1/ Dès que je racontais une anecdote un peu crue, un de mes anciens collègues de boulot me répétait avec un ton moqueur : "Etienne, tu n'as pas de jardin secret !" Une affirmation qui n'est pas tout à fait vraie. Pour ceux qui me connaissent, j'ai volontairement passé sous silence certaines de ces anecdotes et mis l'accent sur d'autres. Mais attention, je dévoile quand même pas mal de choses personnelles.
2/ À la réflexion, après relecture de ce premier jet, ça a l'air d'avoir ni queue ni tête et de partir dans tous les sens. Mais en fait ce sont de petites briques informes qui, une fois assemblées, esquissent un grand tout plus ou moins harmonieux, un peu comme un journal intime (mais public), et qui explique beaucoup de choses.
3/ Ça a aussi l'air super péteux de croire que ma petite vie va intéresser quelqu'un, mais bon... Si je ne le fais pas, qui le fera, hein? Qui ? Quelqu'un qui ne me connaît pas et qui racontera des conneries ? Non ! Autant que ça vienne de moi. ^^
Vous êtes prêts ? Alors c'est parti !
VERY NORMAL THINGS
Parfois, ma grand-mère venait nous garder le samedi soir, lorsque mes parents sortaient. Elle nous laissait regarder "Champs Elysées" avec elle. C'est là que, pour la première fois, j'ai vu le clip vidéo de "Thriller", de Mickael Jackson. Inutile de vous dire que j'ai eu la trouille de ma vie ! Je pense que mon obsession pour les zombies et du gore date de là. Elle fut confirmée par la découverte de "Temps X", le magazine télé des frères Bogdanov (quand ils étaient encore BG, avant les "mutations"). Je me souviens encore des extraits de films d'horreur sur lesquels j'étais tombé (cf la scène des sauterelles dans "l'abominable docteur Phibes" - j'en ai cauchemardé pendant des années). Ici, l'expression geek "what you have seen you can't unsee" prend tout son sens.
À peu près à cette période, un grand nombre de foyers français se virent équipés d'un Minitel. L'engin ne servait que d'annuaire électronique. Je n'ai jamais cédé à l'appel du 3615 Ulla. Et pourtant, on peut dire qu'à force de pubs suggestives, elle aura insisté pour que je craque, cette brave Ulla ! Mais je savais que mes parents auraient fini par le découvrir, grâce à la facture détaillée.
J'ai eu mon bac je ne sais pas comment. Pas en travaillant, en tout cas : j'ai dû passer les 3/4 de mes révisions à faire la sieste, à dessiner ou à m'asticoter l'appendice, toujours en pensant aux filles de ma classe (on ne se refait pas).
Avec mon petit groupe de copines, on a fêté notre succès en sautant tout habillés dans la Charente (je suis resté sur la berge, à les regarder patauger), puis en partant en vélo à Lacanau.
Le soir, il n'était pas rare que j'aille me faire une petite toile à l'UGC à Bordeaux, ou que je m'envoie un petit cocktail au "Bœuf sur le toit" avec des copains, après avoir passé mon après-midi à fureter dans les rayonnages du Virgin Mégastore de Gambetta. On se terminait au "Cabaret bordelais", une boite en sous sol avec des voûtes apparentes située vers la place du Parlement. Je rentrais à mon appartement avec le dernier bus pour Talence, ou à pieds. C'était la belle vie, insouciante et désinvolte, presque libre. Quand j'y repense, j'ai un peu honte d'avoir autant profité de mes parents, pendant cette période.
J'avais 19 ans quand j'ai rencontré ma première "vraie" petite amie, une lectrice anglaise un peu plus âgée que moi avec laquelle je suis resté deux ans. La seconde année, elle a eu pour projet de partir travailler pendant l'été aux USA. J'aimais bien l'idée, et si je n'avais pas eu autant la flemme de remplir les papiers, je l'aurais suivie volontiers. Mais que voulez-vous, on ne lutte pas contre sa nature. La flemme, c'est une constante inamovible dans ma personnalité. Mais pour ma copine, c'était comme une preuve (de plus) de mon manque de maturité et d'investissement dans notre relation. Du moins est-ce ainsi que je l'ai interprété. De mon côté, je voyais de plus en plus la distance physique et ce voyage avorté comme un signe que ça ne pourrait pas fonctionner entre nous. Or je marche beaucoup avec les signes. Ça me donne une bonne raison de faire - ou de ne pas faire - les choses. Alors je l'ai quittée. Sur le coup, ça m'a rendu très malheureux mais c'était pour le mieux, au final : elle a rencontré celui qui deviendrait son futur mari et le père de ses deux filles pendant ce voyage aux USA ! Encore un signe...
À SUIVRE...