Rappelez-vous, le 29 novembre dernier, je vous parlais de cette maison bleue à San Francisco… Voici un court extrait du chapitre 20 de L’infection,
intitulé “la chasse”, où je parle de ce lieu. Résumé : Natalie Kay et
Al Ramos de Linden Lab, rendent visite à leur collègue développeur
agoraphobe Jaimie Perkins (vivant seul dans sa maison située à l’angle
de la 48ième avenue et de Battery street), qui ne donne plus signe de
vie depuis plusieurs semaines…
(…)
Lorsqu’elle gara enfin sa Ford
Mustang noire, il était 19h38. Le ciel commençait à s’assombrir, les rues
s’étaient vidées, et l’on entendait distinctement le grondement sourd du
Pacifique, au loin.
La demeure de Jaimie Perkins
était une petite maison bleu-ciel qui ne payait pas de mine, avec sa peinture
écaillée par endroits, et ses grilles de sécurité en fer forgé sur presque
toutes les ouvertures du rez-de-chaussée. A l’arrière, une palissade en bois
enduit abritait un minuscule jardinet dans lequel le propriétaire des lieux
avait entreposé tout un bazar hétéroclite d’objets devenus inutiles, comme de
vieux écrans cathodiques, des tours d’ordinateurs vides et autres déchets
électroniques à recycler.
La façade ouest de la maison, qui
donnait sur la 48ème comportait deux entrées. L’une était un petit
garage verrouillé d’une lourde porte métallique coulissante, l’autre était un
portillon en fer forgé donnant sur une allée pavée qui longeait la maison et
aboutissait au jardin. D’épais rideaux de tulle blanc derrière les larges
fenêtres à l’étage masquaient l’intérieur de la maison, mais leur aspect
relativement neuf laissait à penser qu’elle était habitée. Al repéra la sonnette
et appuya longuement sur le bouton. Natalie lui fit cesser son petit jeu d’une
tape à l’épaule.
— Tiens-toi
bien, andouille ! Ne me fais pas regretter de t’avoir emmené.
— Rhooo,
si on peut même plus rigoler, hein ?
— Tu
sais bien que c’est un garçon un peu perturbé ! Il ne manquerait plus
qu’il nous accueille à coup de Desert Eagle !
— C’est
pas le genre à avoir un vrai flingue chez lui, à mon avis ! C’est un gamer* impénitent! lui, son arme, c’est le
joystick, sans mauvais jeu de mots…
— Hah,
hah… Bon, ça ne répond pas. On fait quoi ?
La nuit était en train de
s’installer peu à peu. En observant davantage, elle constata différentes
variations de lumière à l’étage. Elles provenaient probablement d’un poste de
télévision ou d’un ordinateur. Il y avait bien quelqu’un ici. Elle résolut d’en
avoir le cœur net, et poussa Al vers le portillon. La grille n’était pas fermée
à clé, et ils pénétrèrent dans l’allée. A mi-chemin, ils trouvèrent une porte
en bois avec une trappe à lettres.
Natalie frappa plusieurs fois en
vain, tandis qu’Al entrouvrait la trappe.
— Hum,
il y a un gros tas de courrier par terre. M’est avis qu’il doit avoir un paquet
de factures en retard, le Jay !
La jeune femme
posa sa main sur la poignée, et la porte s’ouvrit sans forcer, en couinant
légèrement. Ils furent accueillis par une forte odeur de poussière et de
renfermé.
— Étrange
qu’un type qui a fait grillager ses fenêtres puisse laisser sa porte d’entrée
ouverte, pensa t-elle, en fronçant imperceptiblement les narines.
— Au
moins ça sent pas le crevé, c’est déjà ça…
— Ça suffit Al !
Bon… On entre ?
— Allez,
soyons fous ! Jay ? Jaimie ? C’est Al Ramos et Natalie Kay, de
LL. Tu es là mon grand ?
Al reçut une nouvelle tape
excédée sur l’épaule. Natalie n’en finissait pas de s’essuyer les pieds sur le
paillasson usagé, qui arborait un « Welcome » à moitié effacé et peu
accueillant.
— Jaimie ? On
peut entrer ? Comme on n’a pas eu de vos nouvelles depuis un moment et que
vous ne répondiez pas au téléphone, on s’inquiétait…
(...)
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*Gamer : joueur
(ici, il s’agit d’un joueur en réseau ou sur consoles de jeux)
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