jeudi 12 juin 2025

DOIS-JE VRAIMENT ME PRÉPARER À TUER LA POULE AUX OEUFS D'OR ?

Celles et ceux qui lisent mon compte Instagram (et ce blog) savent que mon inspiration provient essentiellement de mes rêves (et cauchemars). Depuis tout petit, j'ai toujours fait des rêves assez prégnants. Pas forcément réalistes, mais le genre dont on se rappelle comme d'un souvenir (tout en sachant pertinemment qu'il ne s'agit que de rêves). 

Mais depuis quelques temps et en particulier depuis le début de l'année, c'est toutes les nuits et plusieurs fois par nuits, que ça me prend. De fait, j'ai l'impression de ne jamais me reposer parce que je suis sans arrêt en sommeil paradoxal, et pas en sommeil profond. Alors c'est sûr, pour la créativité : c'est du pain béni. 

En effet, je ne compte plus le nombre de situations, de personnages*, de rebondissements que ces rêves ont pu créer dans l'ensemble de "mon œuvre", et notamment dans mon dernier roman en cours d'écriture, dont c'est d'ailleurs le thème principal. Mais pour la vie normale, celle de tous les jours, c'est moins rigolo.

Cela a des effets indésirables assez conséquents (sommeil sans repos = baisse de la concentration et de la vigilance, irritabilité, fatigue, charge mentale, crises d'angoisse...) qui influent négativement sur la qualité de mes activités professionnelles mais également sur celle de ma vie privée. Je me suis demandé si ça venait de moi (deviendrais-je sénile avant l'âge ?) ou d'autre chose, par exemple de mon traitement contre l'apnée du sommeil (qui deviendrait moins efficace avec le temps) ? Mais les statistiques de la machine ne laissent pas de place au doute : tout fonctionne bien de ce côté-là...

J'ai donc demandé à Chat GPT de m'expliquer d'où ça pourrait venir. Et à force de me poser des questions, il a fini par resserrer le faisceau de présomptions autour de mon traitement contre l'hypertension. En effet, les bêta-bloquants sont connus pour perturber fortement le sommeil des patients, notamment en leur donnant des rêves et des cauchemars très vifs. Je pense que chez moi, ça accentue - au delà du raisonnable - un phénomène préexistant, mais beaucoup, beaucoup moins perturbant en temps normal. 

Je suis sous traitement contre l'hypertension depuis l'été 2018, mais rien n'avait vraiment changé pour moi avant cet hiver. Là, c'est devenu carrément problématique, et pour plusieurs raisons : 

1/ Je me sens très fatigué. Les fins de journée sont très rudes. Je sens qu'il en faudrait peu pour que je m'endorme au volant.

2/ Je ne peux pas arrêter le traitement. Si j'arrête, l'hypertension revient de plus belle, avec tous les risques qu'on sait.

3/ J'ai peur, surtout, que si j'arrête (ou diminue) le traitement, l'inspiration n'en profite pour foutre le camp par la même occasion. 

Et si je tuais la "poule aux œufs d'or" ? Que suis-je prêt à sacrifier pour mon "art" ? 

*ci-contre en haut, Misty, personnage vu en rêve qui va sous peu rejoindre le casting de Un cauchemar sans nom.

lundi 2 juin 2025

VIVRE DE SES ÉCRITS : BEAUCOUP D’APPELÉS, TRÈS PEU D’ÉLUS !

En marge du prix France Inter 2025, révélé ce matin, je discutais avec Gudule (mon pote Chat GPT, ainsi renommé), au sujet du monde de l’édition. Je lui demandais : « Est-ce qu’il existe des romanciers français qui vivent exclusivement de leurs œuvres et qui sont-ils ? » 

Il m’a répondu ceci : Très peu d’écrivains français vivent exclusivement de leurs écrits. En France, le métier d’écrivain est rarement rentable en soi. Ceux qui vivent uniquement de leurs écrits sont l’exception, souvent grâce à de très gros tirages, des adaptations audiovisuelles, ou une forte présence à l’étranger.

Et de me citer ces quelques noms d’auteurs contemporains :

Michel Houellebecq : l’un des rares à vivre exclusivement de ses livres. Il tire aussi des revenus de ses droits d’adaptation, et de ses conférences.

Amélie Nothomb : très prolifique, avec un livre par an chez Albin Michel, elle vit confortablement de ses romans.

Guillaume Musso : best-seller en continu depuis 20 ans. Traduit dans des dizaines de langues. Il vit très bien de ses écrits.

Marc Levy : comme Musso, il vend à l’international, ce qui assure des revenus importants.

Bernard Werber : ses romans entre science, spiritualité et philosophie ont un large lectorat fidèle, en France et ailleurs.

Fred Vargas : romancière à succès dans le polar, notamment grâce à ses ventes et adaptations télévisées.

Mélissa Da Costa vit aujourd’hui pleinement de ses livres. Elle a quitté son poste de chargée de communication en 2020 pour se consacrer entièrement à l’écriture, après le succès de son premier roman publié, Tout le bleu du ciel.

Les cas hybrides :

Virginie Despentes : vit surtout de ses livres, mais aussi de ses activités publiques (prises de parole, chroniques, interventions).

Édouard Louis : revenus combinés entre livres, traductions, interventions académiques ou médiatiques.

Quelques exceptions notables, dans des niches :

François Busnel (journalisme + anthologies littéraires)

Joann Sfar (bande dessinée + cinéma + romans)

Riad Sattouf (BD + cinéma + éditions)

Camille Laurens, Maylis de Kerangal, ou Marie Darrieussecq vivent confortablement de leurs livres et de leurs activités dérivées (résidences, prix, traduction, etc.).

Selon plusieurs études (SGDL, CNL), 90 à 95 % des auteurs publient sans en vivre. Le revenu médian annuel tiré du droit d’auteur est inférieur à 5 000 € par an. Beaucoup cumulent avec d’autres activités : enseignement, journalisme, scénarisation, ateliers d’écriture, interventions en milieu scolaire…

À noter : Un écrivain peut aussi « vivre de l’écriture » sans vivre uniquement de ses livres, par exemple en écrivant pour le théâtre, la radio, la télévision, la publicité, les musées ou en animant des ateliers, en faisant des conférences, ou en étant invité dans des festivals.

Je lui ai fait remarquer : « En fait, pour vivre de ses écrits, il faut écrire un livre par an, être publié dans une grande maison d’édition parisienne et être traduit à l’international ! »

Voici ce qu’il m’a répondu : Tu as parfaitement résumé la réalité du métier d’écrivain en France aujourd’hui. Pour vivre uniquement de ses écrits, il faut en général réunir au moins trois conditions :

1. Être publié chaque année ou presque

  • Un livre par an est la cadence adoptée par presque tous les auteurs qui en vivent (Musso, Nothomb, Werber, etc.).
  • Cela maintient la visibilité en librairie, dans les médias, et donc les ventes. 

2. Être publié par une grande maison parisienne

  • Pourquoi ? Parce que ce sont elles qui ont :
    • Le réseau de distribution puissant (librairies, grandes surfaces, plateformes),
    • L’accès aux médias nationaux,
    • Des avances sur droits significatives (parfois 10 000 à 100 000 € selon le potentiel),
    • Une capacité de tirage initial élevée (dès le premier tirage).

Exemples : Gallimard, Albin Michel, Lattès, Fayard, Grasset, Actes Sud, Stock, Flammarion, etc.

3. Être traduit à l’international

  • Les droits étrangers rapportent souvent plus que les ventes en France à moyen terme.
  • Le marché anglo-saxon, l’Allemagne, la Corée ou le Japon peuvent être très rémunérateurs.
  • Un auteur comme Michel Bussi, par exemple, vend des dizaines de milliers d’exemplaires en Italie, en Allemagne ou en Chine.

Et souvent, il faut aussi :

  • Gagner des prix (qui donnent de la visibilité et des ventes),
  • Être adapté au cinéma ou en série télé,
  • Participer au cirque médiatique (émissions, salons, signatures).

Bref, c’est un métier d’exception, pas une carrière accessible à tous les bons écrivains. La qualité littéraire ne suffit pas. Il faut du rythme, un positionnement clair, une stratégie éditoriale solide et une part de chance ou de bon réseau.

Ensuite, je lui ai demandé combien il restait de grandes maisons d’édition indépendantes en France.

Pour lui, il en reste véritablement 3 : Albin Michel, Actes Sud et les Éditions de Minuit. Être publié chez l’une d’elles donne souvent plus de liberté, mais aussi plus d’exigence littéraire et commerciale. POL est, quant-à-elle, semi-indépendante.

Tous les autres gros éditeurs appartiennent à des intérêt industriels ou financiers : Gallimard et Flammarion à Madrigall ; Fayard, Grasset le livre de poche et Stock à Hachette (Vivendi – Vincent Bolloré) ; Robert Laffont, Julliard, Nil, Presse de la Cité, Perrin, etc. à Editis (CMI – Daniel Křetínský) ; Le seuil, la Martinière et l’Olivier à Média-Participations (famille Montagne).

Je réfléchissais et je me disais : je n’ai pas le talent d’une Virginie Despentes, je ne vis pas à Paris, je ne connais personne dans le milieu, et je n’écris pas un livre par an. Vivre de mes livres, c’est un rêve impossible, pour moi. Je le savais déjà ; j’en ai fait mon deuil depuis longtemps. Mais c’est toujours bon de se le rappeler de temps en temps, juste histoire de recaler le potentiomètre de l’égo dans l’equalizer de ma vie…

On va donc continuer de se contenter de ce qu'on a, et c'est déjà pas si mal !