lundi 29 septembre 2025

VIS MA VIE D'ÉCRIVAIN #6 : de la difficulté de savoir se vendre.

J'ai toujours eu des difficultés à me vendre. Je ne sais pas choisir les bons arguments, je ne sais pas comment m'habiller pour rassurer un client (je suis super mal à l'aise dans un costume), je ne sais pas aborder les gens sans qu'ils se sentent agressés, ou sans avoir l'impression que j'ai dépassé les bornes (je me sens si nul à l'oral !). Alors la plupart du temps, je ne fais rien. Je souris, je laisse les gens s'approcher de mon stand, je dis juste bonjour du bout des lèvres et j'attends de voir si nos livres ont soulevé un quelconque intérêt. Si oui, j'engage la conversation : "Nous sommes une maison d'édition associative de Mauléon-Licharre au Pays basque, vous connaissez ?" Bien sûr, je m'adapte en fonction du lieu.

À côté de moi, il y a généralement des auteurs avec beaucoup moins de scrupules, qui hameçonnent les passants avec tout un tas de stratagèmes plus ou moins tirés par les cheveux respectueux. Mais souvent, leur boniment fonctionne. Et puis il y en a aussi de beaucoup plus timides que moi, les pauvres. 

Par exemple, samedi dernier, nous étions - Thomas Ponté et moi - au salon du livre de Vic en Bigorre, pour la première fois. Un événement bien organisé, où nous avons été bien accueillis. Nous nous sommes levés à 5h du matin et nous sommes arrivés sur place autour de 7h45. Nous avions fini de nous installer vers 8h30. Les gens ont commencé à affluer dès l'ouverture (10h00) mais personne n'a semblé trouver notre stand intéressant. D'habitude, nous avons de beaux rollups pour attirer le regard du chaland, mais là, impossible de les mettre, au risque de gêner l'autrice placée derrière nous. 

La matinée est passée et nous n'avons rien vendu. Nous nous sommes réinstallés, pleins d'espoir, après le repas de midi et malgré une certaine affluence, personne ne s'est arrêté devant notre stand avant 16h00. Nos voisines de droite et de gauche avaient déjà vendu quelques livres, celle de derrière (qui a gagné le prix Francis Jammes de cette édition) dédicaçait à tire-larigot. Pénible... très pénible... C'était comme si nous étions devenus complètement invisibles. 

Saint Thomas l'assis, priez pour nous... Que la lumière du commerce divin nous inonde !

Bon, on sait que ce n'est pas dans les salons du livre - où nous sommes noyés dans la masse - que nous vendons le plus, mais plus dans les événements alternatifs, comme les marchés de Noël ou les festivals de Metal par exemple. Cela dit, pouvons-nous nous permettre le luxe de ne pas être présents dans ce type de rassemblement dédié au livre ? Je ne crois pas, non. 
Le plus difficile à accepter, dans ce genre de situation, ce n'est pas de ne pas vendre. C'est d'être invisibilisés. Pourtant on a de chouettes produits : de belles couvertures, des romans excellents... Alors quand on passe la journée à voir les gens défiler sans même qu'ils daignent poser un regard dessus, c'est décourageant.

Et puis tout à coup, allez savoir pourquoi, les hostilités on démarré à 16H10. Ensuite, ça n'a plus arrêté jusqu'à 17h40, au grand dam de notre voisine qui n'a pas dû en croire ses yeux tellement ça dépotait. Nous même ne savions plus où donner de la tête, tellement nous étions submergés de demandes. Finalement, et même si nous avons glandé pendant presque 7 heures d'affilée, nous avons bien vendu. On peut dire que nous ne sommes pas venus pour rien, comme c'est déjà arrivé en 2018 au salon du livre de Buzet sur Baïse, puis en 2022 au salon du livre d'Hendaye, d'où on était rentrés bredouilles et désabusés. 


Il y a parfois des petits miracles et il faut savoir les apprécier à leur juste valeur. 

Alors on dit "merci la vie !

Du coup, dimanche prochain, nous serons au salon du livre de Touget (près de Toulouse).
 
On y croit !

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