mercredi 3 octobre 2018

Pourquoi j’écris les livres que j’écris ? #ParlonsMétier


Au salon du livre de Buzet sur Baïse
30 septembre 2018.
Aujourd’hui, je réagis à un tweet que j’ai vu passer cette semaine, sur le sujet des « raisons qui poussent un auteur à écrire ce qu’il écrit ». 
Je ne parlerai que de ce qui me concerne moi, puisque je ne suis pas dans la tête des innombrables autres écrivains qui publient chaque année.

Alors oui, pourquoi j’écris le style de livres que j’écris, comment je me positionne par rapport à l’industrie du livre, quel regard je porte sur mon travail, quelles sont mes ambitions ?
Première chose : j’écris des « romans de gare gores » parce que c’est ce qui m’a donné envie de lire quand je ne lisais pas, et c’est surtout ce que je voudrais lire. Enfin pas tout le temps, évidemment ! Mais j’aime les histoires qui n’ont pas d’autre finalité que le divertissement pur. Je veux faire passer des émotions, que le lecteur passe par toutes les palettes de sentiments possibles en lisant mes livres et cerise sur le gâteau : qu’il s’en souvienne longtemps. Je veux que lorsqu’il ferme le bouquin, le premier mot qui lui vienne à l’esprit, c’est « Woaw ! », suivi de « Cette claque ! » ou encore de « Bordel, qu’est-ce que je viens de lire, là !? »

Tout ce qui restera quand il n’y aura plus rien…

Bien sûr, j’aurais pu écrire tout cela sur ce blog, comme le font de nombreux autres auteurs, publiés par des éditeurs ou non. Mais si vous avez lu L’infection, vous savez ce que je pense de l’avenir de l’Internet et globalement de l’avenir de l’humanité… Un jour ou l’autre, tout cela est voué à disparaitre car notre espèce fait n’importe quoi avec sa planète. Je pense qu’un jour prochain, nous aurons épuisé nos ressources et nous devrons alors repartir de zéro, si toutefois il reste des survivants. Nos serveurs, nos ordinateurs, nos liseuses, nos disques durs externes, nos clés USB ne serviront plus à rien car il n’y aura plus de source d’énergie pour les alimenter. Il ne restera plus de notre civilisation que les livres. Au format papier.
Voilà ce que je veux, moi, en tant qu’écrivaillon. Que mes histoires de fou soient lues de mon vivant, bien sûr, mais aussi qu’elles soient un jour dénichées dans quelques armoires poussiéreuses et relues par les prochaines générations. Je n’ai pas d’autre ambition. Je ne cherche pas à atteindre la même célébrité que Nothomb, Moix, Tesson, Despentes ou Houellebecq ni à entrer à l’académie française, comme un Finkielkraut de génération X ; je ne suis pas là à attendre qu’un pognon de dingue ruisselle à flots (notez que je ne cracherai pas dessus si d’aventure, ça m’arrivait) ; je ne cours pas non plus après les prix de salons du livre. J’ai participé une fois – en vain – à celui d’Orthez en 2012. Je ne pense pas le refaire un jour. En ce qui me concerne, c’est du temps perdu.

Bien savoir où se situer dans son monde, et l’assumer à fond !

Ce livre a toujours autant de succès (relatif),
même 11 ans plus tard !
Je suis bien conscient que ce que j’écris est loin d’être de la grande littérature. Mon œuvre ne rivalisera jamais avec celles des grands maîtres comme Zola, Musset ou Proust, ou alors il faudrait qu’elles disparaissent et que la mienne subsiste. Mais étant donné mes tirages, il y a plus de chances que ce soit la mienne qui soit engloutie dans le tsunami de livres publiés chaque année en France. Elle ne va même pas à la cheville de celles de Bazin, Mauriac ou même de Stephen King. Et soyons objectifs : même la délirante saga du Bourbon Kid, que l’on doit à cet auteur qui souhaite rester « Anonyme » (la honte d’en être le géniteur ?), est nettement au-dessus – qualitativement – de ma trilogie fantastique. 
De même, il y a très peu de chances que je sois un jour étudié en classe. Ah pardon, j’oubliais que mon ancien professeur de zootechnie conseillait régulièrement la lecture de « Mauvais berger ! » à ses élèves. Pas pour ses qualités littéraires, mais comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire si l’on souhaite faire carrière dans l’élevage de moutons. ^^

Je sais tout ça. Vous ne m’apprendriez rien en me le disant, ça ne me ferait pas arrêter d'écrire et je vous prendrai pour un gros con. 
On en revient au début de ce billet (épanadiplose narrative) : ce que je fais, je le fais d’abord pour moi. Parce que j’en ai envie ET pour me sortir toutes ces choses de la tête, mais également pour laisser une trace, même minuscule, de mon passage sur cette planète, dans cette vie si courte. 

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