Un très mauvais berger... |
Le travail d'éditeur, c'est aussi de déterminer pour chaque livre les éléments de langage qu'on va donner à la presse. Et ceci en conservant le ton spécifique de l'auteur. D'où ces petites interviews qu'on a l'habitude de publier dans la gazette d'Astobelarra. Enfin, quand on y pense et qu'on a le temps de s'y prêter...
Rappelez-nous comment est né « Mauvais berger ! » ?
Rappelez-nous comment est né « Mauvais berger ! » ?
EHB : Si je réponds « dans la douleur », ça va faire un
peu trop mélodramatique ! Il me faut revenir à la genèse. Pour résumer, il
y a 20 ans, je travaillais dans une grande ville d’Aquitaine. Je ne me voyais
absolument pas y élever des enfants et c’est ainsi que j’ai démissionné pour
venir suivre une formation indemnisée de berger ovin à Menditte, en Soule, dans
les Pyrénées Atlantiques. J’ai fait 2 ans d’études supplémentaires pour avoir
ces brevets professionnels (BPO puis BPREA) qui permettent d’obtenir les aides
de l’état et de l’Europe afin de créer son exploitation et s’y installer en
tant qu’agriculteur. Ces aides financières étaient conditionnées au suivi d’un
stage de 6 mois obligatoire en exploitation. Aussi, ai-je choisi d’en effectuer
une partie en estives, dans le Béarn. C’est cela que je raconte, dans
« Mauvais berger ! », dont l’essentiel a été écrit 10 ans plus
tard en 3 nuits, lorsque je travaillais à l’usine. Il faut croire que c’était
bien mûr, alors c’est sorti très vite ! Je l’ai d’abord publié sur mon
blog, mais il est devenu « un vrai livre » à la faveur d’une
rencontre décisive avec Laurent Caudine et les éditions Astobelarra – Le Grand
Chardon. Aujourd’hui, je ne suis toujours pas berger, mais je suis resté vivre
en Soule où je crois avoir trouvé ma place.
Vous en parliez
depuis des années, elle est enfin là. Pourquoi avoir voulu sortir cette version
augmentée ?
EHB : Quand la première version est sortie, en 2008, je la croyais
complète. Mais au fil des mois et des années qui ont passé, d’autres souvenirs
me sont revenus en mémoire. Tout comme les précédents, j’ai eu envie de les
sortir de moi, de les écrire et je les ai d’abord publiés sur mon blog (www.etiennehboyer.blogspot.com)
en tant que « bonus ». A un moment donné, j’ai arrêté d’avoir ces
réminiscences, ou du moins, les dernières qui me sont apparues ne sont pas
publiables en l’état. Du coup, j’ai décidé de couper définitivement la vanne et
j’ai remanié le texte d’origine pour lui ajouter ces anecdotes supplémentaires
et en faire cette édition « ultime ». Nous avons également choisi de
changer de format : je trouve que le format poche est plus sympa, plus
facile à tenir et à transporter. Du coup, il y a 80 pages de plus que la
première version, mais le livre est aussi moins cher !
Pouvez-vous nous
préciser de quoi parlent ces nouvelles anecdotes ?
EHB : Je trouvais le texte initial un peu sec. Ça manquait de
« poésie », d’ambiance, d’expériences. J’ai raconté quelques
souvenirs, quelques pensées… Je parle du brouillard et de l’orage en montagne,
de la période de « Lutte » (c’est le nom donné à la reproduction des
moutons), de l’art de siffler les brebis, d’hygiène et de promiscuité dans les
cayolars, de musique, de tics de langage, de canif qui ne coupe pas… Il y a un
peu de tout, en fait et j’ai même rajouté une ou deux illustrations.
J’aurais aimé parler d’une personne emblématique de ces 6 mois en estives, mais
c’est quelqu’un qui m’a laissé un bon souvenir. Les histoires que j’aurais eues
à raconter sur elle ne l’auraient vraiment pas mise en valeur, alors j’ai
préféré renoncer. Pourtant, elles étaient très « croustillantes »
(j’en ris encore quand j’y repense), mais je ne suis pas quelqu’un de méchant.
Je ne tacle que les personnes qui le méritent vraiment.
« Il faut prendre ce livre comme une sorte de clin d’oeil bienveillant qui dirait : attention ! Berger, ce n’est pas ce que vous croyez !»
Quels sont les retours sur ce livre ?
EHB : Ils sont plutôt positifs. On en a quand même vendu pas loin
de 1000 depuis 2008. C’est un des Best-sellers d’Astobelarra et j’en suis très
fier. Les lecteurs le trouvent facile à lire (c’est un témoignage – il est
écrit un peu comme on parle) et relativement drôle, malgré la gravité du sujet :
le harcèlement moral au travail. Et de fait, je ne voulais surtout pas que ce
soit larmoyant. J’ai donc construit le récit comme un huis-clos policier – un
peu malgré moi puisque c’est une histoire vraie. Sans tricher sur la
véracité des événements et de mon ressenti, Je me suis débrouillé pour séquencer
avec des « Cliffhangers », de façon à ce que le lecteur ait vraiment
envie d’aller au bout de l’histoire pour découvrir à quelle sauce le narrateur
sera mangé.
En outre, à plusieurs reprises lors de salons ou de marchés auxquels participe
mon éditeur, j’ai eu la surprise de rencontrer des personnes qui ont vécu la
même chose que moi (et avec les mêmes protagonistes !!!), ce qui m’a d’abord
rassuré (je n’avais ni rêvé ni inventé ce que j’avais vécu et raconté) et
ensuite conforté dans l’idée que ce livre est nécessaire. Quand on vient
d’ailleurs et qu’on souhaite devenir berger, on est souvent loin de s’imaginer
à quoi – et surtout à qui – on peut être confronté. Je ne dis pas que tous les
agriculteurs sont des monstres ni que berger est un métier dégueulasse, loin de
là, mais il faut prendre ce livre comme une sorte de clin d’œil amical :
attention, ce n’est pas ce que vous croyez !
Où le
trouve-t-on ?
EHB : Il n’est pas encore partout dans le département des Pyrénées
Atlantiques, mais tous les libraires de France et de Navarre peuvent le
commander directement auprès des éditions Astobelarra.
Sinon, il est chez Xibero’Bio à Mauléon-Licharre et à la librairie L’escapade, ainsi
qu’à la boutique Totone Christobal et au centre culturel E-Leclerc à Oloron
Sainte-Marie. Sinon, on peut toujours le commander sur le site Internet de
l’éditeur www.astobelarra.fr.
Maintenant que ce
livre est terminé, quels sont vos prochains projets ?
EHB : Actuellement, je travaille sur trois projets distincts. La suite (et fin) de ma trilogie fantastique « L’infection », qui est, pour
ainsi dire, le principal travail en cours (le tome 1 est sorti en 2012, le tome
2 en 2017 aux éditions Astobelarra).
Parallèlement, je suis sur la rédaction d’un autre roman que j’ai appelé
« Les routes du crépuscule », qui sera une sorte d’histoire d’amour
un peu fantastique, sur le thème de l’échec, des regrets, de la résilience…
mais assez loin des standards à la mode de la « Feelgood Lit ». Là
aussi, tout est prêt. Il ne reste qu’à rédiger, ce que je fais à mes moments
perdus.
Le troisième projet me tient tout particulièrement à cœur et monopolise
l’essentiel de mes pensées du moment. Il est toutefois encore au stade de la
réflexion (moyennement avancée) : je souhaite faire un livre pour
promouvoir les cayolars ouverts de Soule. Je suis fan de randonnée, je dors
régulièrement dans ces anciennes cabanes de berger restaurées (on y revient, à
la thématique des estives en montagne !) et j’ai envie de partager cette
passion avec les gens. Mais si je dois faire ce livre, ce sera en étudiant tous
les tenants et aboutissants dans le détail et avec l’approbation des personnes
concernées (bergers, assos de randonneurs, office de tourisme, et bien sûr : mon éditeur…). Je ne
tiens pas à me sentir (ou être tenu pour) responsable des dégradations
éventuelles que les touristes de tout poil pourraient commettre par la suite,
donc je dois absolument « bétonner » ce travail.
En résumé, sa sortie n’est pas pour demain !
Retrouvez cette interview et bien d'autres dans la prochaine Gazette des éditions Astobelarra.
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