A peine sortie de l’adolescence,
Alexandrine est une petite brunette à mèches rebelles, qu’elle replace
constamment d’un geste gracile et faussement machinal derrière ses
oreilles.
C’est une jeune femme sans complexe, avec des yeux noisette légèrement éteints, affectant une sorte de réserve, un peu comme une barrière naturelle invisible qui donne envie aux prédateurs de garder leurs distances. Elle fume du tabac à rouler (parfois assorti d’autres substances – je présume) et emporte son nécessaire partout où elle va, ce qui a le don de m’énerver -en silence-…
Je pars du principe que lorsqu’on va chercher le troupeau dans les hauteurs, on ne se charge pas de matériel inutile qui pourrait ralentir notre progression, voire nous faire prendre du retard. Mais bon, je ne suis pas du genre à faire chier les gens pour ce genre de broutilles. Après tout, c’est elle qui les porte, ses affaires…
C’est une jeune femme sans complexe, avec des yeux noisette légèrement éteints, affectant une sorte de réserve, un peu comme une barrière naturelle invisible qui donne envie aux prédateurs de garder leurs distances. Elle fume du tabac à rouler (parfois assorti d’autres substances – je présume) et emporte son nécessaire partout où elle va, ce qui a le don de m’énerver -en silence-…
Je pars du principe que lorsqu’on va chercher le troupeau dans les hauteurs, on ne se charge pas de matériel inutile qui pourrait ralentir notre progression, voire nous faire prendre du retard. Mais bon, je ne suis pas du genre à faire chier les gens pour ce genre de broutilles. Après tout, c’est elle qui les porte, ses affaires…
Dès les premiers jours, je suis saisi
par le contraste entre sa froideur de surface, et ses manières
relativement impudiques (sans doute accentuées par l’effet de
promiscuité imposé par la vie en estives). Un matin ensoleillé, au début
de ma seconde saison sur le plateau de Fricoulet, juste après la
traite, l’emprésurage et le lavage des bidons, alors que je me dirige
vers la partie habitation de la cabane dans l’intention de casser une
croûte bien méritée, je l’entends chantonner : « Alexandrine va s’épiler, Alexandrine va s’épiler… »
Mes yeux se font tout ronds alors que je me tourne lentement vers elle. Elle est assise sur un banc de pierre contre le mur cimenté de la cabane, elle a remonté les jambes de son pantalon de toile un peu plus haut que la moitié de ses cuisses blanches, et s’extirpe -avec une dextérité toute féminine- la pilosité disgracieuse au moyen d’une pince à épiler, comme ça, dehors, au grand jour, devant tout le monde (c’est à dire : devant moi, en fait)!
Mes yeux se font tout ronds alors que je me tourne lentement vers elle. Elle est assise sur un banc de pierre contre le mur cimenté de la cabane, elle a remonté les jambes de son pantalon de toile un peu plus haut que la moitié de ses cuisses blanches, et s’extirpe -avec une dextérité toute féminine- la pilosité disgracieuse au moyen d’une pince à épiler, comme ça, dehors, au grand jour, devant tout le monde (c’est à dire : devant moi, en fait)!
« Quand même! » maugrée-je en
moi même devant autant de « sans-gêne », en essayant vainement de
détourner mon regard soudain devenu très puritain. « Même à la
montagne, loin de tout confort, et même à l’âge qu’elle a, ça ne me
viendrait absolument pas à l’idée de faire mes ablutions intimes en
public, ou du moins devant une femme que je ne connais pas! »
Mais ce n’est pas aussi simple de ne pas voir ce qu’on vous met
délibérément sous le nez… Même si l’on est marié, amoureux et fidèle! « Vraiment, je n’avais pas besoin de ça pour me polluer l’esprit! »
Je quitte donc mes bottes précipitamment, puis me jette dans la cuisine où Fernande et Pierre, encore attablés terminent leur omelette aux piments doux.
Je quitte donc mes bottes précipitamment, puis me jette dans la cuisine où Fernande et Pierre, encore attablés terminent leur omelette aux piments doux.
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