vendredi 28 février 2025

QUAND LA RÉALITÉ DEVIENT UNE SATIRE, LA DYSTOPIE DEVIENT INUTILE...

Image par Dall-e.

Peut-on encore écrire une dystopie à l’heure ou la réalité devient plus folle que la fiction ? Je pense que la réponse est dans la question…

Hier soir, je regardais sur Instagram une vidéo qui mettait en parallèle Elon Musk paradant sur scène avec sa tronçonneuse géante et rutilante, destinée à trancher dans le financement des services publics (plagiat assumé du président argentin Javier Milei, ou authentique manque de créativité ? Je n’ai su dire) et un extrait du film Idiocracy, lorsque le président Camacho détruit le plafond du congrès américain avec une mitrailleuse aussi grosse qu’une cuisse d’éléphant.

Dans le même temps, Donald Trump publiait une vidéo abominable assistée par IA sur sa vision de ce que devrait être Gaza. On l’y voit en statue dorée, avec son copain Musk sous une pluie de pognon, en train de se goinfrer de samoussas, ou à bronzer sur la plage aux côtés de Benyamin Netanyahou. Le même Trump qui, chaque jour, excelle dans l’art d’éjaculer quotidiennement les hectolitres de matières fécales qui bouillonnent là où devrait se trouver son cerveau… s’il était un homo sapiens normalement constitué.

Et de me rappeler que ce type a été élu par le peuple américain souverain (#OMFG) ! Puis je regarde en miroir ceux que nous avons en France. Des mous, des débiles ou des psychopathes affamés de pouvoir prêts à dire toutes les atrocités possibles, à s’allier avec les plus pourris, à inventer les mensonges les plus ridicules pour pouvoir poser leurs fesses sur le fauteuil le plus luxueux de l’assemblée nationale, voire le « trône » de l’Elysée… 

Et partout ailleurs, c’est la même chose : les abrutis et les fachos qui se réveillent et qui, peu à peu, grignotent le monde. Et que j’arrête de financer l’aide mondiale, et que je te mette un gros coup de frein à la défense internationale, et que je relance l’industrie pétrolière, et que je te réautorise les pesticides cancérogènes, tout ça alors même que la planète n’a jamais émis autant de drapeaux rouges (et je ne parle pas du drapeau communiste).

Le business messieurs dames ! Il n’y a que ça de vrai ! Bref… Le monde d’aujourd’hui est devenu absurde et brutal comme dans Brazil, fliqué et schizophrène comme dans V pour Vendetta ou 1984, débile et sans espoir comme dans Idiocracy.

Tout y est : glorification de la médiocrité, langage simplifié, privatisation de tout, solutions stupides à des problèmes complexes, bureaucratie kafkaïenne qui broie les individus, surveillance à outrance de toutes et tous, extrême violence sous un voile de normalité, retour en fanfare du dogme religieux dans la politique, stigmatisation des minorités, intolérance phobique à la différence, négation de la science…

Alors pourquoi persister à écrire des dystopies alors que NOUS Y SOMMES DÉJÀ, en dystopie ? On l’a d’ailleurs carrément dépassée, puisque la caricature n’est même plus exagérée ! Dès lors, le travail d’un auteur est-il encore d’écrire des dystopies, ou… de faire du reportage ? Une dernière question : est-ce que Trump, Musk et Milei méritent de figurer dans un livre ou d'être oubliés dans les limbes de l'histoire humaine ?

Je crois la question elle est vite répondjue, jeune entrepreneur !

lundi 3 février 2025

VIS MA VIE D’ÉCRIVAIN #4

Ce week-end, j’ai participé, comme chaque année depuis la sortie de Mauvais berger !, au salon du livre de Navarrenx. Astobelarra présentait quatre livres au prix des remparts cette année, et c’est avec une joie non dissimulée que la maison d’édition souletine a raflé une troisième récompense (dans ce salon), grâce à Les Sens hors des nerfs, le dernier roman de Thomas Ponté, preuve s’il en fallait une, que nos auteurs sont des cracks et leurs textes de grande qualité. Comble de bonheur, nous y avons réalisé (de très haut) notre meilleure performance commerciale depuis que nous participons à ce salon (je sais que c’est un sujet considéré comme trivial par nombre d’écrivains, auxquels je rappelle qu’ils écrivent à la base pour être lus, donc pour que leurs livres soient vendus, eh oui).

Mais je ne suis pas là aujourd’hui pour passer la brosse à reluire à mon éditeur ni à Thomas Ponté (même s’il le mérite, et ce depuis la sortie de son tout premier livre) ni pour parler "pognon de dingue". Dans ce type d’évènement, il arrive parfois qu’il y ait de courtes vagues de clients potentiels et parfois de longs creux, durant lesquels j’ai tout le loisir d’observer mon prochain, avec un œil souvent critique et implacable, il est vrai...
Dans les épisodes précédents, je vous ai fait le portrait d’improbables badauds ou de confrères plus ou moins opiniâtres. Concernant ces derniers, je pensais avoir tout vu, en 18 ans de salons/marchés en tout genre. Erreur ! Il y a toujours pire et avec encore moins de scrupules !

Ce coup-ci, je me suis agacé (et je ne suis pas le seul) du comportement absolument détestable d’un auteur qui, non content d’afficher une expression dédaigneuse pendant tout le week-end, a passé le plus clair de son temps à interpeler les passants, à peine avaient-ils ouvert la porte. Le type se trimbalait dans les travées (parfois loin de son propre stand) avec une affiche A3 plastifiée dans chaque main et les refourguait impérieusement aux gens avant qu’ils aient eu le temps de dire ouf. Le samedi, il y avait 5 auteurs dans le coin où l’organisation l’avait placé (devant l’une des entrées). Le soir même, 3 d’entre eux avaient lâché l’affaire, excédés et découragés, car en face d’un tel zozo adepte de la concurrence la plus déloyale et la plus impitoyable, impossible de vendre quoi que ce soit. Le dimanche, le quatrième auteur restant a tenu jusqu’à 16 heures, et a préféré partir avant de devenir violent (et on le comprend).

Pile à côté : le même vampire mais « en femme » et qui n’a pas hésité à placer son roll-up juste devant le stand de l’infortuné quatrième, dès qu’il a eu le dos tourné. Aucun respect, aucune vergogne, aucune dignité ! Je ne comprendrais jamais ces gens qui sont prêt à toutes les provocations, toutes les exactions et à marcher sur la gueule des autres pour sortir du lot. Tout ça pour vendre un pauvre livre de plus que le voisin. Il me semble que les organisateurs de salons devraient faire signer un règlement intérieur à chaque exposant, dans lequel serait spécifié qu’il est interdit de démarcher à l’extérieur de son stand, interdit de prendre les gens à partie, interdit de racoler et de faire de la vente forcée et surtout interdit de manquer de respect à ses confrères. Il y va du maintien d'une bonne ambiance comme de la réputation des salons du livre. 

Alors on pourra arguer qu’une signature, ça n’engage que ceux qui respectent les règles. Pourtant, si tout est bien spécifié noir sur blanc et accepté par tous les exposants, ça devient quasi-contractuel. Il n’y aurait alors aucun mal à dénoncer puis à dégager le ou les indésirables qui n’en tiendraient pas compte ! Après tout, un homme averti en vaut deux.
D'ailleurs, si ça ne tenait qu'à moi, ce serait : « Tu fais chier tout le monde ? Ben t’es viré (et tricard partout), basta ! »
Ça m’agace d’avoir à écrire ça, mais même dans ce milieu, où l’on pourrait penser que les gens sont un peu mieux éduqués, plus cultivés et donc plus respectueux des autres que la moyenne, l’homme reste un loup pour l’homme. Aussi vrai que certains ne comprennent rien d’autre que la sanction la plus radicale.