La Newsletter de Janvier 2022 des Editions Astobelarra est sortie. Vous pourrez (entre autres) y lire cette interview de moi :
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Etienne H. BOYER : C’est mon nouveau (et cinquième) livre à paraître le jour du printemps 2022 aux éditions Astobelarra ! Je l’ai écrit pendant les différents confinements du Covid, à partir de 2020. Bien plus qu’un roman d’amour un peu fantastique, c’est surtout une parabole sur les regrets, le deuil et la résilience.
Astobelarra : Et ça parle de quoi ?
EHB : En résumé, c’est l’histoire d’un couple à la dérive, dont le mari organise un second voyage de noce dit « de la dernière chance », ceci afin d’essayer de sauver sa famille au bord de l’éclatement. Les deux partent donc au Vietnam et là-bas, rien ne se passe comme prévu. Ils sont confrontés à des événements peu ordinaires qui changeront leurs vies à jamais. En dire plus serait divulgacher le reste du roman ! ^^
Astobelarra : C’est un roman autobiographique ?
EHB : Dire que je n’ai rien puisé de ma propre expérience pour l’écrire serait un mensonge. Je pense que tous les auteurs s’inspirent de leur vraie vie, des gens qu’ils croisent, des paysages qu’ils ont arpentés, de ce qu’ils ont vécu et de leurs fantasmes (ou terreurs) pour écrire leurs œuvres. Je ne déroge pas à la règle et c’était déjà le cas pour L’infection. Cependant, et j’insiste : Les routes du crépuscule est une fiction. Hormis de rares célébrités que chacun reconnaîtra, aucun des personnages du livre n’existe ou n’a existé. L’histoire est totalement inventée. D’ailleurs, je ne suis JAMAIS allé au Vietnam !
Astobelarra : Alors qu’est-ce qui t’a inspiré pour ce livre ?
EHB : A l'origine, c'est une question qu'on se pose (ou qu'on se posera) tous un jour et qui, personnellement, me taraude depuis des années : "et si c'était à refaire, est-ce que je le referais de la même façon ou prendrais-je une autre direction ?" Inutile de vous dire que celui ou celle qui a la réponse n'est pas de ce monde. Mais pour tout dire, le fil conducteur de l’histoire m’est intégralement apparu en rêve, tout comme pour ma trilogie fantastique L’infection. Je fais régulièrement ce type de rêves, qui semblent tellement réalistes qu’ils laissent une empreinte profonde après le réveil, un peu comme des souvenirs, comme s’ils avaient été réels. Je note tout, même les anecdotes qui paraissent moins intéressantes. Parfois je les utilise, parfois non. Ensuite, j’écris d’abord une ligne directrice, à laquelle je greffe des personnages et des lieux au fur et à mesure que l’histoire prend forme. Il arrive parfois que le texte terminé diffère sensiblement de la ligne directrice initiale car je me laisse guider par mon instinct. C’était le cas pour celui-ci : le final est différent (et bien meilleur) de celui que j’avais prévu dans le premier jet. PS : ON NE SE JETTE PAS SUR LA FIN POUR LIRE !!!
Astobelarra : Dans quelles conditions écris-tu ?
EHB : De temps en temps, j’écris quelques notes soit sur un carnet, soit dans un logiciel de prise de notes sur mon smartphone, que je peaufine avant de me les transférer par email, au cas où. Ensuite, lorsque je suis prêt, je passe à la rédaction à proprement parler. Déjà, il faut que je n’aie que ça à faire. C’est-à-dire que j’écris après le ménage, la vaisselle, la promenade des chiens, etc. Ensuite, il faut que la maison soit vide : personne ne doit venir interférer avec ma concentration, sinon, c'est foutu. Je m’installe dans la pièce où je suis le plus à l’aise. En l’occurrence, c’est dans ma salle à manger que tout se passe. Elle a la bonne lumière et il y a de la musique ! Je me choisis une playlist en fonction de mon humeur du moment (c’est souvent des musiques que je connais par cœur, pour éviter les baisses de concentration – pour ce livre, c’était essentiellement une playlist de Synthwave sur Deezer, pour le petit côté retour planant aux 90’), je me cale les écouteurs sur les oreilles et zou ! Les mots coulent comme une diarrhée amibienne !
Astobelarra : Pas de syndrome de la page blanche ?
EHB : Ne jamais dire jamais. Mais lorsque je cale, c’est rarement parce que je ne sais pas QUOI écrire et plus souvent parce que je ne sais pas COMMENT l’écrire (je n’ai pas les mots ou la forme de la phrase à l’instant T). Dans ce cas, soit j'écris comme ça me vient pour ne pas perdre le fil, quitte à corriger plus tard, soit je passe à un autre paragraphe et l’histoire finit pas se régler toute seule au bout du compte, comme par magie ! Mais de toute façon, je reviens régulièrement sur ce que j’ai écrit pour corriger, réécrire, rajouter du contenu ou en enlever, et ce jusqu’au dernier moment.
Astobelarra : Parle-nous des décors de ton livre...
EHB : L'intrigue se déroule globalement en France (dans les Landes, le Gers, les Pyrénées Atlantique, l'Ariège, Paris et Bordeaux), mais également au Vietnam (à Hô Chi Minh ville et à Mỹ Tho) et à Londres (dans le quartier Camden town). Concernant ces deux derniers pays, je n'ai pas, cette-fois-ci, eu la possibilité de me rendre sur place. Comme je l'ai dit plus tôt, je ne suis même jamais allé au Vietnam de ma vie. Heureusement, il y a toujours Google Maps et le Guide du Routard si on a besoin de précisions, d'anecdotes, etc..
Astobelarra : La Soule tient encore une fois un rôle très important dans les routes du Crépuscule. Pourquoi ?
EHB : En septembre prochain, ça fera 25 ans que je vis ici. Exactement la moitié de ma vie. C'est l'endroit où j'ai vécu le plus. Plus qu'à Cognac où j'ai vécu 18 ans ! Je considère la Soule comme mon vrai pays. Celui qui m'a accueilli quand je n'avais rien. Celui que j'ai choisi et dans lequel j'ai - je pense - trouvé ma place. J'aime ses gens curieux et chaleureux, son ambiance colorée et festive, la beauté extraordinaire de ses paysages, mais aussi sa sauvagerie, son âpreté parfois, sa tranquillité et sa langue étrange qui m'est devenue familière, à force de l'entendre...
Évidemment, il y a aussi des choses qui m'agacent (ça se retrouve dans l'histoire, d'ailleurs), mais c'est ce qui - à mon sens - rend ce territoire aussi parfait. En quelque sorte, et sans aucune prétention de ma part, la Soule, c'est le fil conducteur de "mon œuvre" (jusqu'à aujourd'hui) ; c'est mon véritable personnage principal. Et j'essaye de lui rendre hommage, à ma façon.
Astobelarra : Comment as-tu préparé ton roman ?
EHB : J'ai fait pas mal de recherches en ligne, notamment pour les itinéraires de mes personnages. Certes j'avais la contrainte des différentes époques pendant lesquelles l'intrigue se déroule, mais ça n'a pas été trop compliqué à mettre en place : je les ai moi-même vécues ! Parallèlement, j'ai acheté et lu un certain nombre de livres sur les sujets que je développe, comme la survie en milieu hostile, la vie isolée en cabane, la construction de huttes en bois... La principale difficulté, c'était de ne pas transformer ma fiction en catalogue exhaustif de toutes ces pratiques. Je voulais que ça reste un cadre pour l'histoire que je voulais raconter, un prétexte, pas l'essentiel du sujet.
Astobelarra : Parle nous du style littéraire...
EHB : Je ne cherche pas à faire de la grande littérature. Il y a des gens qui font ça très bien et je leur laisse bien volontiers. Mon travail, à moi, c'est de raconter des histoires et de faire en sorte que le lecteur aille au bout de ce que j'ai à lui dire. Donc j'ai tenté de faire simple, dans un français presque parlé, parfois même familier. Et j'ai choisi le présent de l'indicatif pour que l'expérience du lecteur soit davantage immersive et pour brouiller les pistes, rendre le récit très actuel, malgré les sauts temporels. Un peu comme si on était dans une histoire vraie. En ce sens, il y a quelques similitudes avec "Mauvais berger !". Techniquement, les chapitres sont découpés de façon à suivre alternativement les trajectoires de vie des deux personnages principaux.
Astobelarra : Quels sont les principaux éléments narratifs qu'on peut retrouver dans #LRDC ?
EHB : Il y a de l'amour un peu, du sexe aussi. De l'aventure. Et puis de la contemplation, de l'introspection, de la violence parfois et beaucoup d'humour (noir), malgré tout. Et puis du fantastique, évidemment.
Astobelarra : Ensuite, comment ça se passe une fois que le texte est terminé, et avec l’éditeur ?
EHB : Je choisis un panel d’amis ou de gens de ma famille dont je sais qu’ils liront mon texte avec attention et sans le diffuser avant l’heure. L’équipe d’Astobelarra (qui me publie depuis 2008) n’est pas en reste. Elle fait des propositions, des suggestions de corrections, revoit les règles d’ortho/typo car au bout d’un moment, j’ai tellement la tête dans le guidon que je ne vois plus les nids de poule… Eux si ! Ensuite, le comité de lecture de la maison d’édition décide si le livre peut être publié et quand. Et voilà ! Petite précision : lorsque j’ai voulu sortir le premier tome de L’infection, j’ai envoyé des manuscrits à 30 maisons d’édition. Après une succession d'échecs, une seule s’est montrée intéressée, au Québec. Mais j’ai lâché l’affaire parce que l’éditeur me demandait de tout réécrire, pour que les lecteurs québécois ne soient pas perdus par mon français. Depuis, je suis fidèle à Astobelarra et c’est réciproque.
Astobelarra : Et la suite, c’est quoi ?
EHB : J’ai eu un nouveau rêve en avril dernier. J’ai rêvé d’une histoire qui m’excite déjà, comme un enfant qui sait qu’il va avoir une glace à la fraise et un tour de manège ! Cela se déroulera dans le même univers que celui de L’infection. Ce ne sera pas une suite à proprement parler, mais plus un spin-off, c’est-à-dire un dérivé de l’histoire principale, avec des personnages que je n’ai pas voulu voir disparaître à tout jamais… En outre, j’ai volontairement laissé quelques indices non résolus dans le tome 3 de ma saga (ceux qui l’ont lu avec attention savent de quoi je veux parler). Il va bien falloir que tout cela retombe sur ses pattes ! Bref, ce sera probablement un polar fantastique assez noir. La suite au prochain numéro !
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