mercredi 24 novembre 2021

Ecrire, d'abord pour se libérer de... soi-même !

@pedrofigueras - pixabay.com

J'écoutais, l'autre jour sur France Inter, Clara Dupont-Monod, récipiendaire du prix Femina 2021 pour son livre "S'adapter" - que je n'ai pas encore acheté mais dont le sujet me tente bien - parler des raisons pour lesquelles elle écrit. Elle a eu cette curieuse, mais ô combien judicieuse comparaison et que je vous retranscris d'après mes souvenirs, ici : "C'est un peu comme lorsque vous êtes au lit et que vous avez terriblement envie de faire pipi. Vous pouvez dormir, mais vous dormirez mal. vous dormirez mieux une fois que vous vous serez soulagé. Je vis mieux depuis que je j'écris ce qui me trotte dans la tête". On ne pouvait pas trouver meilleure métaphore, non ?

Dans la saga "Harry Potter", Albus Dumbledore arrache des souvenirs enfouis de son cerveau pour les revoir (et les partager) dans une Pensine. Image plus poétique, quoi que plus ésotérique. 

Récemment, une de mes collègue m'a demandé pourquoi j'écrivais des "romans de genre". Pourquoi tout ce sang, cette violence, ces morts ? Ma réponse a semblé l'effarer : "D'abord parce que j'en ai envie, évidemment, mais également parce que je ne sais pas ce qui pourrait advenir si je ne sortais pas toute cette merde qui virevolte dans ma tête... Il faut donc considérer que je fais œuvre de bienfaisance pour la société, en écrivant ces livres". Ce disant, j'ai exécuté une grimace perverse et lâché un vieux rire sadique. Effets visibles (et très amusants) garantis !

Plus sérieusement, c'est bien de cela qu'il s'agit : j'écris d'abord pour me libérer de moi-même, de toutes ces pensées folles qui me viennent, m'habitent et me tourmentent. C'est un exutoire, une thérapie. C'était le cas pour "Mauvais berger !" mais aussi pour la trilogie fantastique "L'infection". C'est également le cas pour "Les routes du crépuscule". Car avouons-le : une fois que c'est sur papier, ce n'est plus dans ma tête, mais potentiellement dans la vôtre. 😁

Des personnages, pas des personnes réelles !

Aujourd'hui, un certain nombre de personnes (notamment des familiers ou des collègues auteurs d'Astobelarra) ont lu le manuscrit de "Les routes du crépuscule" et m'ont fait leurs premiers retours, plutôt positifs. Cela dit, quelques-uns ont cru reconnaître des personnes de mon entourage au fil de l'histoire. "C'est ton ex, ça, c'est évident ! Et ça c'est toi !" Et inévitablement, je me retrouve dans le peau de Christian Clavier dans "Mes meilleurs copains", à devoir expliquer que "non, non et non, ce n'est qu'un roman, une œuvre de fiction et que ce ne sont que des personnages, pas de vraies personnes, etc... d'ailleurs elle est blonde !
On m'avait déjà fait le coup avec "L'infection". Il faut dire que j'ai commencé par raconter une tranche de vie dans "Mauvais berger !", alors du coup, forcément, j'ai donné de mauvaises habitudes ! Mais là, comme il s'agit d'un récit plus réaliste, les comparaisons sont encore plus flagrantes et faciles à faire.

Soyons honnête : je ne peux pas nier que mes personnages s'inspirent de personnes réelles, ou du moins de l'empreinte (souvent déformée par le temps) qu'ils/elles m'ont laissé. Mais ce sont généralement des mélanges de traits de caractère, de personnalités - parfois jusqu'à la caricature, j'en conviens - et de choses que j'ai vraiment vécues ou ressenties, rien de plus.

"L'empreinte de l'ours dans la neige, ce n'est pas l'ours, de même qu'on ne peut pas résumer une personne au pet - fut-il infâme - qu'elle a laissé sous la couette."

Bref, je sors tous ces trucs de ma tête pour m'en débarrasser, pour mieux vivre au quotidien et pas par vengeance ni pour qu'on dise "oh le pauvre, comme il a souffert !" ou "oh quel fragile, celui-là !". Et je me dis que, vu que nous sommes tous des êtres humains (certains plus que d'autres, il est vrai), peut-être se trouvera-t-il des gens parmi mes lecteurs chez qui cette histoire aura une résonnance toute particulière. 

Quelque chose me dit qu'un jour ou l'autre, on s'est tous posé (ou on se posera) cette même question : "si tu avais la possibilité de tout recommencer, que ferais-tu ? Exactement la même chose ou tenterais-tu de devenir celui ou celle que tu as toujours rêvé d'être ?"
Celui ou celle qui me fait une réponse honnête sans se fracturer le cerveau a gagné. ^^