Une chose à propos de la cabane de Fricoulet, que je n'avais pas prévue (mais qui ne me fait pas particulièrement peur à la base puisque, grand amateur de randonnées en montagne, j'ai déjà été confronté à plusieurs reprises à un confort sommaire ainsi qu'à un certain niveau de promiscuité), c'est la difficulté à garder un minimum d'hygiène personnelle en estives. Il faut être conscient qu'on parle-là d'un séjour de trois mois, pas d'une misérable rando en autonomie de cinq jours ! Mais cela fait partie du charme de l'aventure...
En effet, il n'y a pas de salle de bains là haut. Quant à imaginer se baigner dans le ruisseau à peine plus chaud qu'un névé : il n'y a pas encore marqué « danois masochiste » sur mon front !
A l'arrière de la bicoque, il y a tout juste un minuscule réduit bétonné, poussiéreux et rempli de grosses araignées poilues contenant simplement de vieilles toilettes « à la turque » crasseuses, sur lesquelles est disposé un caillebotis amovible branlant – dont je suis certain qu'il ne supporterait pas une charge de plus de 115 kilos – servant de bac de douche. Ceci faisant que, en bon petit citadin maniaque et propret, j'ai toujours peur que des éclaboussures intempestives provenant du trou à merde et contenant des miasmes putrides et mortifères finissent par coller avec bonheur à la plante de mes pieds et jusqu'à mes chevilles avant de se transmettre (et se multiplier – très logiquement) dans mes chaussettes bien chaudes et humides de travailleur, puis, bien évidemment, au fond de mon sac de couchage...
Le mobilier de la pièce se résume à un tabouret de bois à trois pattes (donc bancal) pour éventuellement poser la trousse de toilettes et la serviette, ainsi qu'à un clou rouillé dans le mur faisant office de porte-manteau.
L'unique accès, une lourde porte en métal, donne directement dans le parc crotté où sont consignés les cochons ; ce qui fait que lorsqu'on sort de la douche, il vaut mieux avoir ses bottes en caoutchouc à disposition (qu'on aura pris soin de rendre inaccessibles aux porcs, qui, comme vous le savez, mangent tout ce qui passe à leur portée). En outre, vouloir aller se laver en tongs serait suicidaire : l'immonde bouillasse puante et les brassées d'orties qui – à l'instar des douves de la citadelle de Navarrenx – entourent les lieux d'aisance rendent l'entreprise assez périlleuse et salissante...
Au moins l'eau, est-elle chaude (merci Butagaz) ! Mais vous l'aurez compris : se laver (et surtout rester propre) dans ces conditions relève de l'exploit et nécessite une profonde volonté !
Volonté qui, au fil des jours qui passent, de la puanteur et de la fatigue qui s'installent, s'émousse sérieusement...
(Bonus inédit de "Mauvais berger !" version 2014.)
J'en voudrais bien un avec un gribouillage de toi dedans, c'est possible?
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