Au printemps, fort de mon diplôme de BPO
(Brevet Professionnel Ovin) et de ma première saison d’estives
globalement réussie, je suis repassé en Ariège avec mon épouse afin de
rencontrer les éleveurs qui employaient le vieux Miguel. Je voulais me
présenter moi-même aux propriétaires pour leur proposer mes services.
Une candidature spontanée, en quelque sorte…
Mais je me suis vite aperçu, devant
l’accueil plus que froid des agriculteurs de là bas que je n’étais pas
le bienvenu. Autant les touristes de passage (qui dépensent leurs
salaires sur place, soutenant ainsi l’économie locale) sont relativement
bien perçus par les habitants (qui les accueillent à bras ouverts dans
leurs gîtes ruraux tout confort), autant un petit jeune issu de la ville
et qui veut « faire le berger », est de suite catalogué comme un rigolo, un doux rêveur un peu flemmard, bref, un « indien » crevard qui va faire tâche dans la vallée et déranger les bonnes vieilles habitudes.
Ne vous méprenez pas! Je ne suis pas en
train de casser du sucre sur le dos des ariégeois, ni même des Pyrénéens
en général. Ce comportement sauvage est typique de tous les pays de
France un peu « enclavés », isolés et protégés de la folie des
métropoles. On veut y garder ses racines, ses repères, ses coutumes
villageoise, sans qu’un « étranger » (toute personne qui n’a
pas au moins trois générations au cimetière est implicitement considéré
comme tel) ne vienne fourrer son nez dans des affaires qui ne le
concernent pas…
Donc après cette visite peu
encourageante, notre installation en Ariège nous a parue bien
compromise. Pour autant, il n’était pas question que nous restions au
Pays Basque : nous étions encore pétris de préjugés, inculqués de
manière plus ou moins subliminale par les médias nationaux, qui -hors
des « frontières » basco-basques- s’acharnent encore aujourd’hui à n’en montrer que les côtés radicaux et violents.
Je me rappelle avoir eu de très dures conversations à ce sujet avec Miren Aire,
une jeune bergère d’Urepel avec qui j’ai suivi les cours du BPREA
(Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole) durant
l’année 1999. Mais à l’époque, j’étais encore dans le déni, imperméable
aux idées des autonomistes (même modérés), bref, dans la plus complète
et ignorante répulsion de la différence. En fait, à ma façon, je ne me
comportais pas mieux avec les basques qui m’avaient accueillis que les
éleveurs ariégeois ne l’avaient fait avec moi!
Comme quoi, l’enclavement, c’est dans la tête…
Comme quoi, l’enclavement, c’est dans la tête…
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