Car l’auteur, c’est lui (et lui seul) qui décide comment et à quel moment il tue son personnage. Il n’y a pas d’interaction avec le public. Concernant les livres, mis à part pour certains formats comme « les livres dont vous êtes le héros », ou c’est le lecteur qui décide – a minima – de l’aventure qu’il va suivre (même si toutes sont déjà ficelées et immuables) via un jet de dés ou le hasard de ses choix (pour les moins joueurs – dont je suis), tout est déjà figé et réglé d’avance avant même qu’il n’ait posé les mains sur le bouquin, chez le libraire.
C’est un peu cruel, quand on y pense. Il y a un petit côté sadique (que j'assume parfaitement) chez le romancier. Mais au delà de ça, la mort, c'est bien pratique pour créer des rebondissements, choquer la morale (surtout quand ce sont des morts atroces) ou se débarrasser d'un personnage devenu trop encombrant. Je dois avoir un petit côté psychopathe, mais je l'avoue : c'est assez grisant de tenir la vie d'un être (de papier) entre ses mains, et de l'écrabouiller si l'histoire le justifie ou simplement si j'en ai envie !
Je disais donc, c’est l’auteur qui décide. Et là, je ne m’exprime pas au nom de tous les romanciers, mais en ce qui me concerne, une fois que le personnage, quel qu’il soit, est mort, c’est paradoxalement – et à chaque fois – un déchirement. Un peu comme si je m’arrachais un lambeau de peau ou si je me faisais sciemment tomber une boule de bowling sur les couilles. Et ensuite je ressens le même genre de deuil que lorsque j’ai divorcé. Avec une intensité et un sentiment de longueur nettement moins forts, toutefois (car ce sont que des personnages, pas de vraies personnes vivant dans la vraie vie) !
[SPOILER ON] Mais c’est pourtant vrai ! Dans ma trilogie fantastique L’infection, par exemple, j'ai jubilé comme un bâtard en tuant #BeauSmart, tout autant que lorsque j'ai envoyé Patrice Bodin ad padres ; pareil pour mes personnages secondaires, Pascal Hastoy ou Mathilde Joubert. Mais ensuite, j'ai souffert de leur disparition. Au final, le plaisir de les avoir tués ne monte jamais à la cheville du coût psychologique de leur mort. [SPOILER OFF] Et c’est évidemment idem pour tous mes autres livres, mis à part Mauvais berger ! où il n’y a que des moutons qui meurent (et qui sont mort pour de vrai, en plus). ^^
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