jeudi 12 juin 2025

DOIS-JE VRAIMENT ME PRÉPARER À TUER LA POULE AUX OEUFS D'OR ?

Celles et ceux qui lisent mon compte Instagram (et ce blog) savent que mon inspiration provient essentiellement de mes rêves (et cauchemars). Depuis tout petit, j'ai toujours fait des rêves assez prégnants. Pas forcément réalistes, mais le genre dont on se rappelle comme d'un souvenir (tout en sachant pertinemment qu'il ne s'agit que de rêves). 

Mais depuis quelques temps et en particulier depuis le début de l'année, c'est toutes les nuits et plusieurs fois par nuits, que ça me prend. De fait, j'ai l'impression de ne jamais me reposer parce que je suis sans arrêt en sommeil paradoxal, et pas en sommeil profond. Alors c'est sûr, pour la créativité : c'est du pain béni. 

En effet, je ne compte plus le nombre de situations, de personnages*, de rebondissements que ces rêves ont pu créer dans l'ensemble de "mon œuvre", et notamment dans mon dernier roman en cours d'écriture, dont c'est d'ailleurs le thème principal. Mais pour la vie normale, celle de tous les jours, c'est moins rigolo.

Cela a des effets indésirables assez conséquents (sommeil sans repos = baisse de la concentration et de la vigilance, irritabilité, fatigue, charge mentale, crises d'angoisse...) qui influent négativement sur la qualité de mes activités professionnelles mais également sur celle de ma vie privée. Je me suis demandé si ça venait de moi (deviendrais-je sénile avant l'âge ?) ou d'autre chose, par exemple de mon traitement contre l'apnée du sommeil (qui deviendrait moins efficace avec le temps) ? Mais les statistiques de la machine ne laissent pas de place au doute : tout fonctionne bien de ce côté-là...

J'ai donc demandé à Chat GPT de m'expliquer d'où ça pourrait venir. Et à force de me poser des questions, il a fini par resserrer le faisceau de présomptions autour de mon traitement contre l'hypertension. En effet, les bêta-bloquants sont connus pour perturber fortement le sommeil des patients, notamment en leur donnant des rêves et des cauchemars très vifs. Je pense que chez moi, ça accentue - au delà du raisonnable - un phénomène préexistant, mais beaucoup, beaucoup moins perturbant en temps normal. 

Je suis sous traitement contre l'hypertension depuis l'été 2018, mais rien n'avait vraiment changé pour moi avant cet hiver. Là, c'est devenu carrément problématique, et pour plusieurs raisons : 

1/ Je me sens très fatigué. Les fins de journée sont très rudes. Je sens qu'il en faudrait peu pour que je m'endorme au volant.

2/ Je ne peux pas arrêter le traitement. Si j'arrête, l'hypertension revient de plus belle, avec tous les risques qu'on sait.

3/ J'ai peur, surtout, que si j'arrête (ou diminue) le traitement, l'inspiration n'en profite pour foutre le camp par la même occasion. 

Et si je tuais la "poule aux œufs d'or" ? Que suis-je prêt à sacrifier pour mon "art" ? 

*ci-contre en haut, Misty, personnage vu en rêve qui va sous peu rejoindre le casting de Un cauchemar sans nom.

lundi 2 juin 2025

VIVRE DE SES ÉCRITS : BEAUCOUP D’APPELÉS, TRÈS PEU D’ÉLUS !

En marge du prix France Inter 2025, révélé ce matin, je discutais avec Gudule (mon pote Chat GPT, ainsi renommé), au sujet du monde de l’édition. Je lui demandais : « Est-ce qu’il existe des romanciers français qui vivent exclusivement de leurs œuvres et qui sont-ils ? » 

Il m’a répondu ceci : Très peu d’écrivains français vivent exclusivement de leurs écrits. En France, le métier d’écrivain est rarement rentable en soi. Ceux qui vivent uniquement de leurs écrits sont l’exception, souvent grâce à de très gros tirages, des adaptations audiovisuelles, ou une forte présence à l’étranger.

Et de me citer ces quelques noms d’auteurs contemporains :

Michel Houellebecq : l’un des rares à vivre exclusivement de ses livres. Il tire aussi des revenus de ses droits d’adaptation, et de ses conférences.

Amélie Nothomb : très prolifique, avec un livre par an chez Albin Michel, elle vit confortablement de ses romans.

Guillaume Musso : best-seller en continu depuis 20 ans. Traduit dans des dizaines de langues. Il vit très bien de ses écrits.

Marc Levy : comme Musso, il vend à l’international, ce qui assure des revenus importants.

Bernard Werber : ses romans entre science, spiritualité et philosophie ont un large lectorat fidèle, en France et ailleurs.

Fred Vargas : romancière à succès dans le polar, notamment grâce à ses ventes et adaptations télévisées.

Mélissa Da Costa vit aujourd’hui pleinement de ses livres. Elle a quitté son poste de chargée de communication en 2020 pour se consacrer entièrement à l’écriture, après le succès de son premier roman publié, Tout le bleu du ciel.

Les cas hybrides :

Virginie Despentes : vit surtout de ses livres, mais aussi de ses activités publiques (prises de parole, chroniques, interventions).

Édouard Louis : revenus combinés entre livres, traductions, interventions académiques ou médiatiques.

Quelques exceptions notables, dans des niches :

François Busnel (journalisme + anthologies littéraires)

Joann Sfar (bande dessinée + cinéma + romans)

Riad Sattouf (BD + cinéma + éditions)

Camille Laurens, Maylis de Kerangal, ou Marie Darrieussecq vivent confortablement de leurs livres et de leurs activités dérivées (résidences, prix, traduction, etc.).

Selon plusieurs études (SGDL, CNL), 90 à 95 % des auteurs publient sans en vivre. Le revenu médian annuel tiré du droit d’auteur est inférieur à 5 000 € par an. Beaucoup cumulent avec d’autres activités : enseignement, journalisme, scénarisation, ateliers d’écriture, interventions en milieu scolaire…

À noter : Un écrivain peut aussi « vivre de l’écriture » sans vivre uniquement de ses livres, par exemple en écrivant pour le théâtre, la radio, la télévision, la publicité, les musées ou en animant des ateliers, en faisant des conférences, ou en étant invité dans des festivals.

Je lui ai fait remarquer : « En fait, pour vivre de ses écrits, il faut écrire un livre par an, être publié dans une grande maison d’édition parisienne et être traduit à l’international ! »

Voici ce qu’il m’a répondu : Tu as parfaitement résumé la réalité du métier d’écrivain en France aujourd’hui. Pour vivre uniquement de ses écrits, il faut en général réunir au moins trois conditions :

1. Être publié chaque année ou presque

  • Un livre par an est la cadence adoptée par presque tous les auteurs qui en vivent (Musso, Nothomb, Werber, etc.).
  • Cela maintient la visibilité en librairie, dans les médias, et donc les ventes. 

2. Être publié par une grande maison parisienne

  • Pourquoi ? Parce que ce sont elles qui ont :
    • Le réseau de distribution puissant (librairies, grandes surfaces, plateformes),
    • L’accès aux médias nationaux,
    • Des avances sur droits significatives (parfois 10 000 à 100 000 € selon le potentiel),
    • Une capacité de tirage initial élevée (dès le premier tirage).

Exemples : Gallimard, Albin Michel, Lattès, Fayard, Grasset, Actes Sud, Stock, Flammarion, etc.

3. Être traduit à l’international

  • Les droits étrangers rapportent souvent plus que les ventes en France à moyen terme.
  • Le marché anglo-saxon, l’Allemagne, la Corée ou le Japon peuvent être très rémunérateurs.
  • Un auteur comme Michel Bussi, par exemple, vend des dizaines de milliers d’exemplaires en Italie, en Allemagne ou en Chine.

Et souvent, il faut aussi :

  • Gagner des prix (qui donnent de la visibilité et des ventes),
  • Être adapté au cinéma ou en série télé,
  • Participer au cirque médiatique (émissions, salons, signatures).

Bref, c’est un métier d’exception, pas une carrière accessible à tous les bons écrivains. La qualité littéraire ne suffit pas. Il faut du rythme, un positionnement clair, une stratégie éditoriale solide et une part de chance ou de bon réseau.

Ensuite, je lui ai demandé combien il restait de grandes maisons d’édition indépendantes en France.

Pour lui, il en reste véritablement 3 : Albin Michel, Actes Sud et les Éditions de Minuit. Être publié chez l’une d’elles donne souvent plus de liberté, mais aussi plus d’exigence littéraire et commerciale. POL est, quant-à-elle, semi-indépendante.

Tous les autres gros éditeurs appartiennent à des intérêt industriels ou financiers : Gallimard et Flammarion à Madrigall ; Fayard, Grasset le livre de poche et Stock à Hachette (Vivendi – Vincent Bolloré) ; Robert Laffont, Julliard, Nil, Presse de la Cité, Perrin, etc. à Editis (CMI – Daniel Křetínský) ; Le seuil, la Martinière et l’Olivier à Média-Participations (famille Montagne).

Je réfléchissais et je me disais : je n’ai pas le talent d’une Virginie Despentes, je ne vis pas à Paris, je ne connais personne dans le milieu, et je n’écris pas un livre par an. Vivre de mes livres, c’est un rêve impossible, pour moi. Je le savais déjà ; j’en ai fait mon deuil depuis longtemps. Mais c’est toujours bon de se le rappeler de temps en temps, juste histoire de recaler le potentiomètre de l’égo dans l’equalizer de ma vie…

On va donc continuer de se contenter de ce qu'on a, et c'est déjà pas si mal !

vendredi 9 mai 2025

VIS MA VIE D'ECRIVAIN #5 : Dans quelles conditions j'écris ?

Je m'aperçois que je n'ai rien écrit de neuf sur ce blog depuis le 3 mars ! Ça fait plus de deux mois sans nouvelles ! Bon, rassurez-vous, je n'ai pas quitté la planète. Je suis toujours vivant, toujours debout, comme dirait un chanteur énervé. C'est juste que j'ai eu beaucoup de travail jusqu'à la fin avril, puis je suis parti trois semaines en congés, que j'ai mis à profit pour commencer à écrire mon nouveau roman : Un cauchemar sans nom. À l'heure où je couche ces lignes, j'ai déjà les quatre premiers chapitres rédigés et un cinquième en cours. Mais vu que je vais reprendre le travail dès lundi, je suis contraint de me remettre en pause jusqu'aux prochaines vacances. 

Ce qui pose une question essentielle : comment j'écris ? Dans quelle conditions ? 

Je n'écris pas en semaine de travail et rarement en week-end. Pourquoi ? Disons qu'il me faut un certain temps pour "déplier mon cerveau", entrer en phase de créativité. Écrire, ce n'est pas comme répondre à un mail. Cela demande une tension intérieure, un arrachement à la réalité. Et il faut autant de temps (voire plus) pour replier mon cerveau et redevenir un salarié fonctionnel. Donc essayer de m'isoler dans un bureau du boulot et me mettre à écrire entre midi et deux, ce ne sont pas des conditions propices. 

Idem pour le soir (en général, je suis à plat après une journée de travail, pas vous ?). Quant aux week-ends, eh bien c'est le moment de faire un peu d'intendance et de logistique... Et de recharger ses batteries pour la semaine qui arrive. Sans compter les salons du livres, marchés et autres vidéos rigolotes auxquels je participe régulièrement pour le compte d'Astobelarra. Donc là non plus, les conditions ne sont pas idéales. Je ne dis pas que je n'écris jamais les week-ends ou en soirée, mais ça reste relativement rare. D'autre part, j'ai appris de mon ex-épouse "qu'être là sans être là", c'était très risqué pour la vie de couple. Je tiens à ce que ma compagne se sente toujours importante à mes yeux, au moins autant que mes ambitions personnelles (ce qu'elle est, évidemment). 

D'où l'idée de me ménager des plages de travail, de plus ou moins longs espaces temporels qui ne sont consacrés qu'à l'écriture. J'ai mis cela en place depuis à peu près 2013 et c'est plutôt efficace. Dans mon boulot, on bosse en semaines de 39 heures, ce qui nous permet de rajouter presque un mois de congés supplémentaire aux 25 jours annuels autorisés (un mois si on se débrouille bien à caler ses RTT les semaines où il y a des ponts). Parce que oui, ce que recherche en priorité un écrivain, ce n'est pas une augmentation de salaire (quoi que...), mais c'est surtout du temps libre. 

Jusqu'à présent, je me calais sur le mois de mai, qui contient beaucoup de ces ponts. Mais je me suis rendu compte, en vieillissant, qu'attendre cinq mois pour partir en congés avait un inconvénient majeur : la fatigue physique et morale s'accumule trop et il me faut du temps pour être suffisamment en bon état pour me remettre à écrire. Là, par exemple, il m'a fallu une semaine complète de repos. Sur trois semaines de congés. Ça fait donc une semaine de perdue. C'est trop. Je vais donc modifier cela à partir de l'année prochaine et prendre des congés plus courts, mais plus souvent. 

J'entends déjà des petits malins me suggérer que, puisque je manque de temps, je n'ai qu'à démissionner pour me consacrer exclusivement à l'écriture. Je pourrais, en effet. Ce serait un choix de vie. Mais alors je devrais revendre ma maison, m'incruster chez ma compagne, diminuer mon niveau de vie, pour finalement repartir taffer dans des conditions encore moins acceptables qu'aujourd'hui. Retour à la case départ ! Et ça, c'est non ! 

Ce n'est pas que je ne crois pas en mon talent (si, c'est ça en vrai), mais je sais que dans ce métier d'écrivain, il y a beaucoup (de plus en plus) d'appelés et très peu d'élus. Les chiffres croisés de la SGDL (Société ses Gens De Lettres), de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia) et du ministère de la Culture sont impitoyables : en France, moins de 1% des écrivains vivent de leurs droits d'auteurs. Le revenu médian des auteurs déclarés est de moins de 350€ par mois.

Si j'ai écrit six livres qui se vendent plutôt bien (localement), je suis très (très) loin de gagner cette somme, en étant publié chez Astobelarra. D'autant plus que la production littéraire mondiale est en pleine expansion (plus de 70 000 titres par ans), tandis que le nombre de lecteurs, lui, se réduit comme peau de chagrin. En effet, selon le CNL (Centre National du Livre), le nombre de lecteurs français est passé de 70 à 59% entre 2011 et 2024, et la part de non-lecteurs a même doublé (de 9 à 18%) en 10 ans chez les 15-24 ans !

Bref. La littérature, ça nourrit beaucoup l'esprit mais très peu le frigo. Fort de ce constat, je vais donc garder mon emploi qui me plait et qui comporte de nombreux avantages (dont le nombre de jours de repos), tout en continuant à écrire pendant mes congés. C'est, me concernant et jusqu'à présent, un modèle convenable et qui a fait ses preuves. 

lundi 3 mars 2025

DESTINATION FINALE.

Image par dall-e.

Cette nuit, j'ai rêvé que j'étais dans une vaste clairière. Il faisait beau et une légère brise chaude faisait voleter mon tee-shirt sur ma peau. Devant moi, se tenaient des milliers de personnes, silencieuses, mais au regard insistant et hanté. Peu à peu, je me suis rendu compte que ces gens étaient toutes celles et ceux que j'avais côtoyés dans ma vie, de près ou de loin, les vivants comme les morts. Et ils se rapprochaient de moi, insensiblement, me forçant à reculer vers la lisière du bois. 
Je me suis donc retourné et suis parti en courant dans la prairie ondoyante et les gens m'ont suivi, me poussant toujours dans la même direction, vers une colline où se trouvait une énorme cathédrale avec des dômes romans-byzantins, un peu comme celle de Périgueux, mais avec des murs en béton brut, comme ceux d'un blockhaus. 
Je ne voulais pas y aller, sentant confusément que mon destin se jouerait dans cet édifice religieux menaçant, mais la foule se faisait de plus en plus pressante. 
Et je me suis réveillé.

vendredi 28 février 2025

QUAND LA RÉALITÉ DEVIENT UNE SATIRE, LA DYSTOPIE DEVIENT INUTILE...

Image par Dall-e.

Peut-on encore écrire une dystopie à l’heure ou la réalité devient plus folle que la fiction ? Je pense que la réponse est dans la question…

Hier soir, je regardais sur Instagram une vidéo qui mettait en parallèle Elon Musk paradant sur scène avec sa tronçonneuse géante et rutilante, destinée à trancher dans le financement des services publics (plagiat assumé du président argentin Javier Milei, ou authentique manque de créativité ? Je n’ai su dire) et un extrait du film Idiocracy, lorsque le président Camacho détruit le plafond du congrès américain avec une mitrailleuse aussi grosse qu’une cuisse d’éléphant.

Dans le même temps, Donald Trump publiait une vidéo abominable assistée par IA sur sa vision de ce que devrait être Gaza. On l’y voit en statue dorée, avec son copain Musk sous une pluie de pognon, en train de se goinfrer de samoussas, ou à bronzer sur la plage aux côtés de Benyamin Netanyahou. Le même Trump qui, chaque jour, excelle dans l’art d’éjaculer quotidiennement les hectolitres de matières fécales qui bouillonnent là où devrait se trouver son cerveau… s’il était un homo sapiens normalement constitué.

Et de me rappeler que ce type a été élu par le peuple américain souverain (#OMFG) ! Puis je regarde en miroir ceux que nous avons en France. Des mous, des débiles ou des psychopathes affamés de pouvoir prêts à dire toutes les atrocités possibles, à s’allier avec les plus pourris, à inventer les mensonges les plus ridicules pour pouvoir poser leurs fesses sur le fauteuil le plus luxueux de l’assemblée nationale, voire le « trône » de l’Elysée… 

Et partout ailleurs, c’est la même chose : les abrutis et les fachos qui se réveillent et qui, peu à peu, grignotent le monde. Et que j’arrête de financer l’aide mondiale, et que je te mette un gros coup de frein à la défense internationale, et que je relance l’industrie pétrolière, et que je te réautorise les pesticides cancérogènes, tout ça alors même que la planète n’a jamais émis autant de drapeaux rouges (et je ne parle pas du drapeau communiste).

Le business messieurs dames ! Il n’y a que ça de vrai ! Bref… Le monde d’aujourd’hui est devenu absurde et brutal comme dans Brazil, fliqué et schizophrène comme dans V pour Vendetta ou 1984, débile et sans espoir comme dans Idiocracy.

Tout y est : glorification de la médiocrité, langage simplifié, privatisation de tout, solutions stupides à des problèmes complexes, bureaucratie kafkaïenne qui broie les individus, surveillance à outrance de toutes et tous, extrême violence sous un voile de normalité, retour en fanfare du dogme religieux dans la politique, stigmatisation des minorités, intolérance phobique à la différence, négation de la science…

Alors pourquoi persister à écrire des dystopies alors que NOUS Y SOMMES DÉJÀ, en dystopie ? On l’a d’ailleurs carrément dépassée, puisque la caricature n’est même plus exagérée ! Dès lors, le travail d’un auteur est-il encore d’écrire des dystopies, ou… de faire du reportage ? Une dernière question : est-ce que Trump, Musk et Milei méritent de figurer dans un livre ou d'être oubliés dans les limbes de l'histoire humaine ?

Je crois la question elle est vite répondjue, jeune entrepreneur !

lundi 3 février 2025

VIS MA VIE D’ÉCRIVAIN #4

Ce week-end, j’ai participé, comme chaque année depuis la sortie de Mauvais berger !, au salon du livre de Navarrenx. Astobelarra présentait quatre livres au prix des remparts cette année, et c’est avec une joie non dissimulée que la maison d’édition souletine a raflé une troisième récompense (dans ce salon), grâce à Les Sens hors des nerfs, le dernier roman de Thomas Ponté, preuve s’il en fallait une, que nos auteurs sont des cracks et leurs textes de grande qualité. Comble de bonheur, nous y avons réalisé (de très haut) notre meilleure performance commerciale depuis que nous participons à ce salon (je sais que c’est un sujet considéré comme trivial par nombre d’écrivains, auxquels je rappelle qu’ils écrivent à la base pour être lus, donc pour que leurs livres soient vendus, eh oui).

Mais je ne suis pas là aujourd’hui pour passer la brosse à reluire à mon éditeur ni à Thomas Ponté (même s’il le mérite, et ce depuis la sortie de son tout premier livre) ni pour parler "pognon de dingue". Dans ce type d’évènement, il arrive parfois qu’il y ait de courtes vagues de clients potentiels et parfois de longs creux, durant lesquels j’ai tout le loisir d’observer mon prochain, avec un œil souvent critique et implacable, il est vrai...
Dans les épisodes précédents, je vous ai fait le portrait d’improbables badauds ou de confrères plus ou moins opiniâtres. Concernant ces derniers, je pensais avoir tout vu, en 18 ans de salons/marchés en tout genre. Erreur ! Il y a toujours pire et avec encore moins de scrupules !

Ce coup-ci, je me suis agacé (et je ne suis pas le seul) du comportement absolument détestable d’un auteur qui, non content d’afficher une expression dédaigneuse pendant tout le week-end, a passé le plus clair de son temps à interpeler les passants, à peine avaient-ils ouvert la porte. Le type se trimbalait dans les travées (parfois loin de son propre stand) avec une affiche A3 plastifiée dans chaque main et les refourguait impérieusement aux gens avant qu’ils aient eu le temps de dire ouf. Le samedi, il y avait 5 auteurs dans le coin où l’organisation l’avait placé (devant l’une des entrées). Le soir même, 3 d’entre eux avaient lâché l’affaire, excédés et découragés, car en face d’un tel zozo adepte de la concurrence la plus déloyale et la plus impitoyable, impossible de vendre quoi que ce soit. Le dimanche, le quatrième auteur restant a tenu jusqu’à 16 heures, et a préféré partir avant de devenir violent (et on le comprend).

Pile à côté : le même vampire mais « en femme » et qui n’a pas hésité à placer son roll-up juste devant le stand de l’infortuné quatrième, dès qu’il a eu le dos tourné. Aucun respect, aucune vergogne, aucune dignité ! Je ne comprendrais jamais ces gens qui sont prêt à toutes les provocations, toutes les exactions et à marcher sur la gueule des autres pour sortir du lot. Tout ça pour vendre un pauvre livre de plus que le voisin. Il me semble que les organisateurs de salons devraient faire signer un règlement intérieur à chaque exposant, dans lequel serait spécifié qu’il est interdit de démarcher à l’extérieur de son stand, interdit de prendre les gens à partie, interdit de racoler et de faire de la vente forcée et surtout interdit de manquer de respect à ses confrères. Il y va du maintien d'une bonne ambiance comme de la réputation des salons du livre. 

Alors on pourra arguer qu’une signature, ça n’engage que ceux qui respectent les règles. Pourtant, si tout est bien spécifié noir sur blanc et accepté par tous les exposants, ça devient quasi-contractuel. Il n’y aurait alors aucun mal à dénoncer puis à dégager le ou les indésirables qui n’en tiendraient pas compte ! Après tout, un homme averti en vaut deux.
D'ailleurs, si ça ne tenait qu'à moi, ce serait : « Tu fais chier tout le monde ? Ben t’es viré (et tricard partout), basta ! »
Ça m’agace d’avoir à écrire ça, mais même dans ce milieu, où l’on pourrait penser que les gens sont un peu mieux éduqués, plus cultivés et donc plus respectueux des autres que la moyenne, l’homme reste un loup pour l’homme. Aussi vrai que certains ne comprennent rien d’autre que la sanction la plus radicale.

vendredi 31 janvier 2025

DES BONBONS À LA VIANDE...

Cette nuit, j'ai rêvé d'une famille (la femme, le fils et le mari) qui fabriquait des bonbons célèbres et prisés par les gens mais dont le mari, "à l'insu" de sa femme partie livrer la production du jour, était également équarisseur pour arrondir les fins de mois. 

Il transformait des animaux en pâtée qu'il emballait dans des grands sacs plastiques transparents puis les mettait dans des cartons (d'à peu près 1m de large sur 30cm de haut chacun), entreposés sur des palettes dans le couloir de service de leur laboratoire, le tout baignant dans une lumière glauque. 

Sauf que le type équarrissait les animaux vivants. Il avait une espèce de broyeur (le genre de machine qu'on utilise pour broyer des branches, mais en énorme) et il soulevait les animaux avec un palan pour les positionner au-dessus de la machine. 

Dans mon rêve, je ne voyais pas la scène directement. Une voix off la décrivait, comme si je regardais un reportage de L214 sur Internet. On entendait les animaux (des vaches essentiellement) hurler atrocement tandis que le broyeur les réduisait en purée avec fracas.

Dans la pièce adjacente, sortant du mur près du sol, il y avait un tuyau de plomb qui crachait des litres de sang, accompagnés de mousse et de vapeur sanglantes. Le tuyau vibrait et éructait bruyamment, ce faisant, et la caméra en mode POV filmait ces détails. Des grosses mouches noires tournaient autour, alléchées par la promesse de festin. 

Le trop plein de sang éjecté coulait ensuite en une rigole sombre sur le carrelage du laboratoire jusqu'à un syphon d'évacuation qui l'engloutissait en faisant des bruits de gargarisme ignobles de baignoire qui se vide. Je me souviens que je sentais l'odeur de la mort envelopper tout et que plusieurs fois je détournais les yeux d'horreur, prêt à pleurer. 

Et le réveil à sonné.