vendredi 29 novembre 2024

Ce qui se passe dans ma tête quand j'écris...

Ma mère a lu #LeMomentOuJamais et elle a aimé. Je ne vous dis pas cela parce que je pense que l'avis de ma mère a une importance universelle (elle en a juste pour moi et c'est déjà ça), mais parce que la suite est amusante. Après avoir tourné la dernière page, elle m'a envoyé un sms pour me féliciter et me demander que je la rappelle. Je l'ai fait le soir même. Elle avait des questions au sujet du livre (quelques éclaircissements/confirmations sur des points de l'intrigue) mais aussi au sujet de mon travail de romancier.

Alors je lui ai expliqué. Comme vous le savez sans doute, écrire des romans n'est pas mon métier principal, celui qui m'apporte de l'argent, de quoi remplir mon frigo et payer mes factures. Mais c'est mon occupation principale quand même : celle qui me motive chaque jour, pour laquelle je suis engagé à 100% (même plus, si c'était possible). Car lorsque je ne suis pas pris de frénésie à pianoter sur le clavier de mon PC, je suis investi à fond dans la gestion de ma maison d'édition. Je dis "MA", mais c'est parce que c'est elle qui me publie depuis le début. Elle ne m'appartient pas plus qu'aux autres auteurs.

Bref, j'écris depuis tout petit. Je le dois à la ténacité de ma mère, qui m'a inculqué les bases de la langue à coup de lectures, d'exercices de conjugaison et de grammaire, sans quoi j'aurais sûrement lâché l'école à 13 ans. J'ai commencé par faire des résumés de films ou de livres, puis rédiger des articles pour un journal de lycée, puis des scenarii de BD, puis des chroniques pour un journal de quartier... En 2000, mes écrits sont devenus publics, du moins localement (j'ai publié quelques feuilles d'actualité locale sur le Miroir de la Soule). En 2001, je suis devenu correspondant local de presse pour le quotidien "Sud-Ouest édition Béarn et Soule" et l'hebdomadaire "la Semaine du Pays basque". En 2003, j'ai ouvert mon premier blog. En 2005, j'ai co-créé et animé le premier webdo en ligne du Pays basque nord : Euskobizia. J'ai refermé la page journalisme en 2009, mais j'ai continuer à sévir sur mon blog, sur les réseaux sociaux, et dans des chroniques radiophoniques sur Xiberoko Botza.

Obsessions

C'est ainsi, au fil du temps, que j'ai pu travailler et améliorer ma plume. En 2007, j'ai raconté sur mon blog mon parcours de berger dans les Pyrénées. C'est comme ça que la maison d'édition Astobelarra m'a recruté. Mais tout ça, ma mère le savait déjà. Elle imaginait bien aussi l'immense engagement que nécessite l'écriture d'un roman. Ce dont elle ne se doutait pas, c'est que mes personnages m'habitent et me hantent, comme ils peuvent le faire chez un comédien qui apprend un rôle. La différence, c'est que mes personnages, c'est moi. Ils sont en moi. Je les ai construits, couvés, choyés. Ils ne proviennent pas du scénario d'un autre.

Et comme je l'ai découvert à mes dépens après ce 6ème livre, certains d'entre eux ne meurent pas vraiment lorsque le roman est enfin terminé et publié. Pendant quelques temps, a subsisté dans mon esprit comme le parfum altéré de leur essence. La nuit, il m'est arrivé de me retourner car je sentais encore une présence, comme dissimulée dans quelque venelle obscure. C'était clairement le cas juste après la sortie de #LeMomentOuJamais. Pas parce que le récit est particulièrement horrible (par moments), mais parce que les personnages sont forts.

En fait, j'ai surtout eu du mal à me relever de la présence quotidienne (et pendant deux ans) de "Roger Barbeau" dans mon cerveau. Parfois, lorsque j'écrivais son histoire, il lui arrivait même de déteindre sur moi, de prendre temporairement le contrôle de mon être. Ma fille m'a vu à l'œuvre, la pauvre. Mais elle s'en remettra. Après tout, ce n'est rien d'extraordinaire : je suppose que c'est ce que tout écrivain impliqué doit vivre, lorsqu'il est en processus de création. J'ai néanmoins senti poindre une petite inquiétude dans la voix de ma mère, alors que je lui expliquais le phénomène.

Ne t'inquiète pas, Maman. Je suis guéri.

Enfin, je crois... 👹

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