La routine, c’est une vieille peau qui commence d’abord par venir de temps en temps frapper aux carreaux de votre maison.
Et puis elle vient tous les jours, essaye à toutes les fenêtres, toutes les heures, toutes les minutes, toutes les secondes, jusqu’à ce que – de guerre lasse – vous finissiez par lui ouvrir la porte.
Alors, dûment invitée, la sale garce se sent chez elle et vous suit partout, dans toutes les pièces, comme un Yorkshire affamé, avec son haleine méphitique et ses radotages incessants. Où que vous posiez l’œil ou la main, elle est là, elle vous juge de son regard froid.
Elle est dans le vaisselier dans la cuisine. Elle vous attend, impassible dans la soupe qui mijote sur le gaz. Elle est dans la boite à gants de la voiture, entre deux éthylotest périmés. Elle est dans le placard à balais et sous les escaliers ; elle est derrière toutes les portes et même dans la cuvette des WC, où son œil impitoyable se reflète dans l'eau trouble.
Elle s’installe dans votre vie de couple comme un enfant exclusif et capricieux ; sans scrupule, elle dort même dans le lit conjugal, entre le papa et la maman.
Peu à peu, elle prend la place de l’autre. Et, comme la grenouille dans sa cocotte minute d’eau chaude, vous vous habituez à son visage fripé et verruqueux, sa peau huileuse et son parfum de caveau.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la routine a pris votre amour et vous n’avez rien vu venir…
Quand vous ouvrez enfin les yeux, vous êtes seul face au miroir poussiéreux de la salle de bain. Seul, avec des remords, des regrets et le cœur brisé.
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