fait partie du lot de tous les auteurs, qu'ils soient grands requins blancs des tréfonds du Pacifique ou petites crevettes grises des ruisseaux de montagne.
Il faut juste croire en ce qu'on fait et d'ailleurs, ce qu'on fait, on le fait d'abord pour soi. 
La sauce finira par prendre, ou pas.

En ce qui me concerne, je saurai me contenter d'une minuscule trace de mon passage sur terre laissée dans quelque bibliothèque familiale anonyme. Ou dans quelque obscure boîte à lire rurale. 😋

*J'ai aussi connu des marchés de Noël où j'ai vendu tout mon stock de livres en une heure et où j'ai dédicacé "à tour de bras" (toutes proportions gardées). Ces moments-là, de pure félicité, compensent voire éclipsent tous les autres !

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