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Non, mais arrêtez! Je n'ai pas disparu!
Je suis toujours là, quoi... |
Comme je l’ai sûrement déjà écrit
en filigrane par là, le fait de créer quelque chose (je parle de création artistique, comme l'écriture d'un livre, par exemple) peut avoir des conséquences à fort impact sur la vie
quotidienne.
Je m’explique : si j’ai
écrit le tome 1 de « L’infection », c’est d’abord parce que ça
me faisait envie.
Ensuite, et je ne vais pas le nier, c’était aussi une forme
d’auto-thérapie, censée m’aider à éjecter tout ce qui me polluait l’esprit
depuis des années. Je pensais (avec raison) que le fait de sortir de moi et de
partager toutes ces pensées qui me hantaient me permettrait d’évoluer, de
devenir meilleur.
Un meilleur père, un meilleur mari, un meilleur ami.
Alors je m’y suis attelé, j’y ai
mis toute ma concentration, toute mon énergie, tout mon temps libre. J’ai
travaillé très dur pour ce livre. Je suis entré en immersion quasi totale
pendant presque trois ans et ma foi, au vu du résultat (et même si ce n’est pas
- jamais - absolument parfait), c’était nécessaire. D’une nécessité absolue.
Cela m’a
guéri de certaines angoisses, pulsions dangereuses ; cela m’a redonné de
la confiance en moi-même et m’a rendu plus fort.
Mais il y a eu un revers de la
médaille, un dommage collatéral et de taille : à trop rester dans mon monde, j’en ai
temporairement perdu le sens de la réalité et des priorités. Je me suis laissé
vampiriser par le livre pour mieux me soigner, un peu comme le corps qui fait
monter sa température pour déclencher son système immunitaire, en cas
d’infection, justement…
A tel point que je n’ai pas vu, ou pas voulu voir, que mon monde (réel - lui) changeait, que mes proches, et plus particulièrement mon
épouse, s’éloignaient inéluctablement de moi.
Moi qui justement, avait écrit ce
livre pour arranger les choses, n’ai finalement pas réussi à modifier mon destin. Il y a des forces contre lesquelles on ne peut pas lutter. Peu importe
le chemin qu’on prend, le résultat est toujours le même.
Ironiquement, ça me rappelle
l’excellent livre de Ken Grimwood, « Replay ». Le héros y revit
continuellement sa vie et cherche à modifier des évènements importants (comme
l’assassinat de J.F. Kennedy, par exemple) pour essayer de rendre le monde meilleur.
Mais
peu importe les moyens qu’il emploie, Kennedy finit invariablement avec une
balle dans la tête, à Dallas le 22/11/1963…
Je ne suis pas en train de vous
dire que je regrette quoi que ce soit, ni que le livre est la cause de tout.
Je ne regrette rien. J’essaye juste de prendre les choses
avec philosophie. Si notre relation s'est dégradée, si on en est arrivé là, c’est
que ça ne pouvait pas être autrement. Tôt ou tard, on en serait arrivé au même
résultat, de toute façon.
Parfois, on ne peut pas recoller
un vase cassé. Il ne reste qu’à jeter les morceaux à la déchetterie et éventuellement à
racheter un vase neuf.
Ou alors, on peut aussi arrêter de cueillir des fleurs… Elles
peuvent très bien vivre sans nous.
Ceci dit, il faut maintenant rebondir
et se remettre au boulot. Le tome 2 attend avec impatience que je le termine…