Il y a quelques jours, j’ai fait lire un court passage de L’infection
(2-3 pages) à mon épouse. Je ne sais pas pourquoi, j’avais envie
qu’elle lise ce passage là en particulier… C’est un moment clé de
l’histoire (à un chapitre de la fin du premier tome), qui frappe comme
une gifle lancée avec élan et de toutes ses forces. C’est cru, sale,
violent…
Bien sûr, elle n’a pas aimé. Elle s’est
imaginée que tout le roman était écrit dans ce style un peu “Pulp”, un
peu “roman de gare”. Il a fallu que je défende mon bifteck en lui
expliquant que je ne voulais pas d’une écriture linéaire, fut-elle
jolie. Dans ce premier épisode de L’infection, la narration
“entre dans la peau du personnage”. Quand je mets en scène un porc
répugnant, l’écriture accompagne ce trait de caractère et se fait
ordurière. Lorsque c’est Beau Smart, la langue se fait policée, froide,
menaçante et presque fielleuse par moments. Lorsque c’est Mathilde
qui flamboie sur le devant de la scène, l’écriture prend une forme plus
lyrique, plus féminine, je n’ose dire plus “poétique” de peur de
paraître un tantinet prétentieux.
Les mots et les tournures de phrases
s’adaptent aussi aux paysages, à l’ambiance de l’histoire à un instant
T, à la montée en puissance du suspense. C’est un livre qui a été écrit
sans recherche particulière de beauté littéraire (je suis encore trop
humble -et objectivement loin d’avoir le niveau- pour viser la classe
d’un Victor Hugo; et le prix Goncourt n’est pas mon but ultime), mais
juste pour transmettre des émotions pures. Je voulais raconter une
histoire efficace, écrite avec les tripes, et qui laisse des traces
profondes dans les esprits, un peu comme certains bons films d’action.
Je ne sais pas si j’aurais réussi car je n’ai pas encore assez de recul
(vu que le bouquin n’est pas encore complètement terminé, et que
personne n’a encore vraiment lu les pages déjà écrites), mais en tout
cas, je me suis bien fait plaisir pendant toute la création de ce
projet, et ce même si j’ai eu quelques passages à vide, essentiellement
des doutes quant à ma capacité à aller au bout d’une telle entreprise.
Dans quelques jours (sans doute avant
Noël), j’aurais terminé le premier jet. Il ne me restera plus qu’à
relire, corriger, ajouter ou supprimer des éléments. Ensuite, ma foi,
j’espère pouvoir m’attaquer à l’autre partie du projet, à savoir les
illustrations. Car j’ai toujours une furieuse envie que ce livre soit
illustré, et toujours avec des photomontages mêlant réalité et monde
virtuel. Si Sigrid (Daune) est toujours partante, alors ce sera un chouette partenariat.
En même temps, je ne sais pas si je pourrais continuer dans cette veine
là pour les deux tomes suivants. Je n’ai pas encore réfléchi à la
cohérence de la trilogie en termes de “Packaging”, en fait…
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